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Documentation

Municipalité de Briançon | Réaction aux incidents et tensions à la frontière franco-italienne

À la suite des événements qui ont eu lieu le week-end du 21 et 22 avril 2018 au Col de l’Échelle, la Municipalité de Briançon se positionne et appelle au calme. Dans un communiqué de presse, succinct, elle rappelle quelques fondamentaux. Notamment, le devoir humaniste d’accueillir les personnes migrantes, le refus de l’amalgame entre exilés et problèmes d’insécurités et le manque de crédibilité à donner à la théorie d’appel d’air. Chapeau!

Pour lire le communiqué de presse du 23 avril 2018 directement sur le site de la municipalité de Briançon, cliquez ici.

Communiqué de presse de la municipalité de Briançon

Briançon, le 23 avril 2018

La municipalité tient à condamner avec la plus grande fermeté les incidents qui se sont déroulés ce week-end à la frontière franco-italienne et dans le Briançonnais et appelle à l’apaisement des tensions autour de la question migratoire au niveau du territoire.

Nous invitons les associations, les bénévoles et toutes les personnes impliquées dans l’accueil d’urgence des exilés à ne pas répondre par la surenchère aux provocations des identitaires. Ni à la polémique nauséabonde alimentée par certains responsables politiques qui ne font que mettre de l’huile sur le feu. Les victimes des tensions exacerbées seraient une nouvelle fois les migrants.

La municipalité rappelle que face à ce drame humanitaire elle a toujours tenu une position humaniste et responsable afin d’éviter que la situation ne devienne incontrôlable.

Contrairement aux affirmations graves portées par les auteurs de la pétition «Voulez-vous d’un mini-Calais à Briançon?», il n’y a jamais eu dans notre commune de campements, de dégradations ou d’incidents liés à la présence de migrants. Il faut veiller à ne pas créer d’amalgame laissant penser que les exilés accueillis temporairement à Briançon – et qui ne souhaitent pas y rester – seraient à l’origine de problèmes d’insécurité.  Ces allégations infondées risquent d’entraîner le rejet de la part d’une partie des Briançonnais et de renforcer les attaques racistes de ceux qui professent la haine des étrangers.

Si l’élan de solidarité qui s’est organisé localement pour faire face à la crise migratoire qui s’impose à nous a permis de répondre à l’urgence dans la dignité, les élus locaux se retrouvent à gérer au quotidien une question qui ne devrait pas, rentrer dans les prérogatives de la commune.

S’agissant des accusations portées par le conseiller départemental du canton de Briançon à l’encontre de la ville de Briançon, la municipalité rappelle que l’ouverture en juillet 2017 de la maison d’accueil d’urgence «Refuges Solidaires» a été décidé collégialement par les vice-présidents de la Communauté de Communes du Briançonnais (CCB). A ce titre la CCB, propriétaire du bâtiment, prend en charge les frais de fonctionnement (chauffage, eau…) pour préserver la salubrité des locaux et garantir une bonne hygiène aux occupants.

Quant à la notion «d’appel d’air»  selon laquelle il faudrait veiller à ne pas «trop bien» accueillir les migrants afin que d’autres ne soient pas encouragés à prendre le même chemin, il ne s’agit que d’un mythe. Cette incantation finit par convaincre certains à force d’être répétée, produisant des effets déplorables. C’est ignorer que la perméabilité des passages par le sud de la France étant de plus en plus réduite, l’itinéraire des exilés s’est naturellement déplacé vers le nord. Le Briançonnais n’est devenu une route migratoire privilégiée que depuis que les contrôles se sont intensifiés à la frontière franco-italienne dans les Alpes Maritimes.

Il convient de préciser que la mise en place d’un dispositif de contrôle garantissant l’imperméabilité des frontières est totalement impossible et illusoire en montagne où les itinéraires sont multiples. Cette politique est incompatible avec les principes propres à un régime démocratique et à une économie libérale.

En lien, relisez notre article sur le livre collectif Entre accueil et rejet: ce que les villes font aux migrants  coordonné par Véronique Bontemps, Chowra Makaremi et Sarah Mazouz (2018). La théorie de l’appel d’air y est également savamment déconstruite.