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Statistiques

Caractéristiques des demandes d’asile

Demandes d’asile par pays de provenance

Selon le contexte géopolitique, le nombre de demandes d’asile des différentes nationalités peut varier d’une année à l’autre. Le graphique ci-dessous permet de visualiser le nombre des demandes de principaux pays d’origines depuis 1986.

!!L’échelle de l’axe vertical s’adapte aux effectifs des différents pays de provenance. Prudence en cas de comparaison !!!

Contextualisation sommaire pour certains pays

La persécution, la violence généralisée, la discrimination et la guerre sont la raison des flux migratoires de millions de personnes à travers le monde – dont une toute petite partie vient jusqu’en Suisse pour demander une protection.

Outre les Chroniques Monde, nous vous invitons à retrouver les informations/documentation par pays dans notre moteur de recherche.

Érythrée +

Nous observons un nombre très faible de demandes d’asile de ressortissant·es érythréen·nes jusqu’au milieu des années 2000. La guerre avec l’Éthiopie, l’état d’urgence décrété en 1998 et l’autoritarisme croissant de la dictature d’Aferwerki conduisent à des violations systématiques des droits humains. De nombreux Érythréens quittent le pays afin de trouver refuge dans les pays voisins et lointains.

Retrouvez ICI tous les articles en lien avec l’Érythrée.

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Syrie +

L’augmentation importante des demandes d’asile de ressortissant·es syrien·nes est concomitante au début de la guerre menée par le régime de Damas contre sa population au moment du « Printemps arabe ».  Plusieurs millions de Syrien·nes ont été contraint·es de fuir. Une majorité a été déplacée à l’intérieur du pays, parfois à plusieurs reprises, et la plupart des réfugié·es syrien·nes a trouvé refuge dans les pays voisins de la Syrie (Liban, Jordanie, Turquie, Irak etc.).

Retrouvez ICI tous les articles en lien avec la Syrie.

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Nigéria +
Somalie +

La Somalie a connu une histoire sanglante avec 25 ans de conflit armé ainsi qu’un contexte de sécheresse importante qui a rendu le pays et ses habitants vulnérables et provoqué des famines importantes.

Retrouvez ICI tous les articles en lien avec la Somalie.

Turquie +

La persécution des Kurdes en Turquie et le début des affrontements entre le PKK et l’armée turque a depuis les années 80 poussé des milliers de Kurdes à fuir leur pays natal. S’ajoute depuis quelques années de nombreux Turques, notamment des chercheurs·euses, journalistes, écrivain·es persécuté·es par le gouvernement d’Erdogan pour des motifs politiques (Turquie | Dérive autoritaire [2016] publié dans VE 158 / juin 2016).

Retrouvez ICI tous les articles en lien avec la Turquie.

Ex-Yougoslavie +

La fin de la république fédérative socialiste de Yougoslavie est accompagnée d’une série de conflits entre 1991 et 2001 (voir Timeline ci-dessous). Ces guerres ont provoqué des milliers de victimes – on estime le nombre de mort·es à 140’000 ainsi qu’environ 2,4 millions de réfugié·es et 2 millions de déplacé·es. Une majorité s’est déplacée à l’intérieur de leur pays ou dans un pays voisin : la Croatie a accueilli près de 750’000 réfugié·es du Kosovo, de Bosnie-Herzégovine et des déplacé·es internes.

L'effondrement de l'ex-Yougoslavie a donné lieu à des tensions pour le partage des territoires et à des déplacements de populations. Beaucoup de personnes ont été persécutées en raison de leur appartenance ethnique ou religieuse.

Afghanistan +

Durant longtemps, les demandes d'asile des ressortissant·es en Suisse se situaient à un niveau relativement modeste, quelques centaines par an. Elles ont commencé à augmenter vers 2009, au moment où la situation sécuritaire en Afghanistan se détériore. Le pic de 2015 correspond à l'ouverture de la route des Balkans, date à laquelle les demandes d’asile ont considérablement augmenté en Suisse, comme dans l’ensemble de l’Europe. Les demandes des Afghan·es représentent environ 20% du total des nouvelles demandes d’asile. La prise de pouvoir des talibans en 2021 a poussé de nouvelles personnes à fuir le pays. Si la majorité a trouvé refuge dans les pays limitrophes, une petite partie a cherché une protection en Suisse.

Quelques dates clés

  • 1975-89: Occupation soviétique
  • 1996: Arrivée au pouvoir des talibans
  • 2001: Attentat contre les World Trade Center et occupation US
  • 2009: Élections d'Hamid Karzai et nette dégradation de la situation sécuritaire avec: la progression des talibans
  • 2014: Instabilité politique suite à de nouvelles élections contestées et nouvelle détérioration de la situation sécuritaire.
  • 2019-2020: Les États-Unis de Donald Trump négocient avec les talibans et aboutissent à un accord en février 2020 sur le désengagement. Talibans et Daesh ciblent prioritairement les représentants et forces gouvernementales et cherchent à torpiller les élections. 2019 est considérée comme l'année la plus meurtrière depuis 2009.
  • 2021: En août, les talibans entrent dans Kaboul et les États-Unis ainsi que leurs alliés quittent le pays en catastrophe.

Lire aussi nos Chroniques monde sur l'Afghanistan

Les demandes d'asile primaires et secondaires

Les données sur les nouvelles demandes d'asile constituent un élément clé de la politique d'asile en Suisse. Le nombre des demandes influence l'opinion publique et les projets politiques. Or, une clarification sur ce que le Secrétariat d'État aux  migrations (SEM) entend par nouvelle demande d'asile révèle que les naissances sont comptées dans la catégorie demandes secondaires. Nous pouvons donc constater une surestimation des nouvelles demandes avec la prise en compte des nouveau-nés dans les statistiques.

Bébés et regroupements familiaux

Les demandes secondaires se composent des naissances, regroupements familiaux et des demandes multiples. Sous naissances ne sont pas uniquement considérées les naissances des personnes de requérantes d'asile (titulaires d'un permis N) mais également les inclusions des enfants nés des personnes titulaires d'un permis F ou de réfugiés statutaires. Pour les regroupements familiaux, on considère le regroupement comme une nouvelle demande d'asile dans le cas où les personnes font valoir leurs propres motifs d'asile.

L'évolution de la répartition des demandes secondaires nous permet de saisir les éléments explicatifs de l'augmentation des demandes secondaires de manière absolue et relative. L'augmentation des demandes secondaires est principalement expliquée par une augmentation des naissances depuis 2010 (avec une légère baisse en 2020) ainsi que la prise en compte des demandes multiples dans les statistiques en 2014. Toutefois, le nombre de naissances dans les demandes secondaires reste relativement stable depuis quelques années. Il représentait près de la moitié de celles-ci en 2023. A noter la part plus importante des demandes multiples en 2023, liée au changement de pratique par les autorités à l'égard des femmes et des filles afghanes. Nombre d'entre-elles déjà en Suisse avec un permis F ou déboutées ont pu demander un réexamen de leur demande de protection pour l'obtention d'un permis B réfugié.

Demandes secondaires: le cas des Érythréen·nes 

Selon la nationalité les demandes secondaires peuvent constituer une part importante des chiffres des "nouvelles demandes d'asile" et donc gonfler les chiffres de manière importante. Tel est le cas pour les données relatives aux ressortissant·es Erythréen·nes.

Le cas particulier des Erythréen·nes montre à la fois une baisse des demandes d'asile depuis 2015, ainsi qu'un déplacement de la nature des demandes vers une majorité de demandes secondaires. En 2019 près de 90% des requêtes des ressortissant·es érythréen·nes sont des demandes secondaires et non des entrées en Suisse. Les discours portant sur une augmentation constante des demandes émanant de ressortissant·es erythréen·nes voile cette réalité-là.

En 2021, de ces 1642 demandes secondaires la majeure partie (80%) des demandes comptabilisées sont des naissances d’enfants de personnes arrivées en Suisse dans le cadre de l’asile et étant en procédure ou ayant déjà obtenu une protection. 

Lire également

Relocalisations

160000
places initialement prévues suite à la décision des Etats européens de mettre en place un système de relocalisation (en 2016 et 2017).
34689
personnes finalement relocalisées en Europe.
1500
relocalisations en Suisse.

Dans le contexte des grands flux migratoires de 2015 et suite à la décision des États européens de mettre en place un système de relocalisation (en 2016 et 2017), la Suisse a pris en charge 1500 personnes arrivées dans d'autres pays de l'Union Européenne (de Grèce et d'Italie). Les relocalisations ont été ajoutées aux données des nouvelles demandes d’asile. Les États européens ont relocalisé 34'689 personnes depuis la Grèce et l'Italie dans le cadre du programme de relocalisation, au lieu des 160'000 places initialement promises.