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SCCFA | Newsletter: l’asile sous le signe du coronavirus

La Plateforme « Société civile dans les centres fédéraux d’asile » diffuse une newsletter d’information sur l’asile en cette période de pandémie. Elle revient sur la lettre ouverte adressée le 31 mars au Conseil fédéral et sur les procédures d’asile maintenues en Suisse, malgré les revendications d’organisations et experts. Elle déplore également les conditions de vie dans les centres d’asile ainsi que les attaques envers les associations de bénévoles, tenues pour responsables de confusions et lacunes dans les centres.

Nous relayons ci-dessous la newsletter complète de SCCFA du 14 avril 2020, que vous retrouvez également ici.

[caption id="attachment_58436" align="aligncenter" width="455"] Source: SCCFA | Dessin photographié chez AGATHU, Kreuzlingen[/caption]

Newsletter: l’asile sous le signe du coronavirus

Chères et chers engagé*es et intéressé*es,

Pour les collaborateurs*trices des associations dans le domaine de l’asile et des droits humains, ces temps de télétravail sont mouvementés. Les nouvelles sur les procédures d’asile et la situation dans les centres d’asile sous le signe du coronavirus se suivent quasi quotidiennement. La présente newsletter vous tient au courant des derniers développements.

Le 31 mars, la plateforme SCCFA a adressé une lettre ouverte au Conseil fédéral pour demander la suspension des procédures d’asile et une meilleure protection des résident*es et du personnel des centres d’asile. La lettre a été très bien accueillie et largement soutenue. Nous avons notamment reçu des commentaires et des remerciements de la part de bénévoles, d’organisations et d’employé*es des centres, qui se sentent encore insuffisamment protégé*es et soutenu*es.

Ces mêmes revendications ont été avancées par plusieurs organisations et expert*es, et reprises par divers médias, mais pour l’instant le Conseil fédéral n’en tient pas suffisamment compte.

Les procédures d’asile continuent
Mercredi 1er avril, la conseillère fédérale Karin Keller-Sutter annonçait lors d’une conférence de presse que les procédures d’asile se poursuivraient, avec quelques ajustements, malgré la situation liée au coronavirus. À cette fin, le Conseil fédéral a adopté une ordonnance temporaire.
Le plateforme SCCFA dénonce le fait que la Suisse n’envisage pas de suspendre les procédures d’asile, contrairement par ex. à l’Allemagne, à la Belgique et à la Grande-Bretagne. Le Conseil fédéral se prononce donc contre une protection juridique et sanitaire complète des personnes en quête de protection. Lire ici la prise de position de la plateforme SCCFA et de l’Observatoire suisse du droit d’asile et des étrangers sur les mesures décrétées.

Dans son discours, la conseillère fédérale Keller-Sutter déclarait: «Il faut maintenir l’État de droit même en situation de crise. La Suisse doit être en mesure de remplir ses obligations en vertu du droit international, et offrir une protection aux personnes qui en ont besoin.»
Actuellement, les requérant*es d’asile sont renvoyé*es à la frontière suisse, doivent continuer à participer aux auditions (avec une protection juridique réduite) et vivent en partie dans des centres où l’espace disponible est extrêmement réduit. Quel est, dans ces conditions, le sens d’une protection conforme à l’État de droit?

Voir également d’autres prises de position sur les mesures du Conseil fédéral: SOSF, CSP, OSAR.

Le centre de Muttenz sera réouvert
Le 31 mars, le SEM informait par communiqué de presse que le centre fédéral d’asile Feldreben de Muttenz, temporairement fermé, serait rouvert en raison de la situation actuelle. La date exacte de réouverture n’est pas encore été décidée, étant donné que les «travaux préparatoires prendront plusieurs semaines». Le centre fédéral d’asile de Muttenz pourra accueillir jusqu’à 250 personnes (occupation à 50%).

La situation dans les centres
Le flot de critiques concernant les conditions dans les centres d’asile ne s’arrête pas. Régulièrement, de nouvelles photos et vidéos documentent l’étroitesse des lieux. Mais les autorités nationales et cantonales n’entrent généralement pas en matière, prétendant que les recommandations de l’Office fédéral de la santé publique seraient respectées. Tandis que l’armée suisse évite autant que possible les abris souterrains, afin de «protéger la santé de nos soldates et soldats» (selon le commandant de corps Schellenberger, SRF), ce type d’hébergement continue d’être la réalité pour de nombreuses personnes dans le domaine de l’asile.

L’émission Rundschau du 1er avril donne un aperçu intéressant de la situation (en allemand). Elle dénote un écart flagrant entre les vidéos réalisées par des résidant*es et transmises aux médias via des bénévoles, par rapport à la présentation officielle des centres d’asile. Les images officielles montrent des salles rutilantes de propreté et désertes, tandis que les séquences prises par les résident*es documentent le manque d’espace et l’absence de normes sanitaires.

Attaques d’ORS contre les bénévoles
Tant avant que pendant la pandémie actuelle du coronavirus, ORS Service AG a régulièrement fait l’objet de critiques. Cette société assume divers mandats d’encadrement des requérant*es dans des centres fédéraux et cantonaux d’asile. Le 1er avril, ORS Service AG a publié un communiqué de presse ayant pour titre «L’encadrement dans les centres d’asile est entravé par les actions des organisations bénévoles» (en allemand). Dans ce document, l’ORS accuse les acteurs*trices de la société civile de manquer de sensibilité par rapport à la situation actuelle. En distribuant des désinfectants et du savon, les bénévoles auraient provoqué des remous dans les centres, compliquant encore davantage le travail déjà difficile du personnel sur le terrain. Les associations de bénévoles du canton de Zurich, attaquées dans ce communiqué de presse, ont publié une prise de position rejetant cette critique (en allemand). Il est inadmissible que l’ORS rende les bénévoles responsables des lacunes constatées dans ses propres centres!

Jusqu’à présent, le nombre de cas confirmés d’infection au coronavirus dans les centres fédéraux d’asile est relativement bas. Selon les propos de Barbara Büschi, directrice suppléante du SEM, lors de la conférence de presse du 26 mars, ceci serait la preuve de l’efficacité des mesures prises par le SEM dans les centres fédéraux d’asile. Mais ces chiffres ne seraient-ils pas plutôt le résultat du petit nombre de tests réalisés, et surtout de l’isolement systématique des requérant*es?

Depuis des semaines, cette situation est source d’indignation et d’incompréhension pour de nombreuses personnes. Un élément réjouissant est toutefois l’efficacité du travail des acteurs*trices de différentes régions, qui unissent leurs efforts pour lutter ensemble en faveur de la protection des requérant*es d’asile. Dans ces circonstances où le contact personnel est pratiquement impossible, les bénévoles ont néanmoins trouvé des moyens créatifs d’exprimer leur solidarité envers les résident*es des centres fédéraux d’asile.

N’hésitez pas à me contacter pour toute question ou suggestion.

Je vous souhaite le meilleur pour votre santé

Cordiales salutations
Laura Tommila

«Toute personne a droit à un niveau de vie suffisant pour assurer sa santé, son bien-être et ceux de sa famille… »
(Déclaration universelle des droits de l’homme, 1948, Art. 25)

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