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Notre regard

Chronique Europe | du 2 juillet au 4 septembre 2020

2 juillet
La Cour européenne des droits de l’homme a condamné la France pour traitements inhumains et dégradants (violation de l’article 3 CEDH). Cinq demandeurs d’asile affirmaient ne pas avoir pu bénéficier d’une prise en charge matérielle et financière (pré- vue par le droit national) et, interdits de travail, avoir été contraints de dormir dans la rue dans des conditions inhumaines et dégradantes pendant plusieurs mois. La Cour a donné raison aux recourants et contraint la France de les dédommager.

12 juillet
L’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) exhorte la Grèce d’enquêter urgemment sur des refoulements aux frontières terrestres et maritimes avec la Turquie. Depuis le mois de mars, de nombreuses informations font état de renvois sommaires par les garde-côtes de personnes migrantes ayant atteint le territoire grec. Des témoignages directs auprès du HCR s’ajoutent aux rapports de médias et d’ONG pour dénoncer ces pratiques. Selon le New York Times, ces opérations, qui violent le droit international, concernent un peu plus d’un millier de personnes.

22 juillet
L’Ocean Viking, le bateau humanitaire de SOS Méditerranée, s’est retrouvé bloqué à quai en Sicile suite à sa mise en rétention administrative par les autorités maritimes italiennes. D’après l’ONG, « les motifs d’irrégularités techniques et opé- rationnelles» avancés cachent une manœuvre politique cynique visant à empêcher notre navire-ambulance de retourner en mer sauver des vies. L’ONG a lancé une pétition en ligne demandant la libération du bateau.

14 août
Réagissant aux déclarations publiques du gouvernement allemand critiquant des refoulements de personnes migrantes opérés par la marine grecque vers la Turquie, le Secrétaire d’État grec à l’Immigration Koumoutsakos a indirectement avoué ces pratiques à la télévision grecque (ANT1). Estimant que les refoulements illégaux font partie de l’arsenal de la Grèce en tant que « bouclier de l’Europe », il a rappelé l’attitude des dirigeants européens début mars à Evros, soulignant avec ironie: « Ceux qui nous ont félicités en mars ne peuvent pas nous dénoncer enaoût».Le6aoûtdernier,lesous- secrétaire à la défense Peter Trauber avait admis que la marine allemande avait été témoin de deux déportations illégales. Une première de la part de l’Allemagne qui jusqu’ici se refusait à dévoiler publiquement ces pratiques.

17 août
L’association Roya Citoyenne ainsi que d’autres associations et ONG ont lancé un appel « pour le respect des droits fondamentaux des exilé·e·s à la frontière franco-italienne ». Le ministre français de l’Intérieur avait annoncé la création d’une brigade spéciale franco-italienne, placée sous commandement unique, visant à traquer les filières de passeurs entre les deux pays. Mais pour ces associations et ONG, il s’agirait plutôt d’un moyen permettant « l’invisibilisation et la criminalisation » des individus traversant la frontière entre ces deux pays.

20 août
Sur l’île de Lesbos, une clinique pédiatrique de Médecins sans frontières (MSF) ainsi que le nouveau centre gouvernemental Covid-19 ont été attaqués par des manifestants anti-migrants. Début d’incendie et jets de pierres ont mis en danger aussi bien les patients que le personnel. Constatant « une augmentation des comportements agressifs à l’égard des demandeurs d’asile et des réfugiés ainsi que des organisations humanitaires et des bénévoles », MSF exhorte les autorités à « prendre toutes les mesures nécessaires contre la violence et les agressions qui cir- culent de plus en plus sur Lesbos».

4 septembre
Le Centre Suisse pour la Défense des Droits des Migrants, Alarm Phone, Sea-Watch et Mediterranea lancent un cri d’alarme concernant le sort de 27 personnes migrantes bloquées plus de trente jours sur le cargo «Maersk Étienne», sans nourriture adéquate, eau, ou encore ressources médicales suite au refus du gouvernement maltais d’accor- der un débarquement aux passagers du cargo. Ceux-ci ont été transférés une semaine plus tard sur le bateau humanitaire affrété par l’ONG ita- lienne Mediterranea pour y recevoir des soins, sans pour autant recevoir l’autorisation de débarquer.

Page réalisée par Ségolène Huber
Sources : presse romande, Migreurop, asile.ch