IRIN | Nouveau blocus d’un camp de réfugiés palestiniens en Syrie
Les conditions de vie des réfugiés palestiniens vivant dans le camp établi dans la banlieue de Damas se sont considérablement détériorées au cours de ces dernières semaines, avec la mise en place de nouvelles restrictions sur les articles de secours. Ces restrictions ont entraîné une aggravation de la pénurie de produits alimentaires et d’eau potable ainsi qu’un manque de soins de santé décents, d’après des résidents.
Article publié sur le site de l’IRIN, le 3 février 2014. Cliquez ici pour lire l’article sur le site de l’IRIN.
[caption id="attachment_20618" align="alignright" width="300"] Camp de réfugiés de Yarmouk. Photo: European Commission DG ECHO (Flick)[/caption]
«Il y a deux mois, l’UNRWA acheminait des denrées alimentaires à Yarmouk», a dit Abdullah, un des 18’000 résidents du camp de Yarmouk, à propos de l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient. «Il n’y a plus rien maintenant, nous n’avons pas de nourriture… et les infirmières et médecins n’ont pas le droit d’entrer».
Il y a un an ce weekend, une terrifiante photo présentant des milliers de Palestiniens au visage émacié qui faisaient la queue lors d’une distribution alimentaire organisée par les Nations Unies, dans les ruines de Yarmouk, a attiré l’attention du monde sur cette crise – avec une campagne mondiale qui a conduit le gouvernement syrien à assouplir le siège et à autoriser la reprise de la distribution de l’aide pendant une bonne partie de l’année. Mais un an plus tard, le camp ne fait plus la une des médias et il semble qu’un nouveau blocus ait été mis en place.
Chris Gunness, le porte-parole de l’UNRWA, a dit qu’aucune aide n’avait été distribuée depuis le 6 décembre, mais que l’organisation demandait «tous les jours» au gouvernement syrien de lui autoriser l’accès. D’après M. Gunness, environ 400 colis alimentaires doivent être distribués chaque jour pour répondre aux besoins de base – l’organisation peut en acheminer jusqu’à mille, si nécessaire. «Nous n’avons eu aucun accès», a-t-il dit. «La situation s’est progressivement aggravée – [elle] était désespérée et elle est devenue plus désastreuse encore».
Le gouvernement syrien n’est pas le seul obstacle. La région a connu une grave escalade du conflit et même si le gouvernement délivrait des autorisations, les affrontements entre les groupes rebelles entraveraient les distributions.
A deux reprises au mois de décembre, des employés de l’UNRWA ne participant pas aux distributions d’aide ont dû être évacués après un tir de mortier. M. Gunness a dit qu’il appelait tous les groupes armés à accepter une trêve pour permettre la reprise de l’aide humanitaire.
« Une situation désespérée »
Les résidents du camp ont fait état d’une situation critique. L’électricité fonctionne de manière intermittente, il y a beaucoup de malades et les prix des combustibles ont connu une telle envolée que beaucoup de résidents ne peuvent plus chauffer leur domicile, alors que le Moyen-Orient vit quelques-unes des pires tempêtes de son histoire récente.
«Nous pouvons dire que nous avons trois grands problèmes: le premier est la nourriture, le second la santé, le troisième l’eau», a dit Abdullah. Il a ajouté que le camp n’était plus approvisionné en eau depuis le mois dernier et il a accusé le gouvernement syrien de l’avoir coupée de manière délibérée. Les résidents ont commencé à creuser des trous dans les routes pour trouver de l’eau.
Amina, une autre résidente du camp, a dit à l’UNRWA que le prix de l’eau était tellement élevé que sa famille ne se lavait plus. «Cela veut non seulement dire que l’on ne peut plus prendre de douche, mais aussi que l’on ne peut plus tirer la chasse d’eau ou transporter de l’eau au quatrième étage d’un bâtiment».
Le gouvernement syrien a mené plusieurs sièges pour reprendre les zones contrôlées par les rebelles. Amnesty International l’a accusé d’avoir défié délibérément le droit humanitaire.
Abdullah a ajouté que, si le gouvernement autorisait la reprise de l’acheminement de l’aide alimentaire, bon nombre de résidents craignaient d’être arrêtés en se rendant aux distributions.
«Tous les jeunes hommes qui allaient aux distributions d’aide humanitaire étaient arrêtés par le régime. Plus de 150 arrestations ont eu lieu aux points de contrôle pendant les distributions d’aide humanitaire».
Le camp de Yarmouk hébergeait environ un demi-million de Palestiniens avant le début de la guerre civile syrienne en 2011, mais la grande majorité des réfugiés sont partis dans les pays voisins ou se sont installés dans une autre région de la Syrie.
Au cours de ces derniers mois, les réfugiés palestiniens vivant en Syrie n’ont pas été autorisés à entrer au Liban et en Jordanie à la suite de la mise en place de politiques de plus en plus restrictives de fermeture des frontières. Abdullah a dit que, s’il pouvait fuir le conflit, il préférerait partir dans une autre région de ce pays déchiré par la guerre plutôt que d’aller au Liban.