Aller au contenu
Documentation

HCR | Des réfugiés syriens arrivent à Paris après un long périple

A quelques pas du boulevard périphérique, un groupe d’enfants syriens joue au football dans la rue. Leurs mères sont assises sur le trottoir sur des sacs de couchage. Certaines font des allers et retours dans la rue avec leurs bébés dans des poussettes.

Article de William Spindler publié sur le site du HCR, le 29 avril 2014. Cliquez ici pour lire l’article sur le site de l’HCR.

Il y a un vieil homme qui marche avec des béquilles, un petit garçon à qui il manque un bras et au moins deux femmes enceintes. Un Syrien explique avoir été torturé en détention, il montre ses cicatrices. Ils font partie d’un groupe d’environ 200 Syriens qui campent depuis plusieurs jours dans un parc à St-Ouen, une banlieue populaire au nord de Paris.

Le long périple vers la France est périlleux depuis ce pays déchiré par la guerre. Il est semé d’embuches administratives et de dangers physiques. La plupart de ces Syriens sont originaires des villes de Homs, d’Alep et de Lattaquie. Ils ont d’abord fui vers le Liban voisin, puis ils ont lentement progressé à travers l’Afrique du Nord vers l’enclave espagnole de Melilla. Certains possédaient des documents de voyage valables. D’autres ont dû ruser pour traverser des frontières étroitement surveillées dans leur quête de sécurité en Europe.

« A Alep, j’avais un restaurant », explique un jeune homme qui porte des lunettes et une barbe finement taillée, alors que deux jeunes enfants sont agrippés à ses jambes. « Mais quand la guerre est arrivée, j’ai dû fuir avec mes deux jeunes enfants et ma femme qui est enceinte. Pour traverser la frontière, j’ai dû cacher les enfants dans un sac et le porter à l’épaule… je voudrais désormais rester en France, un pays où les droits de l’Homme sont respectés et où les enfants peuvent grandir dans la sécurité. »

Au contraire d’autres pays européens comme l’Allemagne ou la Suède, la France n’a reçu à ce jour que peu de demandeurs d’asile syriens. La situation pourrait changer. « Ma famille est en route vers la France », explique au HCR un homme trapu d’âge moyen qui porte une veste en cuir.

« Mes proches ont quitté Homs et ils se trouvent aujourd’hui en Algérie. Je leur ai dit de venir en France car ici, c’est un bon pays et nous pouvons recevoir de l’aide. »

Après avoir été alertés par l’association Revivre -qui vient en aide aux Syriens en France- sur la présence de familles syriennes dans le parc, le HCR et l’association France Terre d’Asile, se sont rendus à St-Ouen pour évaluer la situation.

« Nous avons identifié environ 40 familles syriennes dans ce parc », explique Florence Boreil, du HCR. « Il y a beaucoup d’enfants, certains d’entre eux sont blessés. Il y a aussi des femmes enceintes et des personnes ayant besoin de soins médicaux. Ils restent dans ce parc durant la journée et, la nuit, ils dorment dans des hôtels payés par des associations locales de charité, dans des vieilles voitures ou dans la rue. Nous devons agir très rapidement. Beaucoup d’enfants et d’adultes qui avaient besoin de soins médicaux ont été transportés à l’hôpital. »

Le HCR a contacté les autorités locales et nationales pour s’assurer que les Syriens pourront déposer des demandes d’asile et que leurs besoins d’hébergements seront satisfaits d’urgence.

« Il y a une pénurie d’hébergement pour les demandeurs d’asile, particulièrement à Paris et dans d’autres grandes villes », explique Philippe Leclerc, Représentant du HCR à Paris. « Le problème est structurel, mais les autorités étudient les cas de ces familles syriennes en priorité et des solutions vont être trouvées pour elles. Deux familles ont déjà été transportées vers Roanne et Chambéry, où des hébergements temporaires leurs seront fournis. D’autres iront à Vichy, Besançon et dans la région du Pas-de-Calais. »

Les entretiens avec ces Syriens dans le cadre de l’obtention du statut de réfugié ont débuté et l’Office français pour la protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) a promis d’accélérer la procédure d’octroi d’asile et de rendre une décision d’ici la prochaine quinzaine. Les services de la préfecture de Paris et de l’Office français pour l’immigration et l’intégration (OFII) se sont également mobilisés rapidement pour répondre à cette situation inhabituelle. Normalement, le délai moyen pour la décision de première instance sur les demandes d’asile en France est de six mois bien que, dans le cas des Syriens, la période de traitement du dossier avait déjà été réduite à trois mois.

« C’est finalement une expérience extrêmement utile pour nous tous », conclut Philippe Leclerc, « particulièrement à une période où le gouvernement prépare une réforme majeure du système d’asile à laquelle nous participons avec la société civile. Le nombre des demandeurs d’asile syriens devrait augmenter et nous nous devons d’être prêts à les accueillir dignement. »