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Notre regard

Entretien | Aldo Brina, permanent de l’Observatoire romand du droit d’asile et des étrangers

Aldo Brina, 26 ans, travaille depuis janvier 2007 à l’Observatoire romand du droit d’asile et des étrangers (ODAE romand). Fasciné par le phénomène des migrations, interpellé par le durcissement de la politique d’asile en Suisse, il explique son engagement pour une application des lois donnant la priorité au respect des droits humains.

Aldo Brina, comment avez-vous été amené à travailler pour l’Observatoire du droit d’asile et des étrangers?

Pendant mes études de sciences politiques, j’ai été bénévole auprès du 
Groupe sida-Genève. J’ai découvert, dans 
le cadre d’un projet de prévention destiné aux migrants, les difficultés d’accès aux soins pour ceux qui vivent dans des conditions très précaires, par exemple les personnes sans papiers ou frappées d’une NEM. Au terme de mes études, j’ai travaillé huit mois pour Médecins du Monde à Neuchâtel. Ils travaillent entre autres sur la question de l’accès aux soins pour les migrants. A cette occasion, j’ai participé de loin à la campagne référendaire de 2006. Puis j’ai eu connaissance du projet de l’ODAE. J’ai postulé pour le poste de permanent et j’ai été engagé.

Ce qui vous a motivé à vous engager dans ce projet?

Le rôle de l’ODAE, qui est de fournir des renseignements concrets sur l’application des lois. Nous recueillons des informations sur des situations individuelles, puis nous rédigeons des fiches et des brèves que nous diffusons. Ce projet m’a tout de suite intéressé parce ce qu’il permet de lutter à la fois contre le manque d’empathie et la méconnaissance. Je suis moi- même tombé des nues en voyant certaines situations de détresse que je n’imaginais pas pouvoir exister en Suisse. 
D’autre part, les questions liées aux migrations me fascinent. Né en Suisse, je peux aller partout, alors qu’il est impossible pour le 80% des individus qui composent notre planète de voyager légalement dans d’autres pays!

Quelque chose qui vous a particulièrement marqué ?

J’ai vécu une expérience très forte en tant que bénévole pour la Ligue suisse des droits de l’homme lors de visites au centre de détention administrative de Frambois. Les mesures de contrainte représentent en effet l’épilogue de tout un parcours migratoire. Les personnes détenues expriment, souvent très crûment, des sentiments d’injustice, d’amertume, de déception. Il est inquiétant de voir comment se mettent en place des mécanismes administratifs d’exclusion de plus en plus dépourvus de considération humaine. Et je pense qu’il est illusoire de croire que cette façon de faire ne peut toucher que des personnes migrantes…

Que peut faire l’ODAE?

Les informations que nous diffusons permettent de mettre en évidence la réalité vécue par les demandeurs d’asile. 
Des politiciens s’appuient sur nos fiches pour faire des interpellations. Diverses organisations commencent à les utiliser. Les médias les reprennent aussi. Un travail de conscientisation se met en place. 
En observant les étrangers, nous observons aussi notre manière d’accueillir. Cela permet de réfléchir sur nos valeurs et sur nos peurs.

Un élément positif de votre travail?

Personnellement, je trouve qu’il est important de faire quelque chose en quoi on croit. Et j’ai la chance de rencontrer, dans mon travail, des personnes qui, par leurs convictions, donnent un sens à ce qu’elles font.

Propos recueillis par Nicole Andreetta