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Map-F | Permis F – impasse pour l’intégration

Les personnes admises provisoirement (permis F) doivent être intégrées plus rapidement dans la société locale. La Confédération le dit et met massivement plus d’argent à la disposition des cantons pour promouvoir l’intégration. Toutefois, le troisième rapport de suivi de map-F montre que les investissements dans l’intégration des personnes admises provisoirement ne sont pas efficaces tant qu’elles sont privées de moyens de subsistance adéquats. Celles et ceux qui n’ont pas assez d’argent pour vivre ne bénéficient guère des programmes d’intégration coûteux. L’absence de lignes directrices contraignantes pour les municipalités et l’accent mis sur le marché du travail aggravent encore la situation des personnes admises provisoirement. map-F est une association indépendante qui a pour mission de rédiger des rapports de suivi réguliers sur la situation des personnes admises provisoirement dans le canton de Zurich. Bien que leur rapport publié en mai 2020 porte sur le canton de Zurich uniquement, les conclusions qu’ils en retirent expriment une problématique qui concerne l’entier de la Suisse.

En mai 2020, l’association  Map-F a publié son 3è rapport de suivi (en allemand) Status F – Sackgasse oder Ausgangpunkt zur Integration? (en français: Permis F – Impasse ou point de départ pour l’intégration?).  A ce sujet, ils publient le 26 mai 2020 un communiqué de presse Status F- Sackgasse für die Integration (en allemand) ( en français: Permis F- impasse pour l’intégration ) que nous reproduisons en français ci-dessous:

Communiqué de presse, MAP-F

26 mai 2020

Permis F – impasse pour l’intégration

Les personnes admises provisoirement (permis F) doivent être intégrées plus rapidement dans la société locale. La Confédération le dit et met massivement plus d’argent à la disposition des cantons pour promouvoir l’intégration.

[caption id="attachment_59160" align="alignright" width="287"] Source: site http://map-f.ch/[/caption]

Toutefois, le troisième rapport de suivi de map-F montre que les investissements dans l’intégration des personnes admises provisoirement sont inefficaces tant qu’elles sont privées de moyens de subsistance adéquats. Celles et ceux qui n’ont pas assez d’argent pour vivre ne bénéficient guère des programmes d’intégration coûteux. L’absence de lignes directrices contraignantes pour les municipalités et l’accent mis sur le marché du travail aggravent encore la situation des personnes admises provisoirement.

L’assistance en matière d’asile, un obstacle à l’intégration

Les conditions de vie imposées par le système d’assistance en matière d’asile entravent massivement l’intégration des personnes admises provisoirement. Le montant que les demandeurs d’asile reçoivent pour leur subsistance sous forme « d’aide » est à peine suffisant pour couvrir les dépenses les plus nécessaires de la vie quotidienne – nourriture, articles d’hygiène et communication. Les personnes admises provisoirement n’ont pas accès à la participation sociale minimale au même titre que toutes les autres personnes touchées par la pauvreté en Suisse. Frais de transport public, d’adhésion aux associations ou d’entrée dans les musées et abonnements aux journaux – néant. Cette situation est aggravée par l’hébergement des personnes admises temporairement dans des logements collectifs. Elles y manquent d’une sphère privée, de calme et de contacts sociaux choisis personnellement. Pour pouvoir s’intégrer dans la société locale et participer à la vie économique, sociale, culturelle et politique en Suisse, il est essentiel de disposer de moyens de subsistance adéquats. Si les politiciens étaient vraiment sérieux dans leur volonté de promouvoir l’intégration des personnes admises provisoirement, les conditions de vie contraires à l’intégration imposées par le service d’asile devraient être immédiatement corrigées.

La « loterie des communes » détermine les possibilités d’intégration

Les personnes admises à titre provisoire qui dépendent de l’aide sociale ne sont pas autorisées à choisir elles-mêmes leur commune de résidence et sont donc fortement dépendantes de la commune à laquelle elles ont été affectées. Cela est d’autant plus vrai que la Confédération et les cantons transfèrent aux communes la responsabilité principale de la promotion de l’intégration des personnes admises à titre provisoire. Tout comme pour l’inégalité de traitement qui existe déjà en matière d’organisation du système d’assistance et d’hébergement des personnes admises provisoirement, map-F constate également de grandes différences entre les communes du canton de Zurich en ce qui concerne la promotion de l’intégration. La possibilité de recevoir un soutien suffisant et une assistance professionnelle dans le processus d’intégration dépend fortement de la capacité et des dispositions particulières de la commune de résidence responsable. Afin d’éviter que les personnes admises provisoirement ne soient à nouveau soumises à une « loterie des communes », il est urgent d’établir des directives uniformes et contraignantes pour les communes concernant les objectifs, l’étendue et la qualité de la promotion de l’intégration.

L’intégration ne se limite pas au travail

Les mesures de la politique d’intégration actuelle visent principalement à faire entrer sur le marché du travail les personnes ayant un « potentiel d’emploi ». Les enfants, les personnes les plus âgées, celles ayant des problèmes de santé, celles qui ont d’autres personnes à charge, en particulier les femmes, ne sont guère au centre de la promotion de l’intégration par l’État. Il y a un manque de volonté de dépenser suffisamment d’argent pour promouvoir l’intégration linguistique et sociale des personnes admises provisoirement. Cela a de graves conséquences, en particulier pour les personnes admises temporairement sans perspective d’entrer dans le monde du travail dans un avenir proche. Comme le budget consacré à l’assistance des demandeurs d’asile ne suffit que pour les besoins les plus élémentaires, ces personnes vivent en marge de la société pendant une durée illimitée. Afin d’éviter l’exclusion des personnes âgées et malades ainsi que des enfants et des femmes, les responsables politiques doivent prévoir des fonds suffisants pour la promotion de l’intégration linguistique et sociale, indépendamment du « potentiel de gain » des personnes.