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Documentation

Centre fédéral de Giffers | Les requérants d’asile sont en danger….en Suisse

Solidarité Tattes et Droit de rester Fribourg dénoncent des violences au Centre Fédéral d’asile de Giffers. Ils relayent les témoignages de différents requérants qui ont subis des maltraitances de la part du personnel de sécurité. Faisant allusion aux précédentes dénonciations de violences similaires au Centre fédéral d’asile de Bâle ainsi qu’au Centre pour requérants mineurs non accompagnés de l’Étoile à Genève, les collectifs désignent le système même des centres fédéraux comme responsable de ces dérives. Ils demandent l’instauration de mesures de protection pour les personnes lésées, une plus grande ouverture des centres à la société civile et l’engagement de travailleurs sociaux. Ils souhaitent également urgemment des explications sur les mesures prises par le Secrétariat d’État aux migrations (SEM) envers les auteurs des violences et celles qui devraient être instaurées pour éviter qu’elles se reproduisent.

Nous publions ci-dessous la newsletter envoyée par Solidarité Tattes le 18 juin 2020:

Violence des Protectas au Centre Fédéral d’Asile de Giffers :

Les requérant-e-s d’asile sont en danger…en Suisse !

 

Après les violences des Protectas contre les mineurs du Foyer de l’Etoile (GE), puis contre les réquérant-e-s du CFA de Bâle, voici venu le tour des requérant-e-s du CFA de Giffers (FR) :

Le 3 mai 2020, Ali, requérant camerounais, demande aux Protectas du CFA de Giffers, où il réside, de bien vouloir le laisser entrer rapidement (fouille obligatoire à l’entrée du CFA). Etant convalescent (COVID-19), il se sent faible et n’arrive plus à attendre que les Protectas aient terminé de discuter entre eux. Le ton s’enflamme immédiatement : deux Protectas le poussent violemment et le frappent. Ali se rend à l’hôpital : le constat fait état de multiples contusions. A son retour au centre vers 22h, les Protectas lui interdisent l’entrée : il doit dormir sur un banc à l’entrée.

Ce même 3 mai 2020, Abdalim, requérant marocain, se voit intimer l’ordre de regagner sa chambre. N’ayant pas obtempéré suffisamment rapidement aux yeux du Protectas, celui-ci le pousse violemment contre une vitre, ce qui lui sectionne les tendons de la jambe. Il est hospitalisé puis opéré. Aujourd’hui encore, il marche difficilement avec des béquilles.

Le 4 mai 2020, Mohamed, requérant algérien qui souffre d’épilepsie, subit lui aussi une agression de la part des Protectas. Ceux-ci veulent fouiller sa chambre et ils lui disent qu’elle est sale. Mohamed refuse. Deux Protectas l’agressent en l’empêchant de respirer. La situation provoque chez Mohamed une crise d’épilepsie et il est emmené à l’hôpital : le constat médical fait état d’une agression par étranglement avec une marque antérieure au niveau du cou.

Aujourd’hui encore, Ali, Abdalim et Mohamed doivent chaque jour obtempérer aux ordres de leurs agresseurs : les Protectas incriminés travaillent toujours au CFA de Giffers !

Ces violences ne sont pas des actes isolés. Le système des Centre Fédéraux d’Asile est fondé sur la répression et l’isolement. Les sommes allouées par la Confédération à la « sécurité » dans les CFA sont supérieures aux montants dédiés à l’encadrement social et sanitaire.  Ce ne sont pas quelques heures de formation sur la thématique de l’asile qui vont transformer un agent de sécurité en travailleur social.

Il y a urgence : les requérant-e-s d’asile qui viennent en Suisse pour y trouver refuge sont en DANGER dans les CFA ! Le système dit de sécurité, mis en place soi-disant pour les protéger, les met en réalité en danger.

Pour Ali, Abdalim et Mohamed, nous demandons au Secrétariat d’Etat aux Migrations :

  • Un déplacement URGENT dans un autre centre, hors de portée de leurs agresseurs et à proximité des transports publics ;
  • Une suspension de leurs renvois en attendant le résultat des plaintes pénales déposées contre leurs agresseurs.

Nous demandons aux autorités compétentes et avant qu’un drame ne se produise :

  • L’ouverture des portes des CFA aux organisations et personnes de la société civile afin de rompre l’isolement et de cesser avec ces zones de non-droit ;
  • L’engagement de travailleurs sociaux et soignants en nombre suffisant et ayant pour mission de SOUTENIR et de répondre aux besoins des requérant-e-s d’asile ;
  • L’arrêt de toute collaboration avec des entreprises de sécurité privées de surcroit cotées en bourse (telles que Protectas, Securitas ou autre) dans le cadre des CFA et autres foyers.

Face à la gravité de ces évènements, nous exigeons que Mario Gattiker, actuel directeur du Secrétariat d’Etat aux migrations et ancien directeur du service juridique de Caritas Suisse, réponde immédiatement aux questions suivantes :

  • Est-ce que le personnel de sécurité responsable des maltraitances dénoncées est toujours en place ? Et si ou pourquoi ?
  • Pourquoi la police n’a pas enquêté sur ces actes de violence ?
  • Quel système de contrôle va mettre en place le SEM pour éviter ce genre de violences ?

 

Solidarité Tattes et Droit de Rester Fribourg