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Notre regard

Mobilisation | Dublin et la vulnérabilité

Appel d’elles: la récolte de signatures continue

La société civile garde la pression contre une application mécanique du Règlement Dublin. Si l’Appel Dublin a été déposé au Conseil fédéral le 20 novembre dernier (p. 12), journée des droits de l’enfant, l’Appel d’elles sera déposé à Berne le 8 mars 2018, journée des femmes, un an après son lancement [1].

L’Appel d’elles demande aux autorités fédérales de reconnaître les violences faites aux femmes et aux enfants tout au long du parcours migratoire comme motif d’entrée immédiate sur leur demande d’asile (encadré). Le collectif a intensifié sa campagne en début d’année, par divers événements, par le ralliement de personnalités publiques et surtout par la récolte de témoignages adressés régulièrement par le collectif de l’Appel d’elles à la Conseillère fédérale Simonetta Sommaruga, à l’exemple de ceux publiés ci-dessous. Ils ont été diffusés sur le site de l’appel d’elles (appeldelles.ch) sur les réseaux sociaux, ainsi que dans le quotidien Le Courrier, en attendant une diffusion en Suisse alémanique.

Afin d’amplifier la campagne, ces exemples de situations concrètes ont été résumés sous forme de cartes postales. Facilement imprimables, elles sont à adresser directement à la Conseillère fédérale. Elles peuvent aussi être envoyées gratuitement en utilisant l’application de la poste PostCard Creator pour les smartphones. Une marche à suivre est disponible sur le site appeldelles.ch.

DANIELLE OTHENIN-GIRARD

LES SIGNATAIRES DE L’APPEL D’ELLES DEMANDENT AUX AUTORITÉS FÉDÉRALES DE:

_ Reconnaître les violences faites aux femmes dans leurs parcours migratoires comme raison d’entrée en matière immédiate sur leur demande d’asile, et éradiquer tout discours culpabilisant à leur égard.

_ Prendre en charge systématiquement les femmes et enfants victimes de séquelles physiques et psychologiques dues aux violences subies dans leur pays d’origine et/ou lors de leurs parcours migratoires.

_ Arrêter immédiatement les renvois de femmes et d’enfants vers l’Italie ou tout autre pays qui n’est pas en mesure d’assurer leur protection.


TéMOIGNAGE

RENVOI: LE SEM RECOURT À UN DEUXIÈME CERTIFICAT MÉDICAL

Une femme érythréenne enceinte de 8 mois a été renvoyée en Italie avec sa petite fille âgée de un an, alors que son mari et sa sœur résident en Suisse avec un permis F et malgré une attestation médicale certifiant qu’elle ne pouvait pas voyager. Sept policiers sont venus la chercher pendant la nuit et l’ont séparé de sa fille. Elle ne l’a revue que 6 heures plus tard, au moment du vol spécial.

Selon une enquête du Tages Anzeiger, le SEM a fait faire une deuxième attestation médicale par Oseara, une firme médicale privée. L’avocate de la requérante comme l’hôpital se sont scandalisés du procédé, l’hôpital rappelant qu’une attestation de sa part devait être respectée.

Poursuivant ses investigations, le journal alémanique a dévoilé, le 16 janvier 2018, que les médecins qui effectuent les expertises pour le compte du SEM ne sont payés que si la personne est déclarée apte à embarquer [2]! Un argument sonnant et trébuchant, mais qui a peu à voir avec l’éthique. Sans compter que, toujours selon le Tages Anzeiger, Oseara ferait appel à des médecins free-lance ne disposant pas toujours de la formation adéquate.

On comprend mieux pourquoi les termes du contrat liant le SEM et Oseara n’ont jamais été rendus publics, malgré la demande de Vivre Ensemble déposée en mars 2014 conformément à la Loi sur la transparence (Vivre Ensemble, 144/ septembre 2013) [3].

SMA/ GDC

[1]Vivre Ensemble, « Appel d’elles: Solidaritéavec les femmes et les enfants demandant l’asile », VE 162/ avril 2017.

[2]  Tages Anzeiger, Ärzte ohne nötige Qualikation begleiten Ausschaffungsflüge, Rafaela Roth, 16 janvier 2018.

[3] Échanges de mails entre Sophie Malka et le juriste du SEM du 19 mars, 25 avril et 15 mai 2014.
Lire également Vivre Ensemble, « L’accompagnement médical des vols spéciaux: un mandat dans la tourmente », Sophie Malka VE 144/ septembre 2014.