RTS, Vacarme | « Moi Angèle, requérante d’asile, renvoyée vers l’Italie »
Vacarme, semaine du 8 au 14 mai 2017, 13h – 13h30
A écouter sur RTS-La Première ou en podcast sur le site de l’émission.
Moi Angèle, requérante d’asile, renvoyée vers l’Italie
Angèle* a 24 ans. Elle a quitté son pays d’Afrique de l’Ouest il y a un an, a traversé le Sahara, la Méditerranée et l’Italie pour demander l’asile en Suisse. Mais ses empreintes digitales ayant été enregistrées en Sardaigne, Angèle a été déclarée «NEM Dublin». Selon le principe cardinal des accords de Dublin, dont la Suisse est signataire, le requérant ne peut déposer une demande d’asile recevable que dans le pays par lequel il est entré en Europe. Angèle doit donc retourner en Italie et la Suisse peut l’y contraindre par la force. Qu’est-ce qui l’attend dans ce pays? À quoi sert le système Dublin? Comment est-il vécu au quotidien par les «dublinés»?
5 reportages de Véronique Marti
Réalisation: Jean-Daniel Mottet
Production: Marc Giouse
LUNDI 08.05.17
Depuis plusieurs mois, Angèle, jeune Africaine déclarée «NEM Dublin», se rend toutes les deux semaines au service Asile et Départ de l’Office cantonal de la population et des migrations à Genève. Elle y fait tamponner son «papier blanc», un document de légitimation qui lui permet ensuite de toucher l’aide d’urgence. Ce jour-là, Angèle est angoissée. Son «délai Dublin», à l’issue duquel elle aurait dû quitter la Suisse, expire dans quinze jours…
MARDI 09.05.17
Deux jours avant l’expiration de son délai Dublin, Angèle est interpellée devant l’OCPM à Genève. Menottée, elle est arrêtée par trois policiers sous les yeux de l’aumônière venue l’accompagner. Où est-elle emmenée? Qui peut nous renseigner? La police ne donne pas d’information sur les arrestations et le téléphone portable de la jeune Africaine est désactivé.
MERCREDI 10.05.17
La reporter de Vacarme retrouve Angèle à Milan, deux jours après son arrestation. Livrée à elle-même à son arrivée en Italie, elle a pu trouver un toit la première nuit grâce aux conseils d’autres réfugiés errant chaque jour aux abords de la gare Centrale. Ses bagages ne l’ont pas suivie depuis Zurich où elle a embarqué la veille. Elle porte le même survêtement depuis 48 heures, et n’a que 30 francs suisses en poche.
JEUDI 11.05.17
L’Italie peut-elle accueillir Angèle? La jeune femme doit se rendre au poste de police de Varese, à 50km au nord-ouest de Milan, pour savoir dans quel centre d’accueil elle pourra vivre en attendant le traitement de sa demande d’asile. Le fait qu’elle ne parle pas l’italien rend la communication difficile. Malgré tout, elle comprend qu’il n’y a aucune place pour elle ce jour-là. Elle devra revenir le lendemain, mais où dormira-t-elle ce soir-là? Jusqu’à quand devra-t-elle attendre pour qu’on lui trouve un toit?
VENDREDI 12.05.17
Angèle a «disparu». Ou plutôt, elle ne répond plus au téléphone. Ses derniers messages WhatsApp parlent de ses difficultés à trouver un logement. «Je dors de gauche à droite» confie-t-elle, mais impossible de la localiser. L’avocate Paola Regina, spécialiste en droit des migrations, s’inquiète de ces situations où des migrantes vulnérables risquent d’être exploitées faute d’accueil et de protection.
DIMANCHE 14.05.17
Invités:
PIERRE MAUDET
Conseiller dʹEtat, chargé du Département de la sécurité et de l’économie du canton de Genève.
&
FRANCESCO MAIANI
Professeur de droit à lʹUniversité de Lausanne.
Spécialiste des accords de Dublin.