Chronique Europe | Du 3 mars au 18 mai 2014
3 mars
Les ministres de l’Union européenne responsables de l’immigration décident de lier l’aide au développement, les accords commerciaux et l’exemption de visa pour les pays tiers à la réadmission de leurs ressortissants expulsés d’Europe. Actuellement, plusieurs pays africains refusent de réadmettre leurs ressortissants, en particulier dans le cadre de rapatriements forcés.
17 mars
Sabria Khalaf, syrienne âgée de 107 ans, réussit finalement à rejoindre sa famille exilée en Allemagne. Malgré son âge, l’arrière-arrière-grand-mère avait fui le conflit avec son fils, passant par la Turquie puis par la Grèce, d’où son transfert vers l’Allemagne a été organisé. La plus vieille réfugiée jamais arrivée dans ce pays a ainsi eu la joie de connaître son arrière-arrière-petit-fils, né quelques jours plus tôt.
24 mars
Selon les chiffres publiées par EUROSTAT, 435’000 demandeurs d’asile ont été enregistrés en 2013 dans les 28 Etats européens, 100’000 de plus qu’en 2012. 70% des demandes ont été déposées en Allemagne, France, Suède, Royaume-Uni et Italie. Le taux de protection varie considérablement entre les pays de l’Union, selon la nationalité des demandeurs et des systèmes juridiques nationaux: dans certains Etats, la protection n’est souvent accordée qu’en deuxième instance. EUROSTAT rappelle que les pays avec un taux de protection élevé ne sont pas forcément ceux qui protègent le mieux les demandeurs d’asile. Le cas de Malte, avec un taux de protection de 84,25% et des conditions d’accueil désastreuses, est exemplaire. (voir également cet article).
8 avril
L’action de protestation de 200 demandeurs d’asile dans le quartier berlinois de Kreuzberg, en Allemagne, prend fin. Les candidats réfugiés protestaient depuis octobre 2012 contre les restrictions de mouvement à l’intérieur du pays, les conditions de logement inadéquates et la livraison de repas en nature. Ils ont résisté à plusieurs descentes policières et mené de longues grèves de la faim. Le gouvernement allemand leur accorde un logement ainsi que la suspension provisoire des ordres d’expulsion. Une victoire partielle et provisoire, estiment certains manifestants.
15 avril
Le Haut commissariat pour les droits humains (HCR) estime que les conditions d’accueil des demandeurs d’asile en Bulgarie se sont suffisamment améliorées pour la reprise des transferts Dublin. Mais pas pour les cas vulnérables précise le HCR, car des lacunes systémiques continuent d’exister (Vivre Ensemble, n°147).
15 avril
La section italienne de Save the Children exprime son inquiétude pour le sort des mineurs non accompagnés logés dans des structures de premier accueil en Italie. Les conditions seraient si mauvaises que les mineurs préféreraient disparaître dans la clandestinité, avec tous les risques que ceci comporte: travail des enfants, exploitation sexuelle, micro-criminalité. L’ONG demande au gouvernement italien une amélioration de la prise en charge. Depuis début 2014, 2’370 mineurs non accompagnés sont arrivés en Italie par la mer. La plupart sont érythréens, somaliens, égyptiens et syriens.
24 avril
Le bureau espagnol du HCR demande au gouvernement la mise en place de représentations de la Oficina de asilo y refugio, équivalent de l’Office fédéral des migrations, à la frontière des enclaves de Ceuta et Melilla. Les personnes à la recherche d’une protection internationale auraient ainsi la possibilité d’entrer en Espagne légalement et de manière sûre. Actuellement, les demandeurs d’asile sont obligés d’escalader la double clôture qui sépare le Maroc des deux villes autonomes, ou de payer une fortune pour obtenir un faux passeport marocain.
18 mai
Le journaliste italien Gabriele Del Grande (Fortress Europe) et d’autres activistes pour les droits des migrants lancent un appel à soutenir la finalisation du documentaire «Io sto con la sposa» («Je suis du côté de la mariée»). En novembre dernier, un groupe de demandeurs d’asile syriens ont entrepris un voyage clandestin à travers l’Europe, en se faisant passer pour un cortège de mariage. Partis d’Italie, ils ont traversé les frontières européennes jusqu’en Suède, où ils ont pu retrouver leurs proches. Idée géniale: qui arrêterait un cortège de mariage pour demander leurs papiers aux invités? Même s’il est conscient de risquer jusqu’à 15 ans de prison pour incitation à l’immigration clandestine, Gabriele Del Grande est convaincu de l’importance de ce projet pour sensibiliser le public européen aux problématiques de la guerre et de l’asile.