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Amnesty | Pétition: la Suisse doit accueillir des personnes réfugiées de Grèce

Au regard de la tragédie humanitaire à la frontière gréco-turque, Amnesty International demande au Conseil fédéral d’accueillir immédiatement des réfugiés des îles grecques. Dans une pétition lancée le 13 mars 2020, la Section suisse de l’organisation de défense des droits humains demande que la Suisse prenne immédiatement en charge un large contingent de personnes en quête de protection, à hauteur de toutes les places actuellement disponibles dans les centres fédéraux d’asile.

Nous reproduisons ci-dessous le communiqué de presse qui a été publié le 13 mars 2020 par la section suisse d’Amnesty International. Il est accompagné d’une pétition en ligne hébergée par le site d’Amnesty.

Au regard de la tragédie humanitaire à la frontière gréco-turque, Amnesty International demande au Conseil fédéral d’accueillir immédiatement des réfugiés des îles grecques. Dans une pétition lancée le 13 mars 2020, la Section suisse de l’organisation de défense des droits humains demande que la Suisse prenne immédiatement en charge un large contingent de personnes en quête de protection, à hauteur de toutes les places actuellement disponibles dans les centres fédéraux d’asile.

L’année dernière, le nombre de demandes d’asile déposées en Suisse a été le plus bas depuis plus de dix ans. Les centres fédéraux d’asile sont à moitié vides. Ils accueillent actuellement environ 2’200 demandeurs d’asile. Leur capacité pourrait être portée à 4’500 en quelques semaines et à 5’000 places d’hébergement d’ici l’été, a récemment annoncé le Conseil fédéral en réponse à une question parlementaire.

«La situation à la frontière gréco-turque est une catastrophe humanitaire et en matière de droits humains. La Suisse a le devoir d’apporter son aide et elle a les moyens de le faire. Le Conseil fédéral devrait maintenant mettre à la disposition des personnes qui ont un besoin urgent de protection, les places libres dans les centres fédéraux d’asile », a déclaré Manon Schick, directrice de la Section suisse d’Amnesty International. «Par ailleurs, le renvoi de demandeurs d’asile en Grèce doit être complètement suspendu».

L’Europe doit se montrer solidaire

La situation dramatique des îles grecques est connue depuis longtemps. La crise en Syrie continue de forcer les gens à fuir. Mais les États membres de l’UE observent depuis des mois la situation qui se détériore de jour en jour pour plus de 40 000 enfants, femmes et hommes, contraints de vivre sous des tentes ou des bâches dans des conditions misérables

Depuis la décision du gouvernement turc de laisser les réfugiés poursuivre leur voyage vers l’Europe, la tragédie humanitaire aux frontières de l’Europe, et en particulier en Grèce, s’est encore aggravée. La Suisse et l’Europe doivent agir de toute urgence en accueillant des réfugiés et en mettant en œuvre une solution globale fondée sur la solidarité.

En réponse à la décision de la Turquie, les autorités grecques ont annoncé le 1er mars 2020 qu’elles suspendraient l’enregistrement des demandes d’asile si les personnes concernées étaient entrées irrégulièrement en Grèce. Il s’agit d’une violation flagrante du droit international. De plus, les forces de sécurité grecques ont utilisé des gaz lacrymogènes contre les réfugiés et ont repoussé, parfois sous la menace des armes les canots pneumatiques avec lesquels les réfugiés essayaient d’atteindre les côtes grecques. Ce recours à la force est inacceptable ; les flagrantes violation des droits humains et le mépris affiché pour les droits humains et le droit d’asile est choquant. C’est un devoir pour l’Union européenne et la Suisse de rappeler à la Grèce  son obligation de respecter les termes de la Convention de Genève sur les réfugiés et de son protocole additionnel.

La Suisse et l’Europe ont leur part de responsabilité dans cette tragédie, car cette situation est une conséquence prévisible de l’échec du système de Dublin et de l’accord entre l’Europe et la Turquie. Elles doivent maintenant agir de toute urgence en accueillant des réfugiés et en mettant en œuvre une solution globale fondée sur la solidarité.

La Suisse en 2019 a enregistré son plus faible nombre de demandes d’asile depuis 2007, et les centres fédéraux d’asile sont loin d’être pleinement utilisés. Il nous parait urgent dans ce contexte que la Suisse apporte une contribution substantielle à l’accueil des réfugiés en provenance de Grèce.

Amnesty demande au Conseil fédérale de

  • Accueillir immédiatement un contingent de réfugiés des îles grecques, de sorte que l’ensemble des places disponibles dans les centres fédéraux soient utilisées.
  • Suspendre les renvois des réfugiés ayant obtenu l’asile en Grèce vers ce pays.

En outre, Amnesty International appelle la Suisse et les États européens à faire tout leur possible pour mettre fin à la souffrance qui prévaut à la frontière gréco-turque. Il faut aider la Grèce à mettre fin à l’urgence humanitaire dans les îles. Les familles doivent être amenées sur le continent et l’approvisionnement en produits de première nécessité doit être assuré.