Association | Fribourg: La Red, une maison pour être soi
«La Red pour toi, c’est quoi ?», me demande-t-on lors d’un podcast à la fête de printemps de l’association. «C’est l’endroit pour être soi. C’est la maison de tous.»
La Red est d’abord un lieu de rencontre. Si les choses ont fait que beaucoup de requérants d’asile, de réfugiés et de sans-papiers s’y retrouvent, l’espace est ouvert à toutes et tous. Son objectif est justement de faire se rencontrer «étrangers» et «nationaux» de tous horizons.
La Red est aussi un engagement bénévole, où le rapport à l’autre n’a rien à voir avec celui que nous avons, ou pas d’ailleurs, dans le cadre professionnel. L’investissement est purement désintéressé et pleinement libre.
L’argent n’a donc pas sa place à La Red. La richesse de l’association et de son fonctionnement est précisément là : l’échange est humain, social. Il ne repose aucunement sur le matériel, mais plutôt sur une discussion, un regard, un sourire égaré.
Diverses activités, régulières comme ponctuelles, y sont organisées : cours d’allemand, de français, théâtre, yoga, salsa, permaculture, souper populaire. Toute idée y est bienvenue. Il n’est requis aucune compétence particulière, simplement de la motivation pour partager une passion ou un intérêt commun. Cette année, une retraite a été organisée à la montagne avec une trentaine de personnes, dont certaines n’avaient jamais vu de montagne : une rencontre de cultures, un partage, un peu de magie, un plein d’air frais.
Parce qu’en tant qu’être humain, requérant d’asile, personne déboutée, que l’on soit Suisse, Indien, Péruvien ou Espagnol, il nous faut exister, et pas seulement vivre. Exister, c’est ne pas se laisser définir par sa situation ou une procédure administrative. Exister, c’est notamment se divertir, rire, partager, et mettre de côté, pour un instant au moins, son statut dans la société, son statut en Suisse, son passé, son histoire. Y compris dans le regard des autres.
La Red n’a d’autre prétention que d’offrir un endroit dans lequel chacun peut simplement être, indépendamment de son parcours. Mon regard s’est illuminé lorsque, lors de la fête de printemps, j’ai aperçu cette personne, près des musiciens, se laisser porter par la musique, en dansant discrètement de la tête. Cette même personne, reçue dans le bureau de consultation juridique dans lequel je travaillais, qui se trouvait dans un état de désespoir.
Il y a les bureaux juridiques, nécessaires à la procédure. Mais il doit aussi y avoir des lieux de rencontres où ces demandeurs d’asile peuvent oublier toute cette paperasse incomprise, ces documents dont l’importance leur échappe parfois et qui sont pourtant déterminants pour leur avenir. Oublier cette incertitude quant à leur devenir, ou plutôt qu’oublier, simplement mettre cette insécurité de côté pour un instant, et se concentrer, justement, sur le moment présent. La Red est un de ces lieux.
Alexandra Ilic