Aller au contenu
Notre regard

Italie | Procès contre Riace: de bonnes nouvelles !

Barbara Vecchio, FCE paru dans Archipel 330

Riace c’est un village en Calabre qui a été un modèle dans l’accueil de réfugié·es débarqué·es sur les côtes italiennes. En 2009, nous avions publié un reportage sur ce projet visant faire revivre un village en proie à la désertification. L’école qui devait fermer a pu rester ouverte et la bourgade a connu une véritable renaissance. Son maire, Mimmo Lucano a voulu montrer que l’ouverture aux personnes arrivant de la mer et d’ailleurs pouvait être symbole de vie, prospérité et solidarité. Son action lui a valu une reconnaissance internationale. Mais aussi les foudres des populistes italiens hostiles aux personnes exilées, en particulier du ministre de l’Intérieur de l’époque, Matteo Salvini, à nouveau au gouvernement. Arrêté en octobre 2018 dans le cadre d’un procès très politique, lourdement condamné en 2021, il vient d’être relaxé en appel de toutes les charges pesant sur lui. Une militante du Forum civique européen témoigne [réd.]

Cristina Del Biaggio

Le 11 octobre 2023, la cour d’appel de Reggio de Calabre a complètement renversé le verdict de première instance du tribunal de Locri, ses lourds jugements et ses peines démesurées, en prononçant une sentence qui a, enfin, un goût de justice.

15 des 17 inculpé·es sont relaxé·es, une est condamnée à un an de prison ferme, mais on ne connaît pas encore les motivations, et Domenico Lucano à un an et six mois pour un délit administratif mineur. Leur peine ne sera pas appliquée. Lucano, dépeint comme un chef de bande à la tête d’une organisation de bandits, condamné en première instance à 13 ans et deux mois de prison à l’instar d’un chef mafieux, n’était finalement rien d’autre qu’un homme rêvant d’un monde plus juste. Une partie de ses coaccusé·es avait alors été également condamnée à de lourdes peines de prison. Maintenant, il n’en est plus question. Le verdict de la cour d’appel exprime, de manière officielle et définitive, une vérité qu’on connaissait déjà, mais que tout le monde avait besoin d’entendre: à Riace, il n’y a jamais eu d’association de malfaiteur·euses, pas de détournement de fonds non plus, ni aucun des autres prétendus délits. Selon les juges de la cour d’appel, toutes les accusations étaient sans fondement.

Dans le village de Riace, on accueillait les réfugié·es et on montrait au monde que c’était non seulement possible, mais même simple. « L’utopie de la normalité » comme l’appelait Lucano: la solidarité, un crime dangereux dans nos sociétés qui luttent contre la prétendue invasion migratoire et qui érigent murs et prisons pour la contenir.

« Aujourd’hui – dit Maître Pisapia, avocat de la défense – on vient d’entendre un verdict important,un signal de véritable justice après tant d’injustice et de douleur, non seulement celle de Lucano, mais de Riace toute entière ». La joie d’aujourd’hui est en effet entachée par la souffrance que les inculpé·es, Riace, ses habitant·es, les réfugié·es, ont dû endurer pendant cinq ans d’un acharnement politique et judiciaire farouche. La destruction d’un modèle d’accueil célèbre dans le monde entier, les dettes, les départs, les vies brisées par la peur et par celle qu’en Italie on appelle «la machine à boue», la diffamation. Des gens simples et solidaires, broyés par le rouleau compresseur de l’injustice au service des politiques d’exclusion.

[…] dans l’émotion et la joie du moment, on souhaite à Riace, après cet horrible cauchemar, de pouvoir se relever et recommencer à rêver…

Cristina Del Biaggio

Citta futura

L’huile de Riace – Déguster et soutenir

Un des premiers projets mis en place par Mimmo Lucano quand il était maire a été la remise en fonction d’un pressoir à huile qui bénéficie aux habitant·es avant tout, mais aussi à l’association qu’il a créée : « Associazone Città Futura ». Les habitant·es amènent leurs olives pour les presser et les bénévoles de l’association Città futura vont chercher les olives dans les oliveraies non exploitées pour les presser et vendre l’huile. Les bénéfices vont à l’association et permettent de continuer à accueillir les gens de passage dans le village.

Pour soutenir l’association

Associazione Città Futura
Banque : Banco Posta (Riace)
IBAN: IT 87 U 0760 11630 000 1023028283 

riacecittafutura.org