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Notre regard

RFJ | «Seule, j’avais tout le temps les larmes aux yeux»

Dans le canton du Jura, le Centre d’animation et de formation pour femmes migrantes (CAFF) lance la septième édition de son programme Univers’ellesdont l’objectif est de former des tandems féminins afin d’encourage l’intégration des femmes migrantes dans le région. Radio Fréquence Jura (RFJ) a recueilli le témoignage de deux participantes de ce programme.

Ci-dessous, nous reproduisons l’article réalisé le 22.01.21 par RFJ et intitulé “Seule, j’avais tout  le temps les larmes aux yeux”. Cet article a été reproduit grâce à l’aimable autorisation de la Radio Fréquence Jura. Retrouvez également leur reportage radiophonique ici

«Seule, j’avais tout le temps les larmes aux yeux »

Alors que le Centre d’animation et de formation pour femmes migrantes lance sa 7e édition du programme «Univers‘elles», Esther et Agnès racontent leur aventure humaine qui a fait d’elles des amies.

Au début, c’est un duo pour papoter, boire le café, faire des activités ensemble. A force de partage, Esther, migrante issue de République Démocratique du Congo, et Agnès sont devenues amies. Elles se sont connues via le CAFF, Centre d’animation et de formation pour femmes migrantes, qui lance en ce début d’année sa 7e édition du programme « Univers’elles ». Le but est de constituer des duos 100% féminin pour faciliter l’intégration, apprendre le français et tout simplement tisser des liens. Le genre de relation dont aurait rêvée Esther en 2018 lorsqu’elle est arrivée en Suisse après avoir fui le Congo. Elle a alors été ballotée entre Vallorbe, le centre pour requérants d’asile de Boudry puis le Jura en 2019. « Je ne me sentais pas dans mon assiette. Seule, j’avais tout le temps des larmes aux yeux. J’ai alors cherché des gens avec qui partager pour me défouler.

Les assistants sociaux l’orientent alors vers le CAFF, présent à Delémont et Porrentruy. Dans le même temps, Agnès, une Ajoulote, s’inscrit comme volontaire pour un de ces fameux « duos » après avoir vu une annonce dans le journal. « Ça a été facile parce qu’Esther parle français comme langue maternelle. Ça facilite les choses parce qu’au départ, on était un peu timide, il fallait apprendre à se connaître comme n’importe qui. C’était un peu artificiel quelque part, mais plus on se rencontre, plus on a de plaisir à faire des choses ensemble », se souvient Agnès. Les deux femmes prennent alors des cours de natation ensemble, avant que les piscines ne ferment lorsque survient la crise sanitaire.

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Esther et Agnès se sont connues via le programme Univers’elles du CAFF.
Crédits photo : RFJ.

« C’est une ouverture sur le monde »

« Alors on allait marcher, on se rendait l’une chez l’autre pour dîner. C’est tant d’histoires, on discute de tout. Quand j’ai des soucis, je le partage avec elle et elle m’encourage. Ça me fait tout le temps du bien quand je suis à ses côtés. Vraiment, c’est sympa d’être avec Agnès », confie Esther avec un sourire sincère. Pour elle, son intégration sociale est passée par ce duo. Pour Agnès également, l’aventure humaine a été très enrichissante. « Je me suis dit que je pouvais aussi lui donner un but dans sa vie. Et ça m’a donné un but à moi aussi. On voit notamment sa partenaire, mais aussi tout le réseau du CAFF, c’est une ouverture sur le monde et ses réalités. Parce qu’en Suisse, on est très privilégié », réalise Agnès. Les deux amies espèrent désormais pouvoir continuer de se voir, mais Esther craint d’être renvoyé au Congo après avoir essuyé un refus de prolongation de son droit d’asile.

Auteur : JPI