Aller au contenu
Notre regard

Corridor humanitaire depuis la Grèce: pourquoi la Suisse doit agir aujourd’hui

En soutien aux appels urgents adressés aux autorités fédérales à l’occasion de Pâques par des milieux d’Église et plus de 110 organisations suisses demandant d’accueillir urgemment des réfugiés bloqués en Grèce, nous anticipons la publication de trois articles prévus dans le prochain numéro de la revue Vivre Ensemble. Ils rappellent la responsabilité des États européens, dont la Suisse, qui ont sciemment laissé la situation se dégrader dans les îles de la mer Égée depuis 2015. Des îles qui risquent de se transformer en mouroir en cas de flambée de Coronavirus.

Source: Elisa Turtschi

> Covid-19 dans les hotspots : l’abandon européen
par Elisa Turtschi, VE 177 / avril 2020

Ils rappellent aussi que la situation humanitaire désastreuse trouve ses origines dans l’accord de la honte passé avec la Turquie par l’Union européenne en 2016, et l’abandon par l’UE de la gestion de la situation à une Grèce à genoux.

A Lesbos, des avocat-e-s contre l’Europe du non-droit
par Elisa Turtschi, VE 177 / avril 2020

Enfin, ils montrent qu’au-delà des beaux discours, la politique migratoire est avant tout portée par une vision gestionnaire et sécuritaire. Et la Suisse excelle en la matière. Dans les fameux camps surpeuplés de Grèce, de nombreux réfugié-e-s cherchent à rejoindre des membres de leur famille, depuis plusieurs mois, voire années. Plus de 5000 enfants non accompagnés y sont dénombrés. Le 24 janvier 2020, la conseillère fédérale Karin-Keller Sutter annonçait l’accueil d' »un certain nombre de mineurs non accompagnés qui ont de la famille en Suisse » en marge d’un sommet européen en Croatie. 21 d’entre-eux le seront, on ne sait pas quand, on ne sait pas comment, selon une information parue ce jour. Le jeune Farid, 15 ans, bloqué à Lesbos depuis juillet 2019, fait-il partie du lot (ci-dessous)? Et qu’en sera-t-il des autres familles séparées?

> Grèce-Suisse : des regroupements familiaux qui traînent en longueur
par Raphaël Rey, VE 177 / avril 2020

Mais, plutôt que de prendre le risque d’accueillir une personne [de trop] et d’alléger la Grèce, les autorités d’asile temporisent par des chicanes bureaucratiques. Le coup de projecteur sur la situation dans les hotspots début mars suite aux mouvements de populations réfugiées cherchant à franchir la frontière greco-turque à l’instigation du président turc Erdogan aurait pu agir comme le déclencheur d’une action humanitaire, ou d’une accélération de ces procédures de regroupement familial. Les risques liés à la pandémie de coronavirus auraient pu décider les autorités de mettre à l’abri ces membres de la famille déjà identifiés. Mais qu’a décidé le Conseil fédéral dans le cadre des mesures urgentes visant à lutter contre la crise du Covid-19? De geler toute demande d’ entrée sur le territoire suisse, donc toute possibilité de réunification familiale jusqu’au 15 juin 2020 sauf pour certains cas urgents. Autrement dit, de laisser croupir -voir mourir- des hommes, des femmes, des enfants.

Lisez ces articles, et signez ces appels. Et n’oublions pas:
– les demandes d’asile ont atteint des taux exceptionnellement bas l’année passée, poussant les autorités à fermer des centres fédéraux.
– la Suisse a réalisé une vaste opération de rapatriement de ses citoyens et de pays partenaires, ce qui montre que de rapatrier des gens en prenant les précautions nécessaires est possible.

L’équipe de Vivre Ensemble

Les appels au Conseil fédéral

Les appels aux autorités de l’Union européenne

Nos récents articles sur les hotspots  et le regroupement familial