Aller au contenu
Documentation

rfi | L’historien de l’immigration Benjamin Stora

Une fois encore la question de l’immigration se pose dramatiquement. Des milliers de réfugiés ont trouvé la mort, ces derniers mois, en tentant de gagner l’Europe. Fuyant les conflits de Syrie ou d’Irak, la famine d’Afrique ou le terrorisme de nombreux pays, ils s’embarquent au péril de leur vie vers les côtes européennes.

Quelles réponses l’Union européenne peut-elle apporter? Benjamin Stora, président de la Cité nationale de l’Histoire de l’Immigration, apportera son éclairage à cette actualité. Cliquez ici pour écouter l’entretien avec Benjamin Stora, passé sur les ondes de rfi, le 3 mai 2015.

rfi_internationales

Benjamin Stora, auteur de nombreux ouvrages sur la guerre d’Algérie, vient de publier Les clés retrouvées, une enfance juive à Constantine, aux éditions Stock.

StoraphotoLorsque la mère de Benjamin Stora est décédée en 2000, il a découvert, au fond du tiroir de sa table de nuit, les clés de leur appartement de Constantine, quitté en 1962. Ces clés retrouvées ouvrent aussi les portes de la mémoire.

La guerre est un bruit de fond qui s’amplifie soudain. Quand, en août 1955, des soldats installent une mitrailleuse dans la chambre du petit Stora pour tirer sur des Algériens qui s’enfuient en contrebas, il a quatre ans et demi et ne comprend pas. Quelques années plus tard, quand ses parents parlent à voix basse, il entend les craintes et l’idée du départ. Mais ses souvenirs sont aussi joyeux, visuels, colorés, sensuels. Il raconte la douceur du hammam au milieu des femmes, les départs à la plage en été, le cinéma du quartier où passaient les westerns américains, la saveur des plats et le bonheur des fêtes.

Ces scènes, ces images révèlent les relations entre les différentes communautés, à la fois proches et séparées. Entre l’arabe quotidien de la mère et le français du père, la blonde institutrice de l’école publique et les rabbins de l’école talmudique, la clameur des rues juives et l’attirante modernité du quartier européen, une histoire se lit dans l’épaisseur du vécu.

Benjamin Stora a écrit là son livre le plus intime. À travers le regard d’un enfant devenu historien, il restitue avec émotion un monde perdu, celui des juifs d’Algérie, fous de la République et épris d’Orient.