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Préjugés

Criminalité? Les statistiques décryptées

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Article de Loïc Wacquant:

« Des ‘ennemis commodes’. Étrangers et immigrés dans les prisons d’Europe », paru dans Actes de la recherche en sciences sociales, 1999  Volume 129,  Numéro 1,  pp. 63-67

Cet article fait partie du numéro thématique « Délits d’immigration »

Résumé

La très forte sur-représentation des étrangers dans les prisons d’Europe (comparable, voire supérieure dans certains cas, à celle des Noirs dans les pénitenciers d’Amérique), la multiplication des centres de rétention pour migrants en situation irrégulière, la redéfinition de l’immigration comme un problème de « sécurité », la diligence et la sévérité spéciales avec lesquelles la police et la justice traitent les personnes de phénotype non-européen, l’amalgame croissant, dans les discours politique et médiatique, entre immigration, illégalité et criminalité: la convergence de ces phénomènes autorise à parler d’un processus de criminalisation des immigrés en Europe, processus qui fait de l’étranger un «ennemi commode» — selon l’expression de Nils Christie – à la fois symbole et cible de toutes les anxiétés sociales, comme le sont les afro-américains des ghettos aux États-Unis. La prison et le marquage qu’elle effectue participent activement à la fabrication d’une catégorie transeuropéenne de «sous-blancs» taillée sur mesure pour justifier une dérive vers la gestion pénale de la pauvreté qui, par effet de halo, tend à s’appliquer à l’ensemble des couches populaires minées par le chômage de masse et par l’emploi flexible. L’évolution des pratiques policières et de l’emprisonnement ségrégatif des étrangers, immigrés et assimilés offre ainsi un indicateur avancé du degré auquel l’Union européenne résiste ou se conforme à la politique américaine de pénalisation de la misère comme complément de la généralisation de l’insécurité salariale et sociale.

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