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Notre regard

Mali | Une paix relative

Dans les pays qui ont connu des violations massives et répétées des droits de l’Homme depuis des décennies, les processus de vérité, de justice et de réconciliation constituent une nécessité pour la Nation mais aussi pour chaque famille endeuillée qui ne saurait trouver de repos tant que le sort de ses parents tués n’aura pas été éclairci et reconnu.
C’est par ce chemin que le Mali pourra construire son unité dans sa diversité et dans la paix.
Me Drissa Traoré, vice-président de la FIDH

UNHCR / G. Gordon / Janvier 2013
UNHCR / G. Gordon / Janvier 2013

Chronologie du récent conflit

  • 17 janvier 2012 > Attaque des groupes armés touaregs du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) dans le nord du pays
  • 21 mars 2012 > Coup d’État militaire contre le président Touré face à son incapacité à mater la rébellion touareg. Le MLNA s’allie aux salafistes de Ansar Dine, lui-même allié à AQMI. Les trois groupes armés s’alimentent de combattants revenant lourdement armés de la guerre de Libye. Ils prennent progressivement le contrêle de la moitié nord du pays. Les djihadistes vont minoriser le MNLA et imposer la sharia sur le territoire.
  • Janvier 2013 > Avec l’accord de l’ONU, la France intervient avec plusieurs armées africaines, intégrées depuis à la mission de l’ONU (MINUSMA). Kidal reste aux mains des rebelles qui la déclarent autonome.
  • Juin 2013 > Accord de Ouagadougou, entre le gouvernement intérimaire et les trois groupes rebelles. Le MNLA accepte de rendre progressivement Kidal, sur lequel il maintient encore son pouvoir.
  • Juillet 2013 > Déploiement de la mission de la paix de l’ONU dans le Nord.
  • Août 2013 > Élection présidentielle. Ibrahim Boubacar Keita est élu. Il sera investi le 19 septembre.
  • 26 septembre 2013 > Les trois principaux groupes armés suspendent leur participation aux pourparlers de paix. Attentats et attaques terroristes s’ensuivent à Tombouctou, Kidal et tout récemment à Gao.
  • 24 novembre > 1er tour des élections législatives.

Aujourd’hui, une paix relative

Novembre 2013. L’assassinat des deux journalistes de RFI à Kidal, au Nord du Mali, a ramené au cœur de l’actualité un conflit qui secoue le pays depuis janvier 2012 et que l’élection présidentielle en août 2013 semblait avoir apaisé. De fait, l’insécurité et les stigmates de la guerre civile sont encore prégnants au Nord du pays, dans la région de l’Azawad, restée durant plus de 9 mois sous le contrôle des djihadistes (voir chronologie). La ville de Kidal, bastion des reébellions touaregs qui se sont succédées depuis l’accession de l’ancienne colonie française à l’indépendance en 1960, était encore en novembre sous le contrôle du MNLA.

Un retour à une véritable stabilité au Mali qui était considéré – peut-être à tort – comme un modèle de démocratie en Afrique, exigera des nouvelles autorités élues qu’elles intègrent au processus de reconstruction politique les minorités et la société civile–et pas seulement les parties au conflit. Par ailleurs, outre les questions d’infrastructure et de développement économique (le Mali est le 25e pays le plus pauvre au monde, son économie émargeant de l’extraction d’or et de l’exportation de coton), la lutte contre l’impunité sera un élément-clé du processus de paix et de réconciliation.

«Les nombreuses et graves violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire perpétrées depuis janvier 2012 sont les conséquences d’une impunité cyclique qui s’inscrit dans une longue tradition de violence et de crimes» relevait la Haut-Commissaire aux droits de l’homme dans son dernier rapport sur la situation au Mali (juin 2013). Elle y confirme, pour avoir enquêté sur place, des exécutions sommaires, des disparitions forcées, des crimes sexuels, des cas de torture, d’arrestations et de détentions arbitraires, et des actes de pillage commis depuis janvier 2012. La Fédération internationale des droits humains (FIDH) n’hésite pas à parler de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité, qui ne sont pas «l’apanage exclusif d’une des parties».

L’ONG insiste sur l’urgence de voir une justice efficace et impartiale œuvrer au Mali, sur l’ensemble du territoire, sans exception. Et milite pour que tous les auteurs des crimes perpétrés pendant la guerre soient poursuivis. Une condition sine qua non pour que les quelque 200’000 réfugiés et 450’000 déplacés internes ayant fui les exactions et l’insécurité puissent envisager un retour.

Sophie Malka

Données socio-économiques

mali mapCapitale: BAMAKO
Population: 16.3 MILLIONS D’HABITANTS (UN, 2012)
Ethnies: BAMBARAS, BOBOS, BOZOS, DOGONS, KHASSONKÉS, MALINKÉS, MINIANKA, PEULS, SÉNOUFOS, SONINKÉS (OU SARAKOLÉS), SONRHAÏS, TOUAREGS, TOUCOULEURS
Langues principales: FRANÇAIS ET BAMBARA, MAIS ON Y PARLE AUSSI LE PEUL, LE MANDINGUE, LE SONGHAÏS, LE DOGON, LE HASSANYA ET LE BERBÈRE.
Principales religions: ISLAM ET ANIMISME
Produits d’exportation: COTON, OR

Les réfugiés maliens dans le monde et en Suisse

Situation des réfugiés maliens dans le monde

Suite au dernier conflit, le HCR estime à 460’000 personnes déplacées internes et assiste 180’000 maliens réfugiés au Burkina Faso, au Niger et en Mauritanie.

Demandes d’asile en Suisse en 2012

Nouvelles demandes déposées en 2012: 226

  • Dossiers traités en 1ère instance: 130
  • Décisions positives: octroi de l’asile = 0 / admissions provisoires* = 1 Décisions négatives: 1 rejet / 101 NEM dont 87 NEM Dublin**

* La Suisse compte les admissions provisoires comme des décisions négatives ** Une NEM Dublin signifie que la demande doit être examinée par un autre État signataire de l’Accord de Dublin

Pour en savoir plus

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Voir aussi