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Notre regard

Mobilisation | Grèce. Des communes solidaires face à l’intransigeance de Berne

Engagement de la Commune de Penthalaz en faveur de l’accueil des réfugiés des camps des îles grecques. Lettre au Conseil fédéral du 12.11.2020 (extrait)

[caption id="attachment_62392" align="alignnone" width="2015"] Cliquez sur l’image pour accéder à la lettre complète[/caption]

 

«Des enquêtes internes ont montré qu’à moyen terme, une famille pourrait être admise en plus du quota existant. Actuellement, 38 demandeurs d’asile et réfugiés vivent à Sevelen.» [Sevelen (Saint-Gall), 29 septembre 2020]

«Le conseil municipal soutient la demande des pétitionnaires et a confirmé, lors de sa dernière réunion, sa volonté d’admettre cinq personnes supplémentaires (provenant d’un camp sur une île grecque) dans les procédures ordinaires.» [Arlesheim (Bâle-Campagne), 22.10.2020]

L’association Seebrücke dresse dans une carte interactive un suivi du travail politique pour l’accueil des réfugiés au niveau communal, cantonal et fédéral. (seebruecke.ch)

Plus de 20 communes suisses [1] se sont déjà adressées au Conseil fédéral et à Karin Keller-Suter, en charge du Département fédéral de justice et police, pour se déclarer prêtes à accueillir davantage de personnes que le quota de réfugié·e·s qui lui est normalement attribué. Et surtout prêtes à accueillir bien davantage de réfugié·e·s que le chiffre ridiculement bas -20 mineur·e·s non accompagné·e·s pour toute la Suisse!- articulé au lendemain de l’incendie du camp de Moria, sur Lesbos, dans la nuit du 8 au 9 septembre 2020.

Sollicitées par leurs administré·e·s via la « Pétition pour un engagement de notre commune en faveur de l’accueil des réfugié·e·s des camps des îles grecques », d’autres municipalités suivront probablement le pas : la pétition est toujours en circulation.

Pétition mode d’emploi

Les pétitions peuvent être téléchargées en français, allemand et Italien (voir sur forumcivique.org) Vous pouvez les signer et les faire signer par d’autres habitants de la même commune avant de les adresser aux autorités de votre municipalité. Pour permettre un suivi, envoyez une copie et/ou la réaction de la commune au Forum civique européen: ch@forumcivique.ch

La démarche citoyenne vise à accentuer la pression sur un Conseil fédéral qui n’a répondu que par un tour de passe-passe à l’appel de Pâques de la coalition #Évacuer maintenant et les milieux d’Église. Aux 50 000 signatures et 130 organisations appelant à un désengorgement rapide des îles grecques, Berne a invariablement répondu privilégier l’« aide sur place ». Or, surplace, la situation est devenue intenable. Une amélioration n’est guère envisageable sans évacuation. Quant au transfert de 53 mineur·e·s non acccompagné·e·s (MNA) présenté par le gouvernement comme «geste humanitaire», il s’agit d’une obligation légale en application du règlement Dublin, ces jeunes ayant de la famille en Suisse.

A noter à cet égard que la Suisse n’a pas participé au programme de relocalisation volontaire de 2000 enfants isolés et familles considérées comme vulnérables lancé en mars 2020 par la Commission européenne (où l’Allemagne joue un rôle moteur). 5 000 MNA étaient alors dénombrés dans les camps. En septembre, ils étaient encore 4 200 selon les chiffres produits par le HCR.

Îles grecques débordées ? Berne veut «aider sur place»

Désengorger les camps grecs est pourtant une urgence. Le sinistre de Lesbos a mis quelque 13 000 personnes à la rue, dont des milliers d’enfants et adolescents isolé·e·s.

Le camp bâti à la hâte sur un ancien champ de tir militaire est « pire » que le précédent selon les ONG sur place et laisse encore 8 000 personnes sans abri. Quant aux autres îles, Samos et Chios notamment, y prévalent une situation sanitaire désastreuse et une grande détresse humaine. La surpopulation conjuguée à un confinement forcé depuis des mois par les autorités grecques, même lorsqu’il n’y avait pas de cas Covid, y est dénoncée, tant par les personnes sur place que par celles et ceux qui les accompagnent.

De l’utilité de la pétition

Au lendemain du sinistre de Moria, alors que les autorités des villes, petites et grandes, manifestaient leurs offres d’accueil et volonté d’action, Karin Keller-Suter a joué l’intimidation (SRF1, 10.09.20). Pour dissuader d’autres communes à s’engager, elle a prétendu que les villes souhaitaient outrepasser leurs compétences en accueillant directement des réfugiés et que cela n’était pas « légal ». La coalition #Évacuer maintenant a alors rappelé dans un argumentaire [2] qu’un accueil humanitaire est bien légal en vertu de la loi sur l’asile ou du règlement Dublin, et que la Confédération a déjà accueilli des réfugiés dans le cadre de programmes de réinstallation.

La manœuvre de la cheffe du DFJP visant à disqualifier les municipalités solidaires est le signe d’une certaine nervosité, et qu’un message politique d’ouverture est peut-être seul à même de faire bouger les lignes. D’où la pertinence à continuer à signer et de faire signer la pétition.

SOPHIE MALKA

[1] État au 30 novembre 2020: Lausanne, Genève, Zurich, Berne, Bâle, Lucerne, Winterthur, Saint-Gall, Soleure, Delémont, Fribourg, Neuchâtel, Will SG, Wohlen BE, Sevelen SG, Arlesheim BL, Baden AG, Penthalaz VD, Burgdorf BE, Vernier GE, Bienne, Ste-Croix, Cormoret BE, Teufen AR.

[2] Évacuer maintenant, Argumentaire juridique pour l’accueil de fugitifs en provenance de Lesbos, 25 septembre 2020, publié sur asile.ch

Retrouvez notre fact sheet avec divers éléments-clés, des articles, témoignages vidéo, le film de la soirée-conversation « Réfugiés en Grèce. 2 regards, 1000 paroles rapportées » du 19 novembre.