Archives Vivre Ensemble

Service de presse
4. Non entrée en matière : sur le modèle de l'UDC

Service de presse N° 1 - 15 avril 1999

Annexe : Exposé relatif aux intentions du comité référendaire en vue du 13 juin 1999

(donné lors de la conférence de presse du 15 avril à l'hôtel Bern, Zeughausgasse 9)

1. Une campagne d'explication

Nous avons un problème : cette loi est complexe (par ses aspects techniques et juridiques) et elle touche à beaucoup de choses (des dizaines de modifications négatives). Il est donc difficile d'en expliquer tous les aspects. Pourtant, les citoyens ont le droit d'être informés.

Le DFJP a jeté un écran de brouillard sur ce durcissement généralisé du droit d'asile en mettant constamment en avant le « nouveau » statut des réfugiés de la violence. Mais celui-ci n'a pratiquement rien de nouveau, sauf le nom : l' « admission » provisoire collective (actuellement inscrite dans la loi sur le séjour et l'établissement des étrangers) devient la « protection » provisoire collective. Pour les intéressés, au moins pendant cinq ans, rien ne change. C'est toujours le statut des requérants d'asile qui leur est appliqué pour tout ce qui touche au logement, à l'assistance et au travail.

Par contre, ce qui est fondamentalement nouveau, c'est le statut des réfugiés selon la loi et la Convention de Genève. A l'avenir, il ne sera plus accessible aux principaux groupes de réfugiés, ceux qui viennent de pays en guerre et qui comportent en leur sein le plus grand nombre de réfugiés directement persécutés (selon la définition officielle). Les Albanais de Kosove en seront les premières victimes. Faire comprendre ce genre de distinction est un défi pour tous ceux qui ont à faire un travail d'information.

Mais il y a aussi quantité d'autres choses à dire. La définition des « réfugiés de la violence » à fait couler beaucoup d'encre alors qu'elle n'a aucun caractère normatif (il ne s'agit que d'une « Kann-Vorschrift » au contenu non délimité puisqu'il commence par un « notamment », alors que les changements de procédure qui discriminent les réfugiés et les empêche de se défendre (féries, langue, notification), n'ont pratiquement pas été présentées dans les médias.

Face à la majorité politique qui a voté cette loi dans la confusion (elle contient même deux divergences majeures entre le texte français et le texte allemand !), plus de 50'000 citoyens ont fait aboutir un référendum pour avoir le droit à la parole dans un grand débat national. C'est le jeu de la démocratie directe, et nous espérons bien que le point de vue des opposants à la loi pourra désormais être présenté au public à égalité de place et de temps face au point de vue des partisans du durcissement, qui a prévalu jusqu'ici.

2. Une campagne de mobilisation

Nous avons un autre problème : c'est qu'il n'y a pas d'argent dans nos caisses pour payer un mailing tous ménages, une campagne d'affichage nationale ou une série d'annonces dans la presse quotidienne. Notre budget se limite à fr. 170'000.- , répartis pour moitiés en salaires pour un petit secrétariat et pour moitié en frais d'impression et de réalisation de notre matériel.

Notre seule force, c'est la solidarité concrète de ceux qui, dans ce pays, ne se résignent pas au démantèlement du droit d'asile. Près de 4'000 personnes nous ont commandé des feuilles de signatures et nous ont soutenu financièrement pendant la récolte de signature. Il est intéressant de relever à ce propos que, selon une vérification faite à Genève à partir de 500 adresses, la moitié de ces militants n'étaient pas connus jusque là des réseaux de solidarité et des organismes de défense du droit d'asile. La dynamique référendaire a aussi conduit à la création de nouveaux comités dans des régions où il n'y avait plus guère de structure militante (AG, FR, JU, SH, SG).

Comme nous l'espérions, un nouveau mouvement qui est en train de naître, et c'est sur cette base que nous allons nous appuyer pour mener campagne. Un montage audio-visuel est à la disposition de nos groupes pour animer des stands et des débats à l'échelle locale. Un journal de votation sera distribué par nos militants à plus de 400'000 exemplaires. La ligne graphique imaginée par un jeune graphiste lausannois, Albin Christen, et qui exprime bien la complémentarité et le désir de se rejoindre qui relie les êtres humains au delà des frontières, se démultipliera sur des affichettes, des cartes postales et des autocollants.

Nous chercherons aussi à aller à la rencontre du public à travers quelques actions plus originales. Une série d'émissions sur l'asile sont déjà en cours de diffusion sur une demi-douzaine de radios locales alémaniques. Un groupe de musique hip hop formé de réfugiés, les Friends-United Refugees, fera une tournée de concerts, et le un recueil de poèmes illustrés sur l'exil financé par un mécène anonyme sera diffusé en Suisse romande au profit de la campagne.

D'ores et déjà, il est certain que le mouvement de solidarité en faveur des réfugiés sortira renforcé de cette campagne, et nous espérons bien que le grand public pourra aussi être atteint par une information critique, avec votre collaboration, à l'occasion du débat qui va se développer dans les médias d'ici au 13 juin.

Yves Brutsch
Coordinateur romand Asile.ch

[Haut de page]