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Documentation

RTS, 19h30 | Requérants d’asile: la délicate question du cas tamoul

Ces dernières semaines, plusieurs mobilisations citoyennes et d’ONG ont dénoncé la Suisse pour le renvoi de personnes vers des pays où des risques importants sont encourus. Mardi 10 avril 2018, la RTS a diffusé un reportage sur le cas spécifique des renvois vers le Sri Lanka.

Le mercredi 21 mars 2018 à Lausanne, une centaine de manifestants avaient dénoncés ces renvois (cf. appel du Collectif Droit de rester reproduit ci-dessous). Interrogée par la RTS, la porte-parole du SEM se veut rassurante: les actes de violence de la part de la police visent l’ensemble de la population sri-lankaise, pas uniquement les personnes qui rentrent! En janvier 2017 cependant, la Suisse avait été condamnée par la Cour Européenne des Droits de l’Homme pour avoir renvoyé une personne qui avait ensuite été soumise à des tortures. En mars 2018, la Confédération s’est également « arrangée » financièrement avec une personne ayant subi des traitements similaires suite à son renvoi au Sri Lanka.

Pour voir le reportage diffusé le 10 avril 2018 sur le site de la RTS, cliquez ici ou sur l’image ci-dessous:

 

Le collectif Droit de rester a rédigé un appel le 15 mars 2018 pour attirer l’attention de la population sur la situation des personnes renvoyées au Sri Lanka. Nous le reproduisons ci-dessous:

Vaud expulse deux ressortissants du Sri Lanka, opposants au régime: Manifestons mercredi 21 mars!

Mardi 13 mars, la Suisse a renvoyé de force 21 Tamouls par vol spécial, accompagnés par la traditionnelle horde de policiers…comme des criminels. Leur crime ? Avoir demandé l’asile en Suisse, avoir cherché protection dans ce pays.

Dans ce vol spécial se trouvaient 2 Tamouls qui résidaient dans le canton de Vaud depuis plusieurs années. Ce sont nos amis. Ils avaient fui le Sri Lanka pour sauver leur vie. Pour ne pas être arrêtés. Pour ne pas être torturés.

Les autorités vaudoises ne les ont pas crus. Eux ils obéissent à Berne, la Berne sourde à toute mise en garde. Depuis octobre 2016, le Secrétariat d’Etat aux Migrations a changé sa pratique et considère « raisonnablement exigibles » les renvois des requérants d’asile sri lankais. La Suisse a signé un accord migratoire avec le gouvernement sri lankais pour faciliter la réadmission des déboutés de l’asile en provenance de ce pays. Mais la Suisse semble ignorer que la situation post-conflit dans ce pays n’est pas encore stabilisée et sûre pour tous les habitants du Sri Lanka.

Pour la première fois depuis la fin de la guerre en 2009, l’État d’urgence a été instauré le 6 mars au Sri Lanka et les réseaux sociaux ont été bloqués suite à de graves violences intercommunautaires. Des foules bouddhistes ont mené des émeutes anti-musulmanes ayant fait au moins trois morts, plus d’une dizaine de blessés et détruits de nombreux bâtiments, commerces et mosquées. La chaîne Al Jazeera a également récemment diffusé un documentaire hallucinant sur les tortures et les mauvais traitements subis actuellement par des opposants tamouls au Sri Lanka.

Qu’en est-il de nos amis maintenant ? Comment se sont passés ces renvois forcés et leur arrivée dans ce Sri Lanka troublé ? Nous craignons le pire et nous faisons tout ce qui est possible pour avoir de leurs nouvelles.

Seront-ils eux aussi dédommagés par la Confédération suisse en raison de mauvais traitements subis suite à leur renvoi forcé par la Suisse ? En effet, deux Tamouls ont déjà été dédommagés par la Suisse après avoir été arrêtés et torturés après leur renvoi au Sri Lanka. La dernière décision en date vient d’ailleurs d’être rapportée ce dimanche 11 mars par la SonntagsZeitung et la Zentralschweiz Sonntag. Après un recours au Tribunal fédéral, un arrangement extrajudiciaire a été proposé à l’avocat du Tamoul torturé suite à son renvoi par le Département des finances. Combien de cas similaires la justice suisse devra-t-elle encore juger suite à ces nouveaux renvois forcés ?

Nous accusons le SEM, mais aussi le Conseiller d’État Leuba et le SPOP de non-assistance à personne en danger. Expulser ces jeunes vers le Sri Lanka et ses dangers est aussi criminel que les agissements du gouvernement sri lankais.
Nous exigeons l’arrêt immédiat de tout renvoi au Sri Lanka et l’octroi d’un permis stable à ses ressortissants qui luttent depuis longtemps pour plus de justice. Droit de rester pour tou.te.s appelle à manifester contre les renvois aux Sri Lanka mercredi prochain 21 mars à Lausanne. Un rassemblement aura lieu à 17h30 à la Place Chauderon. La manifestation traversera le centre ville avant de se terminer symboliquement devant le Tribunal fédéral.