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News | Election de Perrin et gestion du centre d’accueil de Perreux

Début de campagne chahuté pour Yvan Perrin

NEUCHÂTEL • Le candidat UDC doit gérer l’impact de l’affaire du centre d’accueil de Perreux, dans laquelle la société qu’il codirige est impliquée.

Article de Claude Grimm paru le 19 février 2013 dans Le Courrier. L’article peut être consulté ici.

La campagne électorale du conseiller national UDC Yvan Perrin semble plutôt mal partie. Alors qu’il a affirmé son ambition d’accéder au Conseil d’Etat dès le premier tour des élections cantonales neuchâteloises le 14 avril, sa campagne lancée jeudi dernier semble déjà avoir dévié de son slogan «le bon sillon pour notre canton».

Vendredi, la nouvelle de l’ouverture d’une enquête pénale pour abus de la faiblesse à l’encontre de huit personnes travaillant au centre de requérants d’asile de Perreux, dont cinq sont employées par l’agence de sécurité NSA Sécurité, a fait l’effet d’une petite bombe: Yvan Perrin est en effet le codirecteur de cette société. Les trois autres personnes soupçonnées, dont deux ont été suspendues pour les besoins de l’enquête administrative, sont employées par le Service des migrations (SMIG).

La société de sécurité jette l’éponge

Hier, en fin de journée, on apprenait dans un communiqué de la Chancellerie que «l’agence de sécurité qui œuvrait au sein du centre de Perreux depuis un an a abandonné avec effet immédiat le mandat qui la liait au SMIG». Ainsi, depuis hier soir, la sécurité est assurée par une autre agence de sécurité privée. En raison des enquêtes en cours, nous n’avons pas pu obtenir d’informations complémentaires. Malgré nos appels répétés, nous n’avons pas non plus pu atteindre Yvan Perrin.

Le mandat provisoire accordé à la société NSA Sécurité a fait l’objet d’un crédit urgent de 864 000 francs voté en octobre dernier par le Grand Conseil. Ce contrat n’aurait pas été renouvelé au début de cette année, très certainement à cause de l’enquête lancée par le ministère public en décembre dernier. Jusqu’à avant-hier soir, la sécurité aurait ainsi été assurée par cette entreprise «au jour le jour».

La sécurité au cœur de la campagne de l’UDC

Ironie de l’histoire, l’UDC a justement fait de la sécurité au centre d’accueil de Perreux, et plus globalement, l’un de ses thèmes phares de campagne. Elle ne mâche pas ses mots: «La recrudescence des délits est due en grande partie aux requérants d’asile du centre d’accueil de Perreux et pour le reste des accords de Schengen. Malgré les belles déclarations récentes des conseillers d’Etat Thierry Grosjean et Laurent Kurth, la situation devient aujourd’hui intenable. La sécurité à l’intérieur du centre et surtout la sécurité de la population ne sont absolument plus assurées», dénonce le parti dans son programme.

Du côté de l’UDC, Walter Willener, membre du comité directeur du parti, estime qu’il n’y a pas de hasard en politique. «Nous nous attendions à être attaqués, mais pas aussi rapidement. C’est le signe que la candidature d’Yvan Perrin fait peur.» Il ajoute: «A priori, je ne vois pas en quoi cela peut influencer négativement la campagne d’Yvan Perrin. Au registre du commerce, seul le directeur (Nicolas Rohrbach, ndlr) est inscrit comme membre de la direction. Le statut de codirecteur d’Yvan Perrin est un titre interne qui n’apparaît que sur sa carte de visite. Au niveau juridique, il n’a aucune responsabilité dans l’entreprise.» Lors du lancement de sa campagne, Yvan Perrin s’est en effet présenté en tant que «consultant en sécurité» et c’est cette fonction qui apparaîtra sur la liste électorale. Walter Willener concède cependant que l’UDC n’était pas au courant de son titre de codirecteur.

Etat de santé questionné

Mais ce n’est pas tout. Les inquiétudes quant à l’état de santé de l’ancien vice-président de l’UDC suisse et de l’ancien inspecteur de la police judiciaire neuchâteloise ne sont pas écartées: alors qu’Yvan Perrin affirme être complètement remis de son burn-out de 2010, Le Matin a révélé mercredi dernier qu’il a été conduit en décembre 2012 en ambulance à l’hôpital de Pourtalés, où il est resté un jour. Les raisons de ce malaise ne sont pas claires: il serait dû à un excès d’alcool selon le quotidien romand, à un ennui gastrique selon son parti, et à la crainte, selon Yvan Perrin, de sombrer dans le même «trou noir» de 2010 à la suite de symptômes similaires.