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Le Courrier | Le ressortissant tchadien refuse son expulsion

Blessé lors de l’incendie de novembre dernier, le jeune Ayop a frôlé le renvoi hier. Quarante personnes ont manifesté à l’aéroport.

Article de Yuri Hanne, publié dans Le Courrier, le 27 mars 2015. Cliquez ici pour lire l’article sur le site du Courrier.

Hier matin, une quarantaine de manifestants se sont rassemblés dans le hall de l’aéroport de Cointrin pour protester contre le renvoi du ressortissant tchadien prénommé Ayop, victime de l’incendie du foyer des Tattes en novembre dernier. Sur le point d’être expulsé, le jeune homme de 19 ans aurait refusé de monter dans un avion pour l’Espagne, pays dans lequel il avait déposé une demande d’asile avant son arrivée en Suisse.

Munis de pancartes et criant des slogans de protestation, les manifestants ont bloqué l’accès au contrôle des bagages de l’aéroport par un sit-in, avant d’être délogés manu militari par la police. De leur côté, les avocats d’Ayop, Pierre Bayenet et Laïla Batou, ont passé la journée en audience au Ministère public. L’instruction doit faire la lumière sur la responsabilité de l’Etat dans le drame du foyer des Tattes. Les normes de sécurité du bâtiment sont mises en cause. Le jeune Tchadien était lui aussi attendu sur les lieux, à la suite de sa plainte contre l’Hospice général, propriétaire des Tattes.

Appréhendé à l’aube par la police

Or, cueilli aux aurores à proximité du foyer par la police, Ayop a été entendu par cette dernière, sans ses avocats. Lorsque Me Bayenet s’est rendu à l’hôtel de police, son client avait déjà été transféré par le parquet. Mais où? «A l’heure actuelle, impossible de le savoir, indique son avocat. Celui-ci s’est adressé à la foule, lors d’un nouveau rassemblement d’environ cent cinquante personnes à la place de Neuve, hier à 18h. «Le sort d’Ayop est maintenant entre les mains du Conseil d’Etat», indique Mme Batou. La présence du jeune homme n’est-elle pas essentielle pour témoigner en qualité de victime de l’incendie? «Le Conseil d’Etat ne l’entend pas de cette oreille, poursuit l’avocate. Nous demandons que l’Etat prenne en charge le traitement et les soins prodigués à mon client. Et qu’il puisse assister à l’audience.»

Interpellé, le Département de la sécurité et de l’économie ne communique pas sur les cas particuliers, comme l’indique Emmanuelle Lo Verso, du service de communication: «Nous pouvons juste vous dire que cette personne est en Suisse.» Avant de refiler la patate chaude à la Confédération. Au niveau fédéral, le secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) ne se prononce pas davantage sur les cas personnels.

Pas de commentaire

La détention d’Ayop devrait en principe relever du domaine administratif, puisqu’il s’agit d’une procédure de renvoi. Mais à la suite de son refus d’embarquer pour Madrid, il est possible qu’il soit actuellement retenu pour des motifs pénaux, indique Thao Pham, juriste au Centre social protestant. Au Tribunal administratif fédéral, le jeune Tchadien pourrait invoquer une inaptitude au voyage. «Ce sont des cas très difficiles à plaider», admet la juriste. D’ici au 30 mars, la situation d’Ayop est encore du ressort du canton. Théoriquement, c’est le SEM qui devrait prendre la main s’il n’est pas renvoyé d’ici là.

Un buffet canadien est organisé ce dimanche au foyer des Tattes de 12h à 16h. Le public est invité à venir y rencontrer les habitants, dont certains prendront la parole.