Imaginer autre chose que des abris PC pour loger des êtres humains!
Depuis lundi 15 juin 2015, plusieurs dizaines de demandeurs d’asile, opposés à être transférés dans des abris de protection civile et soutenus par différents collectifs citoyens et des habitants de Genève, sont hébergés à la Maison des arts du Grütli. Les conditions de leur transfert en abri PC depuis les Tattes -ils ont été informés le jour-même pour beaucoup et sous escorte policière!- comme le fait d’être mis sous-terre ont choqué. Surtout que le principe de l’hébergement en abri PC est contesté depuis plus de six mois. D’abord par les demandeurs d’asile qui estimaient qu’on ne faisait que les enterrer: c’est comme cela qu’est né, en novembre passé, le mouvement Stopbunkers. Puis par une motion déposée en février dernier au Parlement genevois et soutenue au-delà des partis de gauche. Celle-ci demande notamment au Conseil d’Etat des alternatives aux « bunkers ». Elle a été rejetée en commission mais doit encore être examinée en plénière.

| Mardi 16 juin 2015
Des tentatives de négociations pour trouver d’autres solutions d’hébergement que des abris ont eu lieu le 16 juin entre, d’une part les demandeurs d’asile, notamment réunis sous l’égide de Stopbunkers, les collectifs Solidarités Tattes et Sans retour, la Coordination asile.ge et des représentants de Solidarités et des Verts, et, d’autre part, le ministre de tutelle de l’Hospice général. Sans succès. Alors que le mouvement grossit -les transferts se poursuivent, donc le nombre de personnes à rejoindre le Grütli augmente- c’est aujourd’hui le Conseil d’Etat dans son ensemble qui est appelé à trouver une issue humaine et en surface à la situation.

Les revendications du manifeste sont les suivantes:
- L’annulation des transferts vers les bunkers
- La fermeture des abris PCi
- La mise sur pied de conditions d’accueil et d’hébergement dignes et humaines pour les migrant-e-s
Une page facebook a également été créée, qui pourra permettre à certains de suivre les événements. Une manifestation de soutien est prévue samedi 20 juin.
Si vous souhaitez, outre votre présence, amener un soutien matériel, sachez également que tout apport de matériel de couchage, de cuisine ou de nourriture et boissons est le bienvenu. En particulier: des linges de bain, du savon, du dentifrice, des brosses à dents, des jus de fruits et du pain.
Comme Vivre Ensemble l’a parfaitement montré dans son décryptage sur l’hébergement en février, et dans une intervention la semaine dernière, la Suisse, et Genève, ne se trouvent pas dans une situation extraordinaire en terme d’arrivée de demandeurs d’asile. Le fait est que les autorités n’ont pas anticipé le fait que la majorité des personnes demandant une protection internationale est fondée à le faire et l’obtient: les demandeurs d’asile viennent majoritairement de pays comme l’Erythrée ou la Syrie. ils vont rester en Suisse et doivent être logés. L’Hospice général a transformé il y a environ 4 ans deux immeubles des Tattes en les densifiant (les chambres de 2 sont devenues des chambres de 4) pour y placer les hommes célibataires ayant été recalés de l’asile. Or on sait que l’institution y place désormais aussi des personnes en procédure ordinaire et des personnes « potentiellement » en procédure Dublin. Des conditions d’hébergement nivelées par le bas.
Aujourd’hui, Mauro Poggia affirme que les transferts de célibataires « déboutés » -mais il y a aussi des personnes en procédure Dublin, dont la demande de protection n’a pas encore été examinée- sont destiné à faire de la place pour des familles. Est-ce un nouveau nivellement par le bas? On sait que le foyer des Tattes est considéré à l’interne comme un lieu pour les personnes à l’aide d’urgence, avec des conditions d’encadrement et de vie péjorées.
La politique genevoise d’accueil des demandeurs d’asile a réellement besoin d’être repensée. Et c’est une grosse erreur que font les responsables cantonaux en matière d’asile de se défausser sur le projet de restructuration du domaine de l’asile (voir ci-dessous). Vue la structure des demandes d’asile aujourd’hui, la restructuration ne va certainement pas améliorer la situation dans le canton en terme de nombre de personnes à héberger, et elle coûtera certainementbeaucoup plus cher à Genève que ce que les autorités fédérales et cantonales laissent entendre. Alors Madame et Messieurs du Conseil d’Etat, remettez tout à plat, ensemble, et montrez vous inventifs, courageux et humains!
Sophie Malka
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Avec un nombre constant de demandes, qui nécessitent des investigations supplémentaires, et une faible proportion de cas Dublin, les coûts nets supportés par les cantons augmentent d’environ 65 %, passant de 524 millions de francs à environ 871 millions. Cette augmentation est principalement due à l’augmentation considérable des personnes obtenant le droit de rester en Suisse (réfugiés et personnes admises à titre provisoire).
Source: Office fédéral des migrations, Planification générale de la restructuration du domaine de l’asile: http://www.ejpd.admin.ch/dam/data/bfm/aktuell/news/2014/2014-03-28/ber-agna-f.pdf, pp.82-85.