Aller au contenu
Notre regard

Le Courrier | Le parrainage de réfugiés essaime

Chapeautée par les Eglises vaudoises, l’Action Parrainages a séduit plus de 170 habitants du canton.

Article de Mario Togni, publié dans Le Courrier, le 16 juin 2016. Cliquez ici pour lire l’article sur le site du Courrier.

PlateformeAsile

Il s’appelle Shahmohamad Mohamadi, n’a pas encore 16 ans et vit en Suisse depuis environ sept mois. L’an passé, l’adolescent a fui l’Afghanistan quelques semaines à peine avant que sa ville, Kunduz, ne subissent les assauts des Talibans. «Sa mère a dû sentir qu’il se préparait quelque chose et l’a fait partir», raconte Karin Eigenheer, sa «marraine» vaudoise.

Comme beaucoup d’autres habitants du canton, cette mère de famille participe à l’Action Parrainages lancée il y a six mois par les Eglises en collaboration avec diverses associations de la société civile, dont l’Appel d’Yverdon. Plusieurs fois par semaine, Shahmohamad vient passer du temps avec eux, partager un repas ou des activités.

«Nous sommes allés à la montagne, j’ai fait de la tyrolienne et même mangé de la fondue», raconte le jeune homme. Son français s’améliore et il s’apprête à commencer des cours de Taekwondo avec le fils Eigenheer. «Je me suis tout de suite senti bien avec eux», ajoute-t-il.

Mineurs demandeurs de parrainages

Combattre l’isolement, créer des ponts entre cultures et favoriser l’intégration dans la durée, voilà précisément le sens de l’Action Parrainages. «La crise migratoire nous oblige à reprendre sur le fonds la question de l’accueil des exilés, à faire preuve d’engagement et de créativité», souligne Michel Racloz, délégué du vicaire épiscopal de l’Eglise catholique vaudoise (ECVD).

Parmi les migrants arrivant en Suisse, les mineurs non accompagnés sont nombreux. «Et ils sont particulièrement demandeurs de parrainages», relève Diane Barraud, pasteure et médiatrice Eglises-réfugiés. A ce jour, sur les 24 demandes de mineurs reçues, moins de la moitié ont pu être honorées, même si plusieurs dossiers sont en cours d’examen.

Dans l’ensemble, l’initiative rencontre un vif succès partout dans le canton. Sept groupes régionaux ont été créés, souvent en lien avec les associations locales existantes, pour un total de 71 parrainages déjà actifs. Quelque 172 parrains et marraines sont inscrits mais la mise en relation avec les migrants nécessite des rencontres individuelles et prend donc du temps.

Une plateforme modèle?

Depuis mi-avril, Asmoron Abraham, sa femme et ses trois enfants de 8, 6 et 3 ans profitent de contacts privilégiés avec la famille Knälmann, d’Ecublens. La famille érythréenne est arrivée en Suisse en 2008 et bénéficie désormais d’un permis de séjour. Ce lien avec des habitants d’ici est très apprécié. «Ils nous aident beaucoup et nos enfants aiment jouer ensemble», raconte le père de famille.

Chez les Knälmann, originaires d’Allemagne et vivant en Suisse depuis douze ans, c’est la fille Juli qui a été le moteur de la démarche. «Je voulais agir, ne pas rester sans rien faire», assure l’adolescente de 15 ans, qui a encouragé ses parents à s’engager. Alors que leur appartement ne permet pas d’héberger des réfugiés, ils se tournent vers l’Action parrainages.

Les deux familles se sont déjà rencontrées à trois ou quatre reprises, dans le cadre d’activité de loisirs et sportives. «L’année prochaine, j’espère que les enfants Knälmann pourront aider un peu les miens à l’école», relève Asmoron Abraham.

Les modalités du parrainage sont évaluées au cas par cas. Au-delà du lien social, il prend parfois la forme d’un mentorat, pour faciliter les démarches administratives, la recherche d’un emploi ou d’un logement. Il peut aussi s’accompagner d’un soutien juridique dans le cadre de procédures d’asile délicates. Un équipe d’avocats suit certains dossiers.

Pour renforcer le réseau des parrains et marraines, un site internet vient d’être lancé, www.plateforme-asile.ch. Il réunit les contacts des divers groupes régionaux, mais aussi ceux de nombreuses associations et structures d’aide aux migrants dans le canton de Vaud. Indépendante de l’Etat, cette plateforme repose sur des bases bénévoles et citoyennes.

«Nous inscrivons ainsi dans la durée l’Action Parrainages en permettant aux associations de s’organiser au sein d’une même interface», explique Cesla Amarelle, conseillère nationale et active au sein de l’Appel d’Yverdon. Unique en Suisse, une telle plateforme pourrait servir de modèle pour d’autres démarches dans d’autres cantons, espère la socialiste.

Les initiatives solidaires se multiplient en Suisse romande. Si vous aussi vous avez envie de vous engager,  consultez le « Petit guide solidaire » de la coordination asile.ge.

Vous êtes un groupement ou une association active, d’une manière ou d’une autre, auprès des réfugiés  en  Suisse  romande? Vous récoltez des  habits, cherchez des  bénévoles pour des cours de français, accompagner les réfugiés ou les demandeurs d’asile? Nous pouvons relayer vos actions et vos besoins: écrivez vivre.ensemble@asile.ch.