La Grèce doit se préparer à accueillir les réfugiés syriens malgré sa crise économique, dit le Haut commissariat des réfugiés des Nations unies
ATHENES, 17 avr 2013 (AFP) – L’exode massif en cours de réfugiés syriens fait craindre une crise humanitaire sans précédent et la Grèce doit se préparer à en accueillir malgré sa crise économique, ont estimé mercredi des responsables du Haut commissariat des réfugiés des Nations unies (HCR).
« La situation se détériore, mais nous ne considérons pas en Grèce que nous sommes encore dans une crise avec des afflux de Syriens. Nous devons néanmoins être prêts pour une situation de crise », a déclaré mercredi Giorgos Tsabropoulos, chef du bureau du HCR à Athènes.
Le nombre des réfugiés syriens arrivant en Grèce par les îles en mer Egée à partir de la Turquie, pays frontalier, est « en augmentation », selon le HCR, mais aucun chiffre précis n’est disponible.
Le nombre des personnes déplacées à l’intérieur de la Syrie est évalué à quatre millions – soit un habitant sur cinq qui a quitté son foyer- et le nombre des réfugiés à l’extérieur du pays à 1,35 million, présents surtout au Liban, en Jordanie, en Turquie, en Irak et en Egypte.
Selon le coordinateur régional du HCR, Panos Moumtzis, en poste à Amman, la capitale de la Jordanie, les opérations d’aide aux réfugiés syriens arrivent à un point de rupture, et pourraient devenir « explosives » dans les prochains mois.
« Le 28 mai à Genève, nous devons réviser notre plan d’accueil de ces réfugiés », a dit M. Moumtzis à l’AFP. « Nous prévoyons jusqu’à un triplement possible des chiffres actuels » si aucune solution politique n’est amorcée, a-t-il ajouté.
« Nous n’encourageons pas la construction de camps, nous préférons l’accueil en ville quand c’est possible », a-t-il souligné.
« En décembre, nous avons présenté un plan fondé sur la possibilité d’accueillir 1,1 million de personnes, nous avons été accusés à l’époque d’être trop pessimistes, mais à la fin mars, nous en étions déjà à 1,35 million de réfugiés syriens, » ajoute M. Moumtzis.
Il s’est déclaré « impressionné » par la qualité de l’accueil au Liban et en Jordanie, où malgré la crise, les frontières restent ouvertes et les gouvernements tentent de mettre à disposition des familles le système scolaire et de santé.
En Grèce, M. Moumtzis doit rencontrer d’ici à la fin de la semaine des responsables gouvernementaux pour examiner l’état de la préparation de ce pays qui, en octobre, s’était dit disposé à accueillir jusqu’à 20.000 réfugiés de Syrie, sur les îles de Rhodes et de Crète.
Ce plan d’accueil porte le nom de « Ioni », première colonie de la Grèce antique en Syrie.
Jusqu’à présent, la plupart des réfugiés syriens se retrouvaient dans des centres de rétention pour immigrés clandestins pendant plusieurs semaines, et les demandes d’asile sont en général rejetées, a dénoncé le HCR, regrettant l’absence de « système juste de protection de ces gens ».
Très peu de Syriens arrivant en Grèce demandent l’asile et en 2012, sur 152 demandes en première instance, 150 ont été rejetées, selon le HCR.
Un responsable du ministère grec de l’Ordre public et de la protection du citoyen, Emmanuil Katriadakis, a assuré qu’à leur arrivée les réfugiés syriens allaient désormais bénéficier d’un permis provisoire de séjour de six mois renouvelables. Par ailleurs, selon lui, ils ne restent depuis le 9 avril que de un à trois jours en centre de rétention, le temps de les identifier.