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New York Times | En réprimant la migration, les services secrets soudanais aident l’Europe

Une enquête du New York Times  informe sur des cas de tortures suite au renvoi de ressortissants soudanais à partir de l’Italie, la France et la Belgique. Cette information figure au sein d’une enquête sur les nouvelles relations controversées entre le Soudan et l’Union européenne. Si l’accord permet au Soudan de renouer des relations avec le monde occidental, gelées par un embargo sur les armes depuis plusieurs années, il offre également à l’Union européenne un partenaire dans le frein à la migration à travers la Méditerranée. Néanmoins le journaliste, qui s’est rendu sur place, révèle des exactions importantes.

Article publié le 22 avril sur le site du New York Times intitulé: By Stifling Migration, Sudan’s Feared Secret Police Aid Europe à lire sur le site du journal.

L’article en bref

Acteur clé pour le contrôle des migrations

Le New York Times explique qu’une récente ouverture s’est opérée entre l’Union européenne et le Soudan à travers ce qui s’appelle « le processus de Khartoum ». Celui-ci participe des différents programmes que l’Union européenne mène dans sa politique d’externalisation des frontières dans le but d’intercepter les migrants avant leur arrivée en Europe. D’autres exemples de coopération sont ceux avec la Turquie, le Niger ou la Libye. Les demandes d’asile en Europe ont effectivement baissé depuis 2016, mais le coût humain qui en découle est largement controversé.

Cas de tortures après le renvoi

Patrick Kingsley, le journaliste du New York Times qui s’est rendu au Soudan a notamment rencontré 7 personnes qui ont été renvoyées de France, d’Italie ou de Belgique. Quatre d’entre elles témoignent avoir subi des tortures à leur arrivée. Un homme a évoqué le fait que la police secrète soudanaise l’avait menacé lors de son expulsion. Il aurait alors attiré l’attention du policier français en lui disant : « Ils vont nous tuer ».  Mais que celui-ci n’aurait pas compris. Un autre témoigne avoir été torturé par des décharges électriques et battu avec des tuyaux en métal pendant 10 jours. Ces allégations ont été démenties par les autorités. Depuis 18 mois,  ce sont plus de 50 ressortissants qui ont été renvoyés.

En 2014, un rapport de Human Rights Watch avait également rapporté l’implication de policiers dans le trafic de personnes  migrantes au Soudan.

Régime dictatorial sous mandat d’arrêt

Le journal rappelle que le Soudan subit un embargo sur les armes depuis plusieurs années. Son dirigeant le général Omar El-Béchir est sous mandat d’arrêt depuis 2008 par la Cour pénale internationale pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre.

Mais la reprise de contacts ne signifie pas la suppression des sanctions envers le régime selon Catherine Ray, une porte-parole de l’Union européenne, citée dans l’article. L’argent versé au Soudan ne l’a été qu’à travers des organisations de charité et d’aide, non pas dans un appareil étatique.

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