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Notre regard

SOS MEDITERRANEE | Solidarité: ne pas rester spectateur face aux naufrages en Méditerranée

La Méditerranée est loin de la Suisse, mais les drames qui s’y déroulent nous concernent. SOS MEDITERRANEE Suisse a été créé il y a un an pour en témoigner, et pour récolter des fonds nécessaires à la poursuite des opérations de sauvetage menées sur le bateau Aquarius avec Médecins Sans Frontières (MSF). Quelle mission et pourquoi un tel projet en Suisse? En complément de l’encart joint à l’édition de juin de la revue Vivre Ensemble, Julie Melichar, Chargée de communication et de la mobilisation citoyenne, apporte son éclairage. 

Au moment où nous mettions sous presse, l’Aquarius se voyait refuser l’accès au ports italiens par décret du nouveau Ministre italien de l’Intérieur Matteo Salvini, déclenchant une crise politique au sein de l’Union européenne autour de l’accueil des réfugiés. Le bateau sera finalement accueilli par l’Espagne. D’autres navires de sauvetage ont par la suite été empêchés d’accoster.

Credit photo : Anna Psaroudakis

SOS MEDITERRANEE est une association pour le sauvetage de personnes en détresse en mer Méditerranée créée en 2015 à l’initiative de citoyens européens. Nous affrétons un navire de 77 mètres de long qui patrouille dans les eaux internationales au large de la Libye à la recherche de ces embarcations surchargées et impropres à la navigation en chemin vers l’Europe. Depuis le début des opérations en février 2016, l’Aquarius a déjà assisté plus de 28’000 personnes.
Plus de 28’000 histoires, noms, visages, parcours, qui n’ont pas trouvé une fin au fond de la mer. En effet, la mer Méditerranée est l’un des axes migratoires les plus mortels au monde. 50’000 êtres humains y ont perdu la vie depuis les années 2000. Avec la fin de l’opération de sauvetage des autorités italiennes «Mare Nostrum» en novembre 2014, sous pression de l’Union européenne qui reprochait à l’Italie d’encourager les traversées de la Méditerranée, il n’existe plus de dispositif de sauvetage institutionnel [1].  Alors, en 2015, des citoyens européens se sont mobilisés pour créer SOS MEDITERRANEE, refusant de rester sans rien faire quand des milliers de personnes perdent la vie en mer sous nos yeux, aux portes de l’Europe.

Au-delà des activités de recherche et sauvetage, notre partenariat avec Médecins Sans Frontières, avec qui nous menons les opérations sur l’Aquarius, permet de délivrer des soins d’urgence et un soutien médico-psychologique aux rescapés, qui sont ensuite accompagnés vers les dispositifs d’information et d’assistance sur le territoire européen. Nous avons également pour objectif de témoigner sur les réalités de la migration en Libye, en mer Méditerranée et en Europe, d’en informer les opinions publiques et gouvernementales européennes et de rendre hommage aux personnes disparues sur le trajet.

Considérant que la Suisse doit elle aussi s’inscrire dans une réponse solidaire du continent européen, des citoyens de la société civile helvétique ont décidé de se mobiliser pour les exilés en route vers l’Europe. Ils ont fondé SOS MEDITERRANEE Suisse à l’été 2017, et rejoint ainsi le réseau déjà composé des associations française, allemande et italienne. Afin de sensibiliser la société civile suisse, nous organisons des projections de film, des présentations, des débats, pour diffuser au plus grand nombre les témoignages collectés à bord de l’Aquarius. Des présentations sont également organisées en milieu scolaire pour sensibiliser les enfants et les jeunes aux réalités de la migration. Cependant, pour pérenniser les opérations maritimes de l’Aquarius, SOS MEDITERRANEE Suisse doit aussi collecter des fonds conséquents : 12’000 CHF sont nécessaires pour une journée en mer de l’Aquarius. Cela comprend notamment l’affrètement du navire, le personnel de sauvetage, le fuel et les équipements de sauvetage. SOS MEDITERRANEE n’étant financée que grâce à des dons privés et ne recevant que très peu de subventions institutionnelles, nous avons besoin que la Suisse suive l’engouement européen et nous aide à réunir les fonds indispensables à la continuation de nos opérations.

Criminalisation de la solidarité

Malgré l’importance cruciale des initiatives citoyennes de sauvetage en mer Méditerranée, ces dernières subissent une criminalisation croissante de la part de plusieurs institutions et gouvernements européens qui les accusent d’aide à l’immigration irrégulière. Depuis l’été 2017, plusieurs navires civils ont été séquestrés, réduisant les capacités de sauvetage. SOS MEDITERRANEE continue à opérer, mais les restrictions pratiques augmentent et la responsabilité d’un nombre croissant de sauvetages est désormais octroyée aux navires libyens. La stratégie européenne consiste en effet à équiper, financer et former les gardes-côtes libyens – en réalité diverses milices non coordonnées – à l’interception des embarcations de réfugiés en route vers l’Europe afin qu’ils les ramènent en Libye. Or les forcer à retourner dans un pays où des traitements inhumains les attendent constitue une violation du droit international et du principe de non-refoulement: en Libye, ils subissent régulièrement emprisonnement, torture, viol et travail forcé. Ce sont donc des refoulements qui sont opérés tous les jours en mer, pratique condamnée par la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés.

Le contexte géopolitique dans lequel nous évoluons est volatile et toujours plus restrictif. Pour continuer nos opérations de recherche et de sauvetage en mer et témoigner de son évolution, nous devons agir ensemble. Pour que les histoires et visages des rescapés ne restent pas inaudibles et invisibles, pour ne pas rester spectateurs face aux tragiques développements en mer Méditerranée, en tant que membres, volontaires ou donateurs, mobilisez-vous à nos côtés!

JULIE MELICHAR
Chargée de communication et de la mobilisation citoyenne

[1] Lire à ce sujet Charles Heller, « Une mer solidaire face à une mer frontière », Vivre Ensemble n°163, juin 2017.


Nous proposons en encart de cette édition un dépliant explicatif en soutien aux actions menées par SOS MEDITTERRANEE Suisse. Pour en savoir davantage, nous vous invitons à consulter le site web de l’association en cliquant ici ou sur l’image ci-dessous.

Les opérations de sauvetage à bord de l’Aquarius coûtent 12’000 CHF par jour. Si vous souhaitez apporter votre soutien, veuillez trouver ci-joint les coordonnées bancaires de l’association SOS MEDITERRANEE :

SOS MEDITERRANEE / Association Européenne de Sauvetage en Mer Méditerranée
CCP : 14-751111-1 || IBAN : CH83 0900 0000 1475 1111 1 || BIC/SWIFT : POFICHBEXXX