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Notre regard

Chroniques Suisse du 28 janvier au 12 mars

Julien Norberg

SUISSE

28 janvier

Malgré la crise économico-sanitaire, l’intégration professionnelle des bénéficiaires d’un permis F reste dynamique sur le marché du travail vaudois selon les autorités vaudoises. 38% exerceraient une activité lucrative en 2020, contre 26% en 2016. Il s’agit surtout de jeunes entre 18 et 30 ans employé·es au sein des secteurs de l’entretien, de la santé et de la technique. À titre de comparaison, le taux d’employabilité des personnes admises à titre provisoire s’élève à 25,6% à Genève en 2020. La structure économique du canton expliquerait en partie ses mauvaises performances: le secteur tertiaire y est très développé et demande du personnel très qualifié et spécialisé; les domaines agricoles et industriels y sont peu développés. Le canton accuse également un taux de chômage plus élevé.

8 février

Le Collectif de soutien aux sans-papiers de Genève dénonce une recrudescence des contrôles d’identité effectués par les garde-frontières aux abords de certains points de distribution de colis alimentaires aux plus précarisés par la crise. Il appelle les autorités cantonales genevoises à intervenir auprès de Berne. Ces opérations, qui traquent les personnes sans statut légal, limitent leur accès à des biens de première nécessité. La Ville de Genève a apporté son soutien à cette requête.

19 février

Le Conseil communal de la Chaux-de-Fonds met à l’étude une motion du Parti Ouvrier Populaire (POP) visant à instaurer une carte d’identité communale accessible à l’ensemble de la population, y compris les personnes sans statut légal. Un tel document permet de justifier de son identité face à l’administration, ou lors d’une inscription aux assurances, aux bibliothèques, aux titres de transport ou dans les démarches ayant trait au logement. L’initiative, qui se veut un outil d’intégration, s’inspire de la ZüriCity Card ou d’expériences similaires aux États-Unis.

22 février

En 2020, les demandes d’asile en Suisse accusent une forte baisse. Avec 11041 requêtes, soit 22,6% de moins qu’en 2019, la Suisse en est à son niveau le plus bas depuis 2007. Les demandes d’asile sont divisées par trois comparées au pic de 2015. La situation sanitaire mais également les actions de blocage de l’agence européenne aux frontières Frontex constituent des facteurs explicatifs.

25 février

Le SEM change de direction: Christine Schraner Burgener succédera en janvier 2022 à Mario Gattiker en tant que secrétaire d’État aux migrations. Elle possède une expérience en tant que diplomate dans divers pays de l’est-asiatique tel que le Japon ou la Birmanie. Sa mission future d’après le SEM? Établir de nouveaux partenariats migratoires.

2 mars

Par 24 voix contre 18 et 3 abstentions, le Conseil des États n’autorise par les requérant·es d’asile débouté·es à achever leur formation professionnelle débutée en Suisse. Bien que les milieux professionnels, les entreprises formatrices et les PME soutenaient cette motion, la majorité conservatrice de la chambre des cantons est restée insensible à cette demande de dérogation à l’interdiction de travail même temporaire (voir à ce propos VE 181/février 2021).

10 mars

À l’occasion du dixième anniversaire du début de la guerre en Syrie, Caritas suisse demande aux autorités fédérales de stabiliser le statut des Syrien·nes n’ayant obtenu qu’une «admission provisoire». L’œuvre d’entraide souligne que la résolution du conflit est loin de se profiler: un retour au berceau natal semble donc difficile voire inimaginable. Or, près de la moitié des exilé·es, soit environ 8500 personnes, n’ont pas reçu de statut de réfugié, mais un permis F. Leur accorder l’asile est donc nécessaire selon l’association. Pour rappel, la plupart des 6,5 millions de réfugié·es ayant fui leur pays se sont réfugié·es dans les pays limitrophes, Turquie et Liban en tête.

12 mars

Le Conseil des États a rejeté une initiative cantonale genevoise par 17 voix contre 16 visant à interdire la détention administrative des mineur·es. L’initiative voulait protéger les adolescent·es de plus de 15 ans en modifiant la loi qui autorise leur détention en vue du renvoi durant une période pouvant aller jusqu’à 12mois, alors qu’ils n’ont commis aucun délit. La Commission nationale de la prévention de la torture révèle que 37 mineur·es ont été placé·es en détention en 2017 et 2018 en Suisse. Elle relève aussi que trois cantons ont mis en cellule des enfants de moins de 15 ans avec leur famille en vue de leur renvoi, une pratique pourtant prohibée.

Julien Norberg