Le 13 juin prochain nous serons appelés à nous prononcer sur un arrêté fédéral urgent ainsi que sur une nouvelle loi sur l'asile. Nous vous demandons de rejeter ces deux textes qui consacrent une politique de refus et d'intolérance, indigne de notre pays. Restons fidèles à l'image que la Suisse entend donner d'elle-même, celle d'un pays juste et respectueux d'autrui, fier de sa tradition humanitaire. Cette votation doit être pour nous l'occasion d'affirmer notre attachement aux droits de la personne humaine.
Depuis l'adoption de la loi sur l'asile en 1979, inspirée des principes énoncés dans la Déclaration universelle des Droits de l'Homme, des révisions successives sont venues peu à peu l'éloigner de son esprit. Conçue à l'origine pour offrir un refuge stable aux femmes et aux hommes persécutés, cette loi est devenue une arme redoutable contre les réfugiés. Pourtant, l'exil n'est pas un choix, c'est avant tout un déchirement, une solution ultime. Les requérants d'asile qui viennent chercher refuge dans notre pays fuient des situations de guerre, des persécutions. En centrant leurs discours exclusivement sur les « abus », les autorités attisent et légitiment les sentiments xénophobes, pour mieux justifier une politique inacceptable d'exclusion. La législation qui nous est proposée l'illustre trop clairement. Accepter cette révision du droit d'asile, c'est aussi implicitement accepter que la peur de l'autre et la démagogie puisse dicter sa conduite à notre pays.
Les autorités fédérales ont recouru au droit d'urgence, comme pour mieux préserver la population suisse d'un danger imminent... d'envahissement ? Ces dispositions portent avant tout atteinte au statut de réfugié en s'attaquant aux plus menacés. Or, si les demandes d'asile ont sensiblement augmenté ces derniers mois, en raison de la guerre en Kosove, les décisions d'octroi de l'asile ont parallèlement diminué. Avec notre législation actuelle, seule une infime partie ( 9 % ) des requérants accède au statut de réfugié. Les autres, ceux qui ne répondent pas aux critères requis, sont refoulés. Actuellement les réfugiés statutaires autorisés à rester en Suisse représentent moins de 0,3 % de la population de notre pays. Rien ne vient donc justifier une nouvelle législation qui exclut, entre autres, les requérants sans papier et instaure un véritable droit d'exception. Les requérants se verront supprimer les garanties élémentaires d'une procédure équitable, valables pour tout citoyen. Méfions-nous de ce mécanisme pervers qui pourrait toucher demain d'autres catégories de la population.
Les textes sur lesquels nous nous prononcerons le 13 juin détournent de sa raison d'être le droit d'asile qui n'est plus conçu pour offrir une protection aux personnes persécutées mais pour se débarrasser d'un maximum d'entre elles. N'acceptons pas que des victimes soient remises aux mains même de leurs bourreaux. Ne cédons pas à une politique de repli, à une Suisse sans âme ni projet de société qui désigne à l'emporte-pièce des boucs émissaires lorsque des tensions sociales viennent perturber sa quiétude. Défendons notre attachement à la justice, à la solidarité avec tous les exclus, quels qu'ils soient et d'où qu'ils viennent. Disons donc 2 X NON le 13 juin.
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