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Le Courrier | Abris PC: vers une victoire d’étape

Il aura fallu l’occupation du Théâtre du Grütli par une quarantaine de migrants, voici quinze jours à Genève, pour que l’hébergement des requérants d’asile en abri PC devienne un sujet politique (et médiatique) brûlant. Jusqu’ici, les dénonciations régulières des divers collectifs actifs sur le terrain se heurtaient à un fatalisme bureaucratique teinté d’indifférence.

Editorial de Christiane Pasteur, publié dans Le Courrier, le 30 juin 2015. Cliquez ici pour lire l’éditorial sur le site du Courrier.

Derrière les déclarations d’intention et la bonne volonté affichée des autorités et de l’Hospice général, les ouvertures d’abri PC se multipliaient dans un canton pourtant dépositaire des Conventions de Genève et fort d’une longue tradition d’accueil.

Or, comme l’ont affirmé des médecins dans nos colonnes, un tel hébergement est nocif pour la santé des personnes concernées et susceptible d’aggraver les traumatismes déjà vécus. Le conseiller d’Etat Mauro Poggia lui-même a reconnu que l’hébergement en abri PC n’était «ni humainement acceptable ni économiquement viable». N’en déplaise au président du PLR, qui juge le mouvement «irresponsable, irrespectueux, indéfendable» et instrumentalisé par l’extrême gauche…

Aujourd’hui, la lutte commence à porter ses fruits. Des solutions se dessinent. Et ce grâce aux propositions concrètes de ceux qui accompagnent les migrants et qui ont dressé une liste des lieux susceptibles de les accueillir. Comme toujours en pareil cas, il s’agit d’une chaîne de solidarités née à partir de la mobilisation de divers collectifs depuis six mois. Puis il y a eu l’attitude bienveillante de la Ville de Genève vis-à-vis de l’occupation du Grütli. Ce sera sans doute dès jeudi au tour de l’Eglise catholique de prendre le relais, revenant ainsi sur un premier refus signifié il y a deux semaines. Une maison appartenant à l’Etat pourrait rapidement héberger une trentaine de personnes. En attendant des solutions plus durables en surface, qu’il s’agisse de transferts dans des bâtiments existants ou d’installation de structures modulables. Et bien sûr l’indispensable projet de construction de logements en dur, seuls à même de répondre au vœu formulé par les autorités genevoises de réaliser mille nouvelles places d’accueil d’ici à fin 2016 et ainsi de se passer des bunkers. Seule la pression citoyenne permettra d’éviter que ces promesses ne s’évaporent durant l’été.