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Clingendeal | L’impact des politiques migratoires européennes sur les routes du Sahara central

Trois chercheurs se sont intéressés aux retombées des politiques d’externalisation des frontières européennes sur certains pays africains, et plus spécifiquement sur les routes migratoires à travers le Sahara central. Alors que le nombre de demandes d’asile baisse aux frontières de l’Europe, les mouvements migratoires eux ne se sont pas arrêtés. L’Europe demande à certains pays africains de stopper ces personnes migrantes sur la route en échange d’aide au développement. Or, le rapport démontre comment les mêmes milices contrôlent les frontières pour empêcher les entrées illégales, mais contribuent ensuite au trafic d’êtres humains dans la région libyenne. 

Le rapport en anglais a été publié le 6 septembre 2018 sur le site de l’Institut hollandais de Relations internationales, Clingendael. Vous pouvez télécharger le PDF en cliquant sur l’image ci-dessous.

En français, regardez l’interview du 5 décembre 2018 sur France 24 de Clotilde Warin, une des auteure du rapport.

A partir d’une analyse de la politique migratoire européenne d’externalisation des frontières, ce rapport de recherche innovant a amené plusieurs chercheurs dans trois pays africains: le Niger, le Tchad et le Soudan, tous trois pays limitrophes de la Libye. Intéressés par la volonté des États européens de faire correspondre l’aide au développement à la capacité des pays de transit à stopper les personnes migrantes, les chercheurs ont analysé tant les routes migratoires à travers le désert du Sahara que les frontières avec la Libye. Leurs résultats sont sans appel.

Alors que l’argent de l’Union européenne est versé à des agences européennes de développement, celles-ci mandatent des milices pour contrôler le passage des frontières. Or, ces milices se sont rapidement révélées participer à des exactions importantes des droits humains envers les personnes appréhendées. Vendues à des réseaux de travail forcé en Libye, ces personnes migrantes se voient ensuite forcées de travailler pour rembourser une dette qu’elles n’ont pas contracté. Le rapport décrit également le fait que ce sont souvent ces mêmes réseaux mafieux qui poussent les personnes vers l’Europe, à travers la Méditerranée.

Les routes centrales à travers le Sahara ont été rendues plus dangereuses et plus longues suite aux mesures exigées pour l’externalisation des frontières européennes. Selon Clotilde Warin, une des responsables de la recherche, cela est dû à une vision de la migration uniquement sur le court terme. Il y a par conséquent des risques accrus d’instabilité dans cette région saharienne. Si les migrations peuvent être repoussées par des mesures sécuritaires, elles ne seront jamais stoppées. Il faut donc réfléchir à comment mieux les encadrer. Clotilde Warin plaide notamment pour des voies de migration légales.