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Le Courrier | Migrants chez l’habitant: l’OSAR peut-elle mieux faire?

Sur 467 familles que l’ONG a jugé prêtes, seules 45 d’entre elles hébergent effectivement quelqu’un.

Article publié dans Le Courrier, le 15 avril 2016. Cliquez ici pour lire l’article sur le site du Courrier.

Un dixième, c’est le taux de concrétisation des offres de logements par des particuliers pour accueillir des migrants. Stefan Frey, porte-parole de l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR), a même admis avoir reçu 800 offres dans les quatre cantons concerné par le projet pilote, à savoir Genève, Vaud, Berne et Argovie. Lancé par l’ONG il y a deux ans, le programme, en phase de test jusqu’à la fin de l’année, a pour but de favoriser l’intégration de requérants d’asile, dont le séjour en Suisse devrait se prolonger, en leur proposant l’hébergement par des familles d’accueil.

Comment expliquer un résultat aussi maigre? «Tout le monde veut y voir un problème, mais ce n’en est pas un: on ne peut pas exiger d’un projet pilote qu’il fonctionne parfaitement», s’exclame d’emblée Stefan Frey, qui veut plutôt y voir un succès. Et de relever que l’ONG ne bénéficie pas de suffisamment de ressources: «Nous dépendons de dons et ne disposons que de deux employés à 80% et 50% pour gérer l’entier du projet pilote dans quatre cantons structurés différemment.»

Lent et exigeant?

Ces derniers jours, par voie de presse, l’OSAR s’est vu reprocher la lenteur de la désignation d’un foyer pour loger un migrant. «Nous voulons être sûr que la famille qui se propose a toutes les qualités requises pour garantir une bonne intégration à son hôte», explique M. Frey. Mais est-il impensable de raccourcir ce processus? L’OSAR y travaille depuis quelques mois, affirme son porte-parole. Aujourd’hui, une fois leurs dossiers acceptés, les familles candidates attendent au moins quatre mois avant d’accueillir quelqu’un.

Autre critique, l’exigence en matière d’hébergement: la personne logée doit disposer d’une salle de bain particulière. Exagéré? «Il faut assurer un minimum d’intimité, surtout pour des cohabitations de plusieurs mois. La salle de bain séparée, c’est un idéal. En pratique, nous avons plusieurs familles dont les réfugiés partagent l’utilisation de la salle d’eau avec les enfants, par exemple», dit M. Frey.

Responsabilité des autorités cantonales?

Au vu de l’ampleur qu’a pris le projet pilote dans le canton de Vaud et à Genève, le porte-parole de l’OSAR regrette que ces cantons n’aient pas mis à disposition plus de ressources. Un reproche qui n’est plus valable que pour Genève, puisque l’Etablissement vaudois d’accueil des migrants (EVAM) prend le relais de l’OSAR dès à présent.

Au bout du lac, Mauro Poggia, conseiller d’Etat chargé du Département de l’emploi, des affaires sociales et de la santé (DEAS), déplore que l’OSAR n’ait pas attiré plus vite l’attention du canton sur l’importante offre de logements qu’elle devait gérer: «Je ne l’ai appris que lundi dernier. Si la sonnette d’alarme avait été tirée plus tôt, nous serions intervenus», déclare-t-il. Et l’Hospice général, qui collabore avec l’ONG précisément sur le lien entre familles et migrants, n’était-il pas au courant? Non, indique l’Hospice: les listes d’attentes sont gérées par l’OSAR. Elle n’a réalisé que tardivement le grand nombre de bonnes volontés déçues, Genève ayant pris part au programme qu’au mois de juillet 2015.

Et pour la suite? «L’ONG nous fournira un rapport fin avril. Le cas échéant nous reprendrons ce travail pour ne pas décevoir les gens de bonne volonté prêts à accueillir quelqu’un», dit le magistrat. Problème: l’Hospice général est déjà sous pression, financière notamment. «Nous pourrions solliciter les grandes communes pour qu’elles mettent à disposition des ressources», répond-il.