Migreurop | La campagne « Open Access Now » laisse place à la mobilisation « Close the Camps »
Le 18 juin 2010, le réseau Migreurop décidait de se positionner contre l’enfermement des étranger.e.s [1]. Lancée en 2011 [2], la campagne «Open Access Now» visait à faire connaître les réalités invisibles de l’enfermement, ses dérives et les violations des droits qui en découlent. La campagne demandait une transparence totale et un accès inconditionnel à l’information et aux lieux de privation de liberté pour les journalistes et la société civile.
Communiqué du 23 mai 2016, publié sur le site Migreurop. Cliquez ici pour lire le communiqué de presse sur le site de Migreurop.
Afin de sensibiliser la société civile et le monde politique à la détention administrative des personnes migrantes et d’exiger un changement des politiques migratoires en Europe et au-delà, plusieurs actions ont été menées de 2012 à 2015:
- Campagnes de visites de lieux de détention avec des parlementaires nationaux.ales et européen.ne.s, des membres de la société civile, des journalistes, en lien avec des mobilisations citoyennes locales (observatoires citoyens de centres de détention par exemple)
-
[caption id="attachment_32611" align="alignright" width="217"] Livre « La face cachée des camps d’étrangers en Europe »[/caption]
Mise en place d’outils visant à accompagner l’organisation de ces visites, à faire connaître la généralisation de l’enfermement (cartographie dynamique «Close the Camps», décembre 2013) et à sensibiliser sur les atteintes aux droits dans les lieux d’enfermement (livret «La face cachée des camps d’étranger.e.s en Europe», communiqués de presse)
- Recueil de témoignages de personnes (ex)détenu.e.s et de visiteur.euse.s
- Plaidoyer en direction des parlementaires (exemples: interpellation de la Commission européenne à propos de son bilan de l’application de la Directive «retour» en matière de détention; questions parlementaires au sujet de l’accès des ONG aux centres et aux statistiques concernant leur fonctionnement, la durée de détention etc.)
- Organisation de rencontres, manifestations et débats autour de l’enfermement des étranger.e.s (dernière en date la table-ronde «Nous avons le droit de savoir, ils/elles demandent à être libres» qui s’est tenue en avril 2015 au Parlement européen).
Quel que soit le nom qu’on leur donne [3], les camps d’étranger.e.s sont devenus un instrument central des politiques migratoires dont le très large usage est désormais banalisé.
Toutes les enquêtes et observations de terrain amènent pourtant au constat que la privation de liberté, peu importe la forme qu’elle prend, entraîne la violation des droits humains et sert une politique de criminalisation des étranger.e.s. Loin de diminuer, le nombre de camps augmentent au sein de l’Europe et au-delà de ses frontières où elle exporte ce «modèle» en déléguant à d’autres pays sa politique répressive.
La «crise des réfugié.e.s» révèle en réalité une crise des politiques migratoires et de l’asile de l’UE. Sur le territoire de l’Union et en particulier à ses frontières, les campements formels ou informels se multiplient. Le degré de privation de liberté y est variable, mais les logiques à l’œuvre sont généralement similaires: rejet et mise à l’écart, fichage et tri avec l’approche hotspots, violations des droits fondamentaux. De ces lieux, les personnes contraintes de s’y trouver sont parfois conduites vers des camps plus spécifiquement destinés à leur expulsion.
Le but principal demeure de limiter au maximum le nombre de celles et ceux qui seront accueilli.e.s en Europe. Le lieu de l’accueil de quelques élu.es a ainsi tendance à devenir aussi celui de la privation de liberté et de l’expulsion.
Face à une telle accélération, après la campagne «Open Access Now» et pour les années à venir Migreurop agira prioritairement pour la fermeture de tous les camps d’étranger.e.s en Europe et au-delà, sous la bannière «Close the Camps».
La mobilisation «Close the Camps» visera à mieux décrypter les lieux d’enfermement et leurs nouvelles formes, afin de les faire connaître et de réclamer d’autres politiques.
Les premières actions de cette mobilisation sont déjà en cours et déboucheront en 2016 et début 2017 sur la mise en ligne d’une application cartographique interactive sur les dispositifs nationaux d’enfermement, la publication d’une 6ème édition de la «Carte des Camps» de Migreurop, la traduction du site de de cartographie dynamique en arabe, des notes d’information sur l’approche hotspots…
Parce que la question de l’enfermement n’a jamais été aussi préoccupante, Migreurop encourage les différents acteurs de la société (parlementaires, ONG, médias, citoyen.ne.s,…) à continuer de se saisir de leur droit de regard sur ces dispositifs mis en place en notre nom et à dénoncer ces politiques et leurs conséquences [4] pour en inventer de nouvelles, fondées sur la liberté de circulation.
Infos: contact@migreurop.org
Notes:
[1] «Pour la fermeture des camps d’étranger.e.s en Europe et au-delà», Migreurop, 2010.
[2] Dans le prolongement de la campagne «Pour un droit de regard dans les lieux d’enfermement» (2008-2011).
[3] Voir la carte «Euphémismes des camps en Europe», Migreurop, 2014.
[4] Le réseau pourra rester un soutien à des mobilisations et initiatives. Dernière en date, une visite du centre hotspot de Pozzallo (Sicile), mise en place le 14 mai dernier, dans le cadre du festival Sabir et en lien avec la députée européenne Marie-Christine Vergiat (GUE/NGL, France) et les élus italiens de Sinistra Italiana – Sinistra Ecologia Libertà Erasmo Palazzotto (parlementaire) et Franco Campanella (sénateur).