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La Cité | Zeid Ra’ad Al Hussein: «L’ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine, la haine mène à la violence»

Le Conseil des droits de l’Homme a commencé ce matin sa 31ème session au Palais des Nations, à Genève. Du 29 février au 24 mars les représentants de 47 pays vont défiler, dans la salle XX sous le plafond créé par le peintre espagnol Miquel Barceló. Après le mot d’ouverture du président du Conseil, l’Ambassadeur coréen Kyongling Choi, et celui du président de l’Assemblée générale des Nations Unies, le Hollandais Morgens Lykketoft, le Haut-Commissaire chargé des droits de l’Homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, a prononcé une allocution marquée par l’urgence et la gravité, suivie par l’intervention de Didier Burkhalter, chef du Département fédéral des affaires étrangères de la Suisse, le pays hôte.

 Palais des Nations, salle XX, sous le plafond créé par le peintre espagnol Miquel Barceló, lieu député des sessions du Conseil des droits de l’Homme. © Alberto Campi / Genève, le 29 février 2016
Palais des Nations, salle XX, sous le plafond créé par le peintre espagnol Miquel Barceló, lieu député des sessions du Conseil des droits de l’Homme. © Alberto Campi / Genève, le 29 février 2016

Article de Catherine Fiankan-Bokonga, publié sur le site de La Cité, le 1er mars 2016. Cliquez ici pour lire l’article sur le site de La Cité.

À l’heure où le Conseil des droits de l’Homme fête ses 10 ans (auparavant Commission des droits de l’homme), le Haut-Commissaire Zeid Al Hussein a déploré l’éloignement, auquel nous assistons aujourd’hui, du corps d’institutions et de lois élaboré par les États lorsque, à l’époque de la rédaction de la Charte de l’ONU, ils avaient mis en place la forteresse protectrice des traités et lois qui constituent notre système international.

Des violations massives des droits de l’Homme, vouées à créer des effets désastreux, sont regardées avec indifférence, a poursuivi le Haut-Commissaire. De plus en plus d’États semblent considérer le système international comme un menu à la carte dans lequel on peut choisir librement ce qui convient et laisser de côté ce qui paraît dérangeant à court terme, a-t-il fait observer, jugeant «profondément alarmant» ce démantèlement par les États des lois et valeurs qu’ils avaient eux-mêmes mises en place.

Le Haut-Commissaire a rappelé que la guerre ne met pas fin aux obligations fondamentales associées au droit international relatif aux droits de l’Homme. Durant un conflit, ou une occupation, c’est le droit humanitaire international qui fournit une protection additionnelle pour préserver les droits de ceux qui combattent ainsi que des civils, des malades, des blessés et de ceux qui ont déposé leurs armes.

Zeid Ra’ad Al Hussein a tenu à joindre sa voix à celle du président de l’ONG Médecins sans frontières pour rappeler que «la normalisation de telles attaques est intolérable». Toute attaque contre des civils et leurs biens, délibérée ou résultant de l’incompétence, doit faire l’objet d’une enquête complète, transparente et indépendante.

Le Haut-Commissaire a souligné que tant les droits de l’Homme que le droit humanitaire international sont violés de manière choquante dans de nombreux conflits et dans une impunité totale, comme cela a été le cas pendant cinq longues années en Syrie avant la cessation temporaire des hostilités décrétée ce dernier week-end. «Les souffrances que fuient les migrants sont effarantes et devraient susciter la compassion de la communauté internationale», a-t-il déclaré.

Le Haut-Commissaire a dénoncé les politiques racistes, xénophobes et discriminatoires à court terme et rappelé l’équation présentée il y a 850 ans par le philosophe musulman européen Abu Al-Walid Mohammad ibn Ahmed idn Rushd: «L’ignorance mène à la peur, la peur mène à la haine, la haine mène à la violence.»

Nous avons besoin d’un ensemble de politiques concertées qui permettent d’espérer que les gens pourront vivre dans des sociétés justes et équitables dans leurs propres foyers, a insisté M. Zeid, exhortant les États membres à dépasser la xénophobie et à apprendre les leçons des grandes forces intégratrices de l’histoire: les cités et les civilisations ont été irriguées par la diversité et ont accueilli par le passé des mouvements de population bien plus importants.