Aller au contenu
Notre regard

Guinée-Conakry | Un lundi sanglant

Un lundi sanglant

L’horreur des femmes violées, battues et humiliées par les bérets rouges le 28 septembre 2009 durant une manifestation populaire.

Un lundi sanglant « Les agressions sexuelles, qui pour la plupart ont été commises sous les yeux des autres membres des services de sécurité et participants au rassemblement, ont commencé quelques minutes après que les forces de sécurité ont pris d’assaut les postes du stade au matin du 28 septembre. […] De nombreuses victimes ont décrit la terreur sans nom qu’elles ont ressentie lorsque les agresseurs hésitaient à voix haute, à tuer, ou promettaient de le faire une fois le viol terminé. Dans de nombreux cas, les témoins ont vu ces menaces portées à exécution »

(Human Rights Watch, « Un lundi sanglant. Le massacre et les viols commis par les forces de sécurité en Guinée le 28 septembre, 17 décembre 2009, p. 51).

Après l’Indépendance de 1958, le régime socialiste révolutionnaire du président Ahmed Sékou Touré écrase toute opposition politique. Des dizaines de milliers de personnes disparaissent ou sont torturées et exécutées.

En 2000-2001, les guerres civiles au Sierra Leone et au Liberia provoquent une effroyable catastrophe humanitaire. La Guinée accueille un demi-million de réfugiés fuyant les combats. Cette situation met à mal l’économie du pays et le déstabilise en générant des tensions ethniques.

La Guinée dispose d’une société civile organisée avec un mouvement social très actif. En février et en juin 2006, deux grèves générales majeures organisées par les deux principaux syndicats guinéens en protestation contre la dégradation des conditions de vie paralysent le pays pendant plusieurs semaines et font au moins 13 morts.

Le 10 janvier 2007, les syndicats et l’opposition lancent une troisième grève en réaction à l’absence de réformes économiques promises par le gouvernement. Durant six semaines, la répression est brutale et la grève se transforme en insurrection générale. Une centaine de manifestants sont tués et de nombreuses personnes sont victimes de mauvais traitements par les forces de police. Le 27 février 2007, le président désigne au poste de premier ministre le candidat recommandé par les syndicats.

Après 24 ans de règne, le président Lansana Conté meurt le 22 décembre 2008. Le lendemain, sous le commandement du Capitaine Dadis Camara, la junte militaire prend le pouvoir. Le 28 septembre 2009, la violence contre l’oppostion continue. Parmi les milliers de personnes réunies pour manifester dans le Stade de Conakry contre l’absence de tenue d’une élection présidentielle libre promise par Dadis Camara au cours de l’année 2009, des centaines de personnes sont battues, de nombreuses femmes sont violées et près de deux cents personnes sont massacrées par les militaires.

Afin de déterminer la compétence de la Cour pénale internationale pour juger les crimes perpétrés lors du massacre du 28 septembre 2009, Fatou Bensouda, procureure adjointe de la Cour pénale internationale, débute sa mission en Guinée le 17 février 2010.

ELISE SHUBS ET ELODIE GUYON
COUNTRY INFORMATION RESEARCH CENTER (CIREC)

Statistiques des demandes d’asile en Suisse pour la Guinée en 2009

Nouvelles demandes d’asile: 301

Dossiers traités en 1ère instance:

  • octroi de l’asile: 0
  • admissions provisoires: 8
  • décisions négatives 295: (53 rejets / 242 NEM)
  • radiations : 22

Pratique constante du Tribunal administratif fédéral relative à l’exécution du renvoi en Guinée

«Le Tribunal continue à observer de près l’évolution des événements dans ce pays. En l’état, il estime cependant que la situation en Guinée n’est pas telle qu’il faille conclure à une situation de violence généralisée s’opposant, de manière générale, à l’exécution du renvoi de ressortissants de ce pays.» (E-5546/2006, arrêt du 29 janvier 2010)

Sources