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Documentation

Lutte des MNA | Occupation du Grütli. Jour 10

Le 13 janvier 2020, le collectif lutte des Mineurs Non Accompagnés (MNA) a entamé l’occupation du centre culturel du Grütli à Genève. Depuis, plusieurs associations ont annoncé publiquement leur soutien à leurs revendications. Le Conseil administratif de la Ville de Genève, propriétaire des lieux, a affirmé les soutenir « sur le fond ». Mercredi 22 janvier 2020, le Conseil d’État dans son « point presse » a annoncé la mise en place de nouvelles mesures pour les MNA. Le jour même, le collectif lutte des MNA a pris position sur ces nouvelles mesures en les jugeant majoritairement insuffisantes.

Illustration de l’occupation du Grüli par le collectif de Lutte des MNA. Source: renverse

L’occupation du centre culturel du Grütli s’est organisée alors que depuis plusieurs mois le collectif de Lutte des MNA alerte sur les conditions d’accueil indignes pour un nombre important de personnes mineures à Genève. Le collectif a depuis le début de l’occupation établit des revendications, pour lesquelles des avancées significatives sont attendues pour mettre fin à l’occupation. Dans sa déclaration d’occupation, le collectif les exprime ainsi :

Nous attendons de la part des autorités politiques un changement radical, le respect de la Constitution fédérale et de la Convention relative aux droits des Enfants. Nous exigeons que tou.te.s les mineur.e.s ainsi que les jeunes majeur.e.s, jusqu’à 25 ans, soient pris en charge par l’Etat, comme l’exige l’article 11 de la Constitution suisse. Chaque jeune doit être hébergé dans un lieu digne, doit bénéficier d’une aide financière, du droit à la formation et d’un accompagnement pour trouver une formation adéquate à ses besoins et ses envies, ainsi qu’être assuré d’un soutien socio-éducatif.

Le 22 janvier 2020, le Conseil d’État a annoncé une série de nouvelles mesures concernant la prise en charge des mineurs non accompagnés. En lien avec des organisations actives sur le terrain de l’accueil et l’hébergement d’urgence, les membres du Conseil d’État proposent la mise en place d’un projet pilote d’accueil des MNA, un dispositif d’accueil pour le Secondaire II, un dispositif d’hébergement d’urgence, la recherche de nouvelles places d’hébergement pour les MNA identifiés vulnérables et une identification des besoins en matière de besoins, suite au travail de concertation entre les acteurs concernés. En réponse, le collectif de Lutte des MNA a salué la prise en considération de la problématique par le Conseil d’État mais affirme néanmoins que cela reste insuffisant ( leur communiqué). En effet, selon ses membres, les jeunes qui en feraient la demande ne sont toujours par reçu par le Service de Protection des Mineurs. Ceux-ci les renverraient vers les structures d’hébergement d’urgence de nuit, qui à leur tour, leur refuseraient l’entrée. Sans cette occupation, plusieurs mineurs dormiraient encore dans la rue. De même, la scolarisation envisagée en Secondaire II exigeant une « stabilité nécessaire pour respecter le cadre scolaire » semble inappropriée pour des jeunes ayant vécu dans la rue. Finalement, les membres du collectif disent regretter le manque d’ouverture au dialogue dont fait preuve le Conseil d’État. Ils souhaitent une rencontre avec le Conseil d’État et attendent des avancées significatives par rapport à leurs revendications avant de décider d’une fin de l’occupation.

Comment soutenir?


Quelques liens:

Ci-dessous, le communiqué de presse du collectif de lutte des MNA (lien vers leurs revendications), ainsi que des liens vers les différentes prises de position:

Jour 10 de l’occupation du Grütli

22 janvier 2020
. COMMUNIQUÉ DE PRESSE du Collectif Lutte des MNA

Au sujet de la communication du Conseil d’État quant aux Mineur-e-s Non- Accompagné-e-s du 22 janvier 2020

Nous prenons bonne note des annonces qui ont été fait lors de ce point presse du Conseil d’État quant aux Mineur-e-s Non-Accompagné-e-s. Nous sommes heureux.ses de constater que les MNA restent tout de même un sujet dont le Conseil d’Etat se préoccupe. Nous souhaitons toutefois émettre quelques commentaires sur ces annonces. Premièrement, relevons que c’est la première fois que Mme Emery- Torracinta considère les MNA comme admissible au sein du Secondaire II. Jusqu’ici, elle empêchait l’accès à l’école des MNA – contrairement à l’obligation de formation prévue par la Convention des Droits de l’Enfant. Soulevons également que le Conseil d’Etat considère enfin que FO18 concerne aussi les MNA, ce que jusque là Mme Emery-Torracinta réfutait fermement. Or conditionner l’accès à l’école par la « démonstration de la motivation et la stabilité nécessaire » constitue une nouvelle violation de la Convention déguisée en amélioration. Comment parler de « stabilité » dans ce contexte ? Doit-on attendre d’un adolescent vivant dans la rue, pour souvent arrivé à Genève suite à un voyage long, violent, solitaire, qu’il soit « stable » et qu’il démonte de suffisamment de motivation pour l’inscrire à l’école ? Quelle hypocrisie !

Sur la question de l’hébergement, nous prenons bonne note du fait que le Conseil d’Etat recherche des solutions. Etant donné le peu de détails fournis dans le point presse il reste difficile de se prononcer sur la question et d’y voir une quelconque avancée réelle. Néanmoins, si l’hébergement d’urgence et la prise en charge des mineurs les plus vulnérables sont importants, l’hébergement à moyen/long terme des mineurs sous curatelle du SPMI quelque soit leur situation personnelle reste de leur prérogative. Nous réitérons notre volonté de garanties quant à la prise en charge conséquente au niveau du logement. L’État doit cesser de « caser » ces jeunes dans des foyers ou hôtels de façon bancales afin d’attendre leur majorité pour pouvoir les expulser. C’est ce conditionnement et cet abandon qui pousse ces jeunes à la délinquance, à la dépression, voire au suicide (nous faisons référence ici à la mort d’Ali Reza). Parallèlement à ces déclarations floues du Conseil d’Etat, le SPMI continue de refuser d’entrer en matière à propos des mineurs qui s’y présentent pour être pris en charge. Hier encore, mercredi 23 janvier, ce sont trois jeunes entre 14 ans et 16 ans qui s’y sont présentés pour repartir avec un dépliant – non traduit, alors qu’aucun d’eux ne parlent français – contenant les adresses du Dispositif de Nuit, prévu pour les majeurs, et des abris PC de la Ville, qui les refusent systématiquement.

Sans l’occupation du Grütli en cours, ces trois jeunes seraient actuellement en train de dormir dans la rue.

Pour terminer sur le point de presse, si le Conseil d’Etat nous considère comme des ‘partenaires’ il va sans dire que nous allons être contacté-e-s pour agender une rencontre d’ici la fin du mois qui prendra enfin également en compte les moyens de légitimation vis-à-vis de la police et la prise en charge des jeunes majeurs.

Ironie à part, malgré nos nombreuses sollicitations, le dialogue est inexistant depuis début septembre, et nos seuls échanges récents avec le Conseil d’État concernent le refus du parcours de la manifestation de mardi dernier, que nous nous sommes vu contraint.e.s d’annuler. La stratégie du Conseil d’État est claire : nous ignorer jusqu’a que nous cédions à cause de l’épuisement et que nous quittions les lieux… C’est bien mal nous connaître !! Le Conseil d’État refuse de s’adresser à nous, et ne répond qu’aux Assises, en essayant de nous diviser, mais nous nous battons actuellement aux côtés les un.e.s des autres et ne céderons pas à ces tentatives paternalistes de minoriser notre lutte en nous ignorant !!

Grutli, 10ème jour

Après 10 jours d’occupation, le nombre de jeunes personnes hébergés s’est stabilisé autour d’une trentaine. Malgré la promiscuité et le grand nombre de personnes, les choses se passent globalement bien. Mais l’encadrement des jeunes au sein des lieux est assuré par un collectif constitué de personnes qui n’ont pas de formation permettant d’assurer un suivi socio-éducatif, la plupart d’entre-elles étant étudiant.e.s et donc en plein période d’examens. Le collectif se substitue ici à l’action de l’Etat, et effectue un travail qui devrait être confié à des personnes formées pour le faire.

La Ville a exprimé son souhait de nous voir quitter le Grütli d’ici la fin de la semaine. Or nous renvoyons cet ultimatum au Conseil d’Etat, car il est clair pour le collectif que nous ne quitterons pas les lieux sans avancées conséquentes de nos revendications, et ce comme nous l’avons dit depuis le début.

PERSONNES DE CONTACT

Camille – 077 920 23 74 Léa – 076 378 61 65 Nahuel – 078 615 67 73