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Amnesty | Turquie: la protection des réfugiés de Syrie atteint ses limites

La Turquie applique une politique d’ouverture des frontières pour les Syriens. Mais en pratique seuls deux postes sont entièrement ouverts sur une bande frontalière de 900 kilomètres. Même à ces deux postes, les personnes qui n’ont pas de passeport se voient régulièrement refuser le passage, à moins qu’elles n’aient besoin d’une aide médicale ou humanitaire d’urgence. Échapper à la Syrie est un défi dangereux, si ce n’est mortel. Et de l’autre côté de la frontière, la protection est précaire.

Article de Andrew Gardner, chercheur d’Amnesty international sur la Turquie, publié sur le site de Amnesty international France, le 20 novembre 2014. Cliquez ici pour lire l’article sur le site d’Amnesty et cliquez ici ou sur l’image ci-dessous pour télécharger le rapport « Struggling to survive. Refugees from Syria in Turkey » (en anglais).

Struggling to survive

Les dangers de la frontière

Rejoindre un poste-frontière représente un périple long et risqué pour la plupart des réfugiés.

La plupart d’entre eux n’ont d’autre choix que de tenter de franchir la frontière à des points de passage non officiels.

Ces points de passage sont situés dans des zones de conflit. Ils sont d’accès difficile et dangereux et souvent, rien n’est possible sans l’appui de passeurs.

Les réfugiés se heurtent alors fréquemment à des violences.

Des réfugiés morts sous les balles turques

Entre décembre 2013 et août 2014, selon les informations que nos équipes ont recueillies, au moins 17 personnes ont été abattues par des gardes-frontières, qui ont tiré à balles réelles, à des points de passage non reconnus.

Beaucoup ont été rouées de coups ou ont subi d’autres mauvais traitements avant d’être refoulées vers la Syrie, en proie au conflit.

Les limites de la protection offerte par la Turquie

A peine 14% des 1,6 millions des réfugiés de Syrie vivent dans l’un des  22 camps bien équipés implantés en Turquie. Mais ces derniers ont déjà atteint leur capacité maximale d’accueil.

Ce sont donc près de 1,3 million de réfugiés de Syrie qui sont livrés à eux-mêmes en Turquie. Une très faible proportion bénéficie de l’aide d’organisations humanitaires.

Pour se nourrir et se loger, les familles prennent des mesures désespérées, faisant même parfois travailler leurs enfants.

Que fait la communauté internationale?

Les faits parlent d’eux-mêmes: la Turquie a dépensé quatre milliards de dollars pour faire face à cet afflux massif de réfugiés.

Parallèlement, seuls 28% des 497 millions de dollars assignés à la Turquie dans le cadre de l’appel de fonds régional 2014 des Nations unies en faveur des Syriens avaient été versés par les donateurs internationaux à la fin du mois d’octobre.

En septembre 2014, en trois jours, la Turquie a accueilli 130’000 réfugiés de Syrie. En trois ans, l’Union européenne dans sa totalité n’en avait pas accueilli autant.

« La Turquie a pris à sa charge une partie substantielle du poids financier de la crise. Le manque d’empressement des pays riches à assumer une plus grande responsabilité financière dans cette crise et à offrir un nombre décent de places de réinstallation est déplorable ».