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Notre regard

ACOR SOS Racisme: Le fantasme de « l’immigration de masse » s’est imposé!

Communiqué d’ACOR SOS Racisme: Le fantasme de « l’immigration de masse » s’est imposé!

Le racisme est profond en Suisse (*)

A longueur d’années, on déverse sur les Suisses un ramassis raciste : contre les Roms, les musulmans, les femmes voilées, les « gens des pays de l’Est », les ex-Yougoslaves, les Espagnols, les Italiens, les Grecs qui fuient l’austérité… De toutes parts fuse cette supériorité helvète. Nous ne serons donc nullement étonnés du résultat de cette nouvelle votation raciste à laquelle le peuple vient d’être confronté le 9 février « Contre l’immigration de masse ».

L’initiative de l’UDC « contre l’immigration de masse » l’a emporté. Son argumentaire malthusien et protectionniste a-t-il suffi? Non!

L’argumentaire utilitariste et arrogant d’économiesuisse, du conseil fédéral et des partis bourgeois explique-t-il leur échec? Non!

L’argumentaire utilitariste et modeste de la gauche gouvernementale a-t-il joué son rôle? Non!

Depuis 1917, les autorités suisses cultivent une politique de l’immigration basée sur la lutte contre l' »Uberfremdung ». Communément traduite en français par « surpopulation étrangère » cette notion invite en réalité à combattre la supposée altération de l’identité nationale que provoqueraient les étrangers.

Depuis 30 ans, la lutte contre les supposés abus dans le droit d’asile, l’introduction des mesures de contrainte contre les supposés abus dans le droit des étrangers, la stigmatisation incessante de différentes catégories d’étrangers déferlent sur l’opinion publique de ce pays.

Les experts internationaux n’ont cessé depuis 1998 de chercher à éveiller la vigilance des autorités, des partis, des citoyen-ne-s suisses contre cette banalisation du racisme.

L’UDC n’est hélas pas une verrue sur le visage généreux et accueillant d’Helvetia. Elle exprime au contraire une solide tradition à laquelle il n’est toujours pas trop tard de s’opposer!

Les raisons de cette victoire xénophobe et raciste

Les citoyennes et les citoyens de ce pays sont profondément inquiets que leur conditions et leur cadre de vie continuent de se dégrader. L’UDC a gagné en prenant appui sur ce sentiment d’insécurité.

Mais sa victoire n’est rien d’autre que celle de la tradition nationaliste, xénophobe et raciste que portent depuis près d’un siècle les autorités suisses.

En 1991, le Conseil fédéral présente au parlement son projet de nouvelle politique des étrangers en vantant le fait qu’elle réservera les autorisations de séjour aux « ressortissants des pays ayant les idées européennes (au sens large).

En 2006, le Conseil fédéral, le parlement, les partis de droite et l’UDC parmi eux triomphent: la nouvelle loi sur les étrangers est adoptée contre le référendum lancé par la gauche.

En 2007, l’UDC impose sans coup férir l’imagerie du mouton noir, seuls les réseaux militants antiracistes s’y sont opposés.

En 2009,triomphe l’initiative antiminarets, le premier texte législatif national contre les musulmans adopté en Europe. Aucune véritable campagne pour la combattre n’était impulsée par les partis gouvernementaux. Il faut rappeler qu’en 1893 la Suisse s’était déjà illustrée avec la première mesure législative antisémite en Europe: l’initiative contre l’abattage rituel.

En 2010, triomphe l’initiative contre les étrangers criminels…

Et tout au long de ces années, la vie politique est polluée d’affiches, de slogans racistes et xénophobes qui ne soulèvent aucune vague d’indignation nationale.

Ce 9 février 2014, les ressortissants des pays « qui n’ont pas les idées européennes » ne sont plus seuls à être stigmatisés. Ce sont désormais aussi les ressortissants des pays voisins. Faut-il se rappeler les phrases célèbres du pasteur Martin Niemöller et leur conclusion « et lorsqu’ils sont venus me chercher, il n’y avait plus personne pour protester.

ACOR SOS Racisme s’efforce depuis 20 ans d’alerter les acteurs politiques, l’opinion publique, les citoyennes et les citoyens de toutes origines sur les dangers que porte la constante politique xénophobe et raciste.

Nous poursuivrons notre action avec l’espoir d’être entendus: seul un large combat déterminé contre le racisme systémique permettra de s’engager de façon féconde sur le chemin de la solidarité. Quels que soient nos nationalités, nos religions, nos statuts, ce n’est que tou-te-s ensemble que nous pourrons lutter, pour nos conditions de vie et notre cadre de vie.

ACOR SOS Racisme

Pour contact Karl Grünberg 079 771 68 47

(*) Doudou Diène, rapporteur spécial sur le racisme auprès de l’ONU:

« Quant à la Suisse, mon intérêt a été plus particulièrement éveillé par les nombreuses votations qui s’y sont tenues sur la question des étrangers. Votre démocratie directe est en soi une bonne chose, mais le fait que ce sujet revienne aussi régulièrement en votation ne doit pas vous interdire de vous interroger. D’autant que certaines plates-formes xénophobes occupent largement ce terrain. J’ai ainsi été particulièrement frappé, lors de la campagne sur la naturalisation facilitée en 2004, par ces affiches où l’on voyait des mains brunes et crochues chercher à s’emparer de passeports suisses… Je dirais que le racisme est profond en Suisse ».

Voir aussi notre billet « Stopexclusion sur la votation de ce dimanche 9 février 2014« , publié sur notre site, le 9 février 2014.