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Documentation

Tribune de Genève | Guerre des chiffres « asile et criminalité »

L’UDC joue avec les chiffres de la criminalité

Pour l’Union Démocratique du Centre, la moitié des requérants d’asile en Suisse sont des criminels mais dans les faits, ils ne représentent que 9%.

Article écrit par Pascal Schmuck et publié par la Tribune de Genève le 15 avril 2013.

Le conseiller national UDC Christoph Mörgeli n’avait pas hésité à lancer la polémique à la mi-mars, dans sa chronique de la Weltwoche, déclarant que sur les 36’116 demandeurs d’asile enregistrés en 2010, 17’251 avaient été condamnés, soit la moitié.

L’ex-conseiller fédéral et mentor du parti Christoph Blocher était par la suite revenu à la charge sur sa chaîne privée Teleblocher, arguant que l’Office fédéral de la Statistique (OFS) cachait le phénomène.

Les chiffres que cite Christoph Mörgeli sont tirés d’une conférence de Christian Schwarzenegger, professeur de droit pénal et criminologie à l’Université de Zurich, et de son assistant David Studer. Ce dernier lève toute ambiguïté dans le Tages-Anzeiger: «Christoph Mörgeli a pris les mauvais chiffres. Ce montant de 17’251 concerne les condamnations d’étrangers sans domicile en Suisse.» Et de préciser que le chiffre correct est de 3167 condamnations pour les demandeurs d’asile, soit 9% du total.

Faux chiffres pour les jeunes requérants

Parmi les autres chiffres cités par Christoph Mörgeli dans la Weltwoche , figure le nombre de délits à la personne commis par des hommes entre 18 et 29 ans, soit 70% des demandeurs d’asile. Quant aux infractions à la loi sur les stupéfiants, cette part grimpe à 85%. Les délits avec violence représenteraient 70% et ceux d’atteinte au patrimoine environ 80%.

Là encore, ces chiffres sont faux, comme l’ont rapporté récemment les deux criminologues au quotidien zurichois NZZ. «Les représentations exactes des jeunes demandeurs d’asile sont de 7% dans les délits à la personne, de 16,5% dans les stupéfiants, de 7,8% dans les cas de violence et de 13,8% dans les atteintes au patrimoine.»

Les statistiques de la police en soutien

Ces chiffres se retrouvent dans les plus récentes statistiques criminelles de la police, qui ne comprennent pas seulement les personnes condamnées mais aussi celles qui ne l’ont pas encore été.

Il en ressort que 81’682 personnes ont été poursuivies en 2012, dont 38’161 Suisses et 43’521 étrangers qui représentent donc 53%. Le nombre de requérants d’asile impliqués s’élève à 5875, soit 7%, le reste étant composé d’étrangers domiciliés en Suisse à raison de 28% et 18% pour les autres étrangers, que ce soit des séjours courts, des touristes, des frontaliers ou encore des non entrées en matière.

Lire aussi sur la question:

> André Kuhn | Comment s’explique la surreprésentation des étrangers dans la criminalité