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Notre regard

RTS | Réfugiés, échec humanitaire

Dans le cadre de son émission Géopolitis, la RTS a diffusé un reportage le 8 avril 2018 s’intitulant « Réfugiés, échec humanitaire ». Jamais depuis la Seconde Guerre mondiale, le nombre de réfugiés n’avait été aussi élevé. Plus de 22 millions de personnes, en majorité des Syriens, des Afghans et des Sud-Soudanais ont dû fuir la guerre et les persécutions. La communauté internationale se révèle incapable de gérer cette crise sans précédent.

Invité: Filippo Grandi, Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés

Pour visionner ce reportage cliquez ici ou sur l’image ci-dessous :

Réfugiés, échec humanitaire Géopolitis, RTS Radio Télévision Suisse / 15 min. / 08.04.2018
Ci-dessous l’article publié sur le site de la RTS:

Jamais depuis la Seconde Guerre mondiale, le nombre de réfugiés n’avait été aussi élevé. Les États et les institutions internationales sont dépassés par cette crise sans précédent. Le patron du HCR Filippo Grandi pointe le danger du repli européen.

« C’est gravissime ce qui se passe en Europe », s’inquiète le Haut Commissaire des Nations unies pour les réfugiés Filippo Grandi dans Géopolitis. Depuis 2015, l’ampleur de la crise migratoire a dépassé de nombreux pays européens. Certains ont répondu en élevant des barrières et en déployant des barbelés aux frontières. La Pologne, la Hongrie, la Slovaquie et la République tchèque refusent toujours d’appliquer le plan européen de répartition des demandeurs d’asile.

Filippo Grandi évoque un recul des principes humanitaires: « Ce continent a vu naître l’institution des droits humains. Durant des décennies, l’Europe a été l’exemple de référence. Aujourd’hui on est dans la tendance opposée, dans la politisation de la question des réfugiés pour des raisons électorales ».

Quel exemple au reste du monde?

Selon le dernier rapport du HCR, 65 millions de déplacés à travers le monde fuient la guerre civile, le chaos ou les persécutions. Parmi eux, 22,5 millions sont enregistrés comme réfugiés, en majorité des Syriens, des Afghans et des Sud-Soudanais qui ont rejoint des pays voisins. Ces régions, parmi les plus pauvres de la planète, accueillent plus de 80% des personnes déplacées.

« Je passe la plupart de mon temps à voyager dans des pays avec peu de ressources qui sont investis par des flux énormes de réfugiés, comme le Liban, le Kenya, le Pakistan ou l’Équateur », raconte Filippo Grandi. « De plus en plus j’entends cette réponse de la part des gouvernants dans ces pays: ‘Pourquoi est-ce que nous devrions continuer à accueillir, lorsque les pays riches élèvent des barbelés et des barrières?’ C’est là où l’exemple de l’Europe, de l’Amérique, de l’Australie devient dangereux. Cela n’aide pas à gérer le problème des réfugiés dans sa globalité », dit-il.

« Les conflits sont le moteur principal des flux de réfugiés. Sans une unité politique de la communauté internationale pour résoudre les grands conflits, il sera difficile de les arrêter », déplore le patron du HCR.

Une nouvelle approche

En attendant la perspective d’un retour dans leurs pays d’origine, les réfugiés installés dans des camps y restent souvent pour longtemps, 17 ans en moyenne. Les plus grands camps ressemblent à de véritables villes. Au Bangladesh, celui de Kutupalong, doit accueillir plus de 800’000 Rohingyas d’ici quelques mois.

« Plutôt que parler de camps, on parle de plus en plus d’approche inclusive », explique Filippo Grandi. « On doit bien sûr aider les réfugiés, mais aussi aider le système d’éducation nationale, de santé, l’économie des pays qui accueillent ces réfugiés. Le HCR essaie aujourd’hui de pousser les États à adopter cette vision de l’accueil ».

Mélanie Ohayon