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Notre regard

Statistiques | Baisse des demandes d’asile. Pas de quoi se réjouir

Au début de l’année, le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) a publié ses statistiques de l’asile. Parmi d’autres constats, il relevait une forte baisse des demandes d’asile déposées en Suisse, avec 18 088 requêtes déposées en 2017 – un des taux les plus bas depuis 2010.

Déjà observée en 2016, cette diminution a également été observée dans les pays de l’UE.

Eurostat. Asylum applications (non-EU) in the EU-28 Member States, 2006–2017

 

Un phénomène qui n’est pas la conséquence d’une résolution des conflits ou d’une démocratisation des pays autoritaires dont sont originaires la majorité des réfugiés et demandeurs d’asile en Suisse et en Europe – Syriens, Afghans, Érythréens, Somaliens, Irakiens. Mais d’une politique de verrouillage des frontières dans les Balkans et de pactes passés avec la Turquie et la Libye.

Dans ses commentaires sur les statistiques 2017, le SEM explique cette baisse ainsi:

— «La baisse significative des demandes d’asile déposées par les ressortissants d’Afghanistan, de Syrie et d’Irak est étroitement liée à la fermeture de la route des Balkans depuis mars 2016. Près de 90 % des personnes qui ont gagné l’Europe par cette voie en 2015 provenaient de ces pays.» Cette «migration secondaire» «a pratiquement cessé en 2017».

— « La diminution de la migration par la Méditerranée centrale, à partir de mi-juillet 2017, a entraîné un net recul des demandes d’asile déposées par des ressortissants des pays d’Afrique subsaharienne.» Le blocage de cette route migratoire est le résultat de l’accord entre l’Union européenne et la Libye, passant par le financement des garde- côtes libyens, voire des arrangements douteux entre l’Italie et des milices mafieuses (voir Ibrahim Soysüren, La Libye, l’Europe et les flux migratoires: Pactiser, quoi et à quel prix?  VE 163 / juin 2017).

Quelles sont les conséquences de cette fermeture des frontières ?

Le «scandale» qui a éclaté après que CNN ait diffusé un reportage montrant un véritable «marché aux esclaves» des personnes migrantes et prises au piège en Libye n’est pas évoqué par le SEM.

Pas plus que les camps ni le nombre de morts aux frontières de l’Europe.

Sophie Malka

Source: « Mourir aux portes de l’Europe », carte de Philippe Rekacewicz publiée sur Visionscarto.net, 20.01.2017

Vivre Ensemble propose sur sa plateforme web une page statistique actualisée.

Par ailleurs, le quiz en ligne de la brochure sur les préjugés Il y a ce qu’on dit sur les réfugiés. Et il y a la réalité, ainsi que ses compléments explicatifs  ont également été mis à jour avec les données 2017.