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Documentation

Le Courrier | Deux solutions se dessinent pour les migrants du Grütli

L’église du Sacré-Cœur devrait accueillir le collectif dès jeudi. L’occupation d’un ancien foyer de l’Etat est également en discussion.

Article de Eric Lecoultre, publié dans Le Courrier, le 30 juin 2015. Cliquez ici pour lire l’article sur le site du Courrier.

La Maison des arts du Grütli retrouvera bientôt son train-train quotidien. Le déménagement est imminent, comme l’a annoncé le collectif d’occupation du Grütli. Une solution de relogement a-t-elle donc été trouvée pour la quarantaine de requérants qui dorment dans le théâtre depuis deux semaines? Ce n’est plus qu’une question d’heures. Le déménagement est toutefois repoussé, dans l’attente d’une confirmation de l’Eglise catholique: la salle paroissiale du Sacré Cœur, à deux pas de la Maison des arts, devrait être la nouvelle destination temporaire des migrants qui refusent leur transfert dans des abris PC.

Pourtant, en fin de semaine dernière, c’est une autre solution qui semblait aboutir. La Ville de Genève s’était décidée à mettre la salle du Faubourg à la disposition du mouvement. Mais peu après, Mgr Pierre Farine, évêque auxiliaire de Lausanne, Genève et Fribourg, a proposé l’église du Sacré-Cœur, comme l’a révélé Le Matin Dimanche. Ses surfaces à l’étage conviendraient mieux que la salle municipale. L’espace y est suffisant pour accueillir les requérants du Grütli et dispose d’une cuisine et de toilettes. La mairie a proposé d’ouvrir les Vernets pour pallier le manque de douches.

Les responsables de la paroisse se réuniront mercredi après-midi pour décider de donner ou non leur aval. Pour cette raison, le collectif a décidé de retarder son déménagement de deux jours. Mgr Farine a justifié le potentiel geste de l’église en mentionnant la «tradition judéo-chrétienne d’accueil de l’étranger».

Si cette solution permettrait de soulager le collectif, elle est destinée à fournir un toit aux migrants uniquement durant les prochains jours. Pour la suite, un autre lieu est sérieusement convoité. Un ancien foyer pour jeunes au 28C de la route de Meyrin, propriété de l’Etat et abandonné depuis 20111, a toutes les qualités pour accueillir plus confortablement – mais toujours temporairement – plus d’une trentaine de personnes. Dans l’attente d’être rénovée, la maison servira, à terme, à une ONG. Mais pour l’heure, seules l’électricité et l’eau doivent être rétablies pour permettre des conditions de vie minimales. «Nous sommes prêts à effectuer quelques travaux de réfection avec les migrants», explique Aude Martenot, du collectif.

«Prendre plutôt qu’attendre»

Lors de la manifestation de vendredi soir, en soutien au mouvement, le cortège s’est arrêté devant l’ancien foyer. Plusieurs membres du collectif y sont entrés pour constater le bon état des lieux. Ils ont ensuite déployé une banderole portant l’inscription «prendre plutôt qu’attendre», avant de finalement quitter la maison plus tard dans la soirée.

Hier, le Département des affaires sociales, dirigé par Mauro Poggia, n’avait pas donné son accord. Il attendait les résultats d’une inspection du service du feu, chargé d’évaluer la sécurité des lieux, élément déterminant pour permettre tout emménagement. Selon Pablo Cruchon, secrétaire de Solidarités, cette piste a des chances d’aboutir. Or, Mauro Poggia a réaffirmé ces derniers jours que les nouvelles solutions d’hébergement devraient profiter avant tout aux requérants présents actuellement dans les abris PC. Certains membres observent toutefois une évolution dans le discours du magistrat, moins catégorique, qui envisagerait que l’occupation de l’ancien foyer soit gérée par le collectif.

«Par ailleurs, les discussions continuent pour trouver rapidement des alternatives pour sortir les migrants qui continuent à dormir sous terre», souligne Pablo Cruchon. Ils sont actuellement cent dix-sept dans les abris PC et le canton en accueillera bientôt davantage. Le collectif a déjà fourni au Conseil d’Etat une liste de bâtiments vides qui feraient l’affaire, ainsi que des terrains inoccupés où des containers pourraient être installés. Des solutions temporaires, dans l’attente que le gouvernement concrétise ses promesses: créer mille places d’accueil d’ici à la fin de l’année 2016 et supprimer l’hébergement en bunker.

1 Le 15 juin dernier, des squatteurs ont été évacués de la maison.