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Documentation

Solidarité Tattes | Giffers: Visite aux requérants qui ont dénoncé des violences

L’association Solidarité Tattes suit depuis plusieurs mois quatre personnes qui ont porté plainte contre des agents de sécurité du centre fédéral de Giffers pour des violences subies. La newsletter de l’association du 22 septembre évoque la situation actuelle de ces personnes. Leurs récits évoquent la peur qui subsiste. Peur qui a conduit deux d’entre elles en clinique psychiatrique. Celle aussi de l’unique plaignant qui se trouve encore au centre fédéral et qui subit un quotidien disciplinaire stricte. La dernière personne a tout récemment été renvoyée vers l’Allemagne dans le cadre des accords de Dublin, alors que la procédure de sa plainte pénale est encore en cours. La newsletter établit le constat de pratiques iniques au sein de ce centre d’asile et appelle au rejet du futur centre fédéral de renvoi à Genève.

La newsletter de Solidarité Tattes, envoyée le 22 septembre 2020, intitulée: « Non au centre de renvoi du Grand-Saconnex : Sur ce terrain inapte à recevoir des humains, plantons plutôt des arbres ! » rapporte des informations sur la situation pour les quatre personnes ayant porté plainte contre des agents de sécurité au centre fédéral de Giffers, mais relaye aussi la plantation d’un Tilleul là où le futur centre fédéral du Grand Saconnex à Genève devrait être construit. A ce propos, l’association appelle à la manifestation du 3 octobre 2020 qui se tiendra à Genève. Finalement, ils/elles relaient la pétition pour l‘évacuation du camp de Moria en Grèce et celle contre l’expulsion de Tahir vers l’Ethiopie. 

Mesures de rétorsions, clinique psychiatrique et renvoi ! 

Visite aux requérants qui ont dénoncé les violences dans le Centre Fédéral d’Asile de Giffers

Mercredi 16 septembre, 3 membres du comité de Solidarité Tattes sont allé-e-s à Fribourg pour faire suite aux échanges avec les 4 requérants d’asile hébergés au Centre Fédéral d’Asile (CFA) de Giffers, à Fribourg. Requérants qui ont été assez courageux pour porter plainte contre les agents de sécurité de ce centre qui les ont violentés à divers moments et à divers degrés, suffisamment pour les envoyer à l’hôpital. Bref : ce sont ces 4 requérants qui ont levé le voile sur ce qui peut se passer dans ce CFA, à l’insu des citoyen-enne-s suisses dont certain-e-s pensent que cette nouveauté (la création des CFA) allait simplifier les démarches pour les requérant-e-s et pour les autorités.

Suite à la plainte déposée face à la justice par 4 requérants victimes d’agressions de la part des agents de sécurité, la vie dans le CFA ne s’est pas améliorée pour eux : les agents agresseurs sont restés en place encore plusieurs jours et semaines. Pour les 4 requérants, cela a signifié angoisse, stress, cauchemars et aussi humiliation. Deux d’entre eux ont été hospitalisés en clinique psychiatrique. De ces deux, l’un est sorti de la clinique et du CFA pour entrer en procédure nationale, enfin. C’est la seule bonne nouvelle que nous avons des 4 plaignants. Notre visite à Fribourg devait donc consister à voir les 3 requérants qui se trouvent encore dans le canton: l’un toujours en clinique psychiatrique, à qui nous avons rendu une visite de soutien, lui qui pense au suicide dès que le médecin lui parle de retourner au CFA ; et 2 autres, toujours hébergés au CFA.

De ces deux derniers, seul l’un d’eux est venu nous retrouver au buffet de la gare de Fribourg. Il nous a dit que les 2 agents agresseurs n’étaient plus au CFA de Giffers et que cela rendait la vie moins difficile. Mais aussi, il nous a donné un nombre d’exemples stupéfiant des règles à respecter dans ce centre et dont le but ne peut être que celui de tenir les requérant-e-s en respect, de leur rappeler qu’ils-elles n’ont aucun droit et qu’ils-elles doivent se taire, se faire oublier, disparaître. Par exemple :

  • Interdiction d’amener de la nourriture à l’intérieur du centre, ce qui pousse les requérants qui arrivent à s’acheter une friandise à la cacher dans les prés (!) et à la manger quand ils sont hors du centre !
  • Punition dès qu’on arrive 5 minutes en retard au repas ou à l’entrée du centre après une sortie dans les environs.
  • Fouilles corporelles à l’entrée et à la sortie du centre et fouilles fréquentes dans les chambres.
  • Pénalités infligées mais jamais notifiées par écrit. A la question : « Pourquoi avez-vous été puni dernièrement ? Pourquoi vous prélève-t-on fréquemment de l’argent sur les 21 fr par semaine auxquels vous avez droit, au point qu’il ne vous reste jamais rien ? », la réponse est : « Je ne sais pas !».

Car les « pénalités » ne sont jamais assorties d’un papier qui dise la raison de la punition, la date où elle a lieu et qui l’inflige. Centre Fédéral d’Asile ? On nous parle d’un lieu fermé où règne l’arbitraire.

Quant au second requérant plaignant toujours hébergé à au CFA de Giffers, il ne viendra pas à notre rencontre. Il n’a pas le droit de sortir du centre car il a ce jour-là un rendez-vous médical, puis il devra aller au SPOMI (l’office de la population fribourgeois). A notre retour à Genève, nous apprenons… qu’il a été arrêté et emmené à l’aéroport de Genève pour son renvoi en Allemagne ! Cette personne était NEM-Dublin-Allemagne et son délai se situait à la fin de l’année. Mais il a été renvoyé maintenant, alors que la procédure de sa plainte pénale est encore en cours. Nos démarches juridiques et politiques pour demander à M. Gattiker, directeur du SEM, de ne pas renvoyer cette personne alors que la procédure pénale n’est pas close, ont été totalement inutiles. Gattiker a été inflexible.

De notre côté, nous sommes bien décidé-e-s à ne pas lâcher les 4 plaignants qui ont eu le courage de dénoncer les violences dans le CFA de Giffers et à ne pas lâcher non plus la mise au grand jour du fonctionnement inacceptable de ces zones de non-droit.

Alors c’est simple et logique : si les CFA sont déjà pareillement iniques, le Centre de renvoi prévu pour Genève en bord de piste d’atterrissage pour rendre fous adultes, adolescents et enfants ne doit jamais voir le jour.