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Le Courrier | Requérants d’asile: des Erythréens protestent auprès de l’EVAM

Ils sont une vingtaine à avoir fait le déplacement. Hier matin, un groupe de requérants d’asile érythréens est venu remettre une pétition au directeur de l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM). Ces jeunes hommes – entre 20 et 30 ans pour la plupart – protestent contre leurs conditions d’hébergement dans des abris de la protection civile. Ils sont tous logés dans des structures de la région lausannoise.

Article de Mario Togni publié dans Le Courrier, le 26 août 2014. Cliquez ici pour lire l’article sur le site du Courrier.

«Nous avons fui notre pays pour échapper à des graves persécutions en espérant pouvoir ensuite avoir une vie paisible, écrivent-ils. Nous avons accompli un voyage long et dangereux pour arriver en Suisse. Lorsque nous avons été attribués au canton de Vaud, nous avons été hébergés dans des bunkers. Les conditions de vie y sont insupportables. Elles nous paraissent parfois s’approcher de celles que nous subissions en Erythrée.»

Les migrants disent avoir l’impression d’être enfermés en prison. L’air est vicié, le sommeil difficile, la nourriture tous les jours la même. «Nous ne sommes pas en sécurité, nos affaires se font systématiquement voler», ajoutent-ils dans la lettre signée par 26 compatriotes. A défaut de pouvoir être logés ailleurs – en surface –, ils réclament des aménagements urgents: que les abris soient ouverts 24 h/24, afin de pouvoir se reposer, qu’ils puissent se faire eux-mêmes à manger, etc.

Les membres du groupe ont des parcours divers mais la plupart ont effectué un long périple, traversé le Soudan et la Libye, avant de rejoindre l’Italie. Certains sont arrivés en Suisse il y a une année, d’autres il y a à peine un mois. «Pour moi, la Suisse était comme un rêve, témoigne un requérant de 26 ans. Mais ici, les gens sont laissés sans espoir.»

Il y a dix jours, plusieurs d’entre eux ont entamé une grève de la faim spontanée. Ils sont finalement entrés en contact avec le collectif de défense des migrants Droit de rester, qui les accompagne désormais dans leur démarche. «L’EVAM applique des règlements chicaniers et procéduriers pour pousser les gens à bout, les forcer à quitter les structures d’hébergement», dénonce le collectif dans un communiqué.

Hier, les migrants ont au moins réussi à remettre leur texte en mains propres au directeur de l’EVAM, Erich Dürst, dans les bureaux de l’institution à la route de Chavannes. Surpris de cette irruption, ce dernier s’est toutefois engagé à recevoir des représentants du groupe lundi prochain, après avoir pris connaissance de leurs revendications.

«Je comprends que c’est difficile pour eux, réagit le directeur de l’EVAM. Nous avons toujours dit que l’hébergement dans les abris PC était un pis-aller, ce n’est pas notre volonté. Mais nous n’avons pas d’autre option pour l’instant.» La situation ne devrait pas s’améliorer à court terme, alors que le nombre d’arrivées de demandeurs d’asile reste élevé. L’EVAM a annoncé la semaine dernière l’ouverture d’un abri supplémentaire à Epalinges, dès le 2 septembre.