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Notre regard

Appel de la société civile | Pour que les jeunes les migrant-e-s débouté-e-s puissent achever leur formation. Un apprentissage – Un avenir

Les cas d’apprenti-e-s contraint-e-s de renoncer à leur apprentissage suite au rejet de leur demande d’asile se multiplient. La plupart ne peuvent être renvoyé-e-s et se retrouveront des années durant à l’aide d’urgence. Le 2 février 2019, se sont tenues à Lausanne les premières Assises romandes dédiées à cette problématique. Quelque 200 jeunes concerné-e-s, employeurs, familles de parrainage, professionnels du domaine ont rédigé un appel dont nous reproduisons des extraits. Ils demandent aux autorités fédérales et cantonales de permettre aux jeunes migrant-e-s, même débouté-e-s, de mener à terme leur formation. Cette exigence de cohérence et de solidarité sociale rejoint une des préoccupations de la pétition genevoise en faveur des érythréen-n-es (p. 29). L’appel peut être téléchargé sur le site www.unapprentissage-unavenir.ch


Qu’est-ce que l’aide d’urgence?

L’aide d’urgence dans le domaine de l’asile est un dispositif mis en place en 2004 dans une volonté d’incitation au départ des personnes déboutées. Celles-ci perdent le droit de travailler et sont exclues de l’aide sociale. Elles sont réduites à demander l’aide d’urgence, qui consiste en une prestation de survie, remise selon les cantons sous forme de bons ou en nature (barquettes de nourriture déjà préparées, etc.) ou en espèces (environ 10 francs par jour, voire moins).

Assises du 2 février 2019 à Lausanne. Source: SSI

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Voix des jeunes :

On nous oblige à arrêter notre apprentissage. Cela nous plonge dans une situation très difficile psychologiquement et dans une vie misérable. Nous avons l’inquiétude de ne pas pouvoir continuer notre formation, de perdre notre logement. Nous avons l’inquiétude d’être renvoyé-e-s dans notre pays. Les gens ne se rendent pas compte du danger.

Nous ne voulons pas devenir des criminel-le-s.

Nous avons besoin d’une formation et d’une expérience professionnelle pour notre futur. La formation nous permet d’être indépendant-e-s. Nous avons besoin de construire notre avenir, c’est là que nous voulons mettre notre énergie.

Donnez-nous la chance de rester et de finir notre apprentissage, laissez-nous travailler. Nous voulons obtenir quelque chose qui va nous servir pour demain.

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Voix des professionnel-le-s du domaine :

Nous, professionnel-le-s en charge des jeunes migrant-e-s, dénonçons la détresse de jeunes motivé-e-s et investi-e-s dans leur intégration et leur apprentissage qui, suite à des décisions négatives, se retrouvent confrontés à des difficultés d’ordre psychosocial.

Nous sommes confronté-e-s à une impossibilité de mener à bien les missions qui nous sont confiées.

Nous relevons une incohérence du système qui provoque une atteinte à la santé globale des jeunes et pousse à  la marginalisation et à la précarisation.

Nous sommes convaincu-e-s que la formation et l’apprentissage sont des droits pour toutes et tous. Ces droits contribuent à la construction d’une identité solide et participent à la cohésion sociale.

Nous demandons une continuité dans l’accompagnement des jeunes, indépendamment de leur statut.

Nous demandons une cohérence politique et sociale afin d’éviter le gaspillage financier et humain.

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Voix des familles de parrainage :

Nous sommes des familles et des personnes impliquées dans l’accompagnement de jeunes requérant-e-s d’asile. Nous nous engageons auprès d’elles/eux affectivement, mais aussi économiquement. Nous souhaitons être reconnu-e-s car nous sommes les témoins directs de ces parcours de vie, semés d’embûches et d’empêchements.

Nous sommes indigné-e-s et en colère par les décisions négatives, qui nous semblent souvent incompréhensibles, adressées aux jeunes avec qui nous avons tissé des liens. Nous souhaitons qu’elles/ils puissent poursuivre leur trajectoire et celle-ci passe, entre autres, par la formation.

La formation scolaire et professionnelle devrait être accessible à toutes et tous, et ceci sans considération d’âge. Les adultes tout comme les mineur-e-s ont besoin d’une formation pour construire leur avenir.

Nous exigeons que ces jeunes puissent terminer leur formation et nous voulons qu’elles/ils aient des perspectives. Nous exigeons donc qu’il n’y ait pas de renvoi possible si un-e jeune a entamé une formation. Et nous exigeons également que la situation des jeunes débouté-s ayant débuté une formation soit reconsidérée.

Nous estimons que la formation a un rôle-clé à jouer dans la résolution durable de la question migratoire.

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Voix des patron-ne-s :

Nos entreprises ont besoin d’apprenti-e-s motivé-e-s que nous peinons parfois à trouver. Nous avons fait l’expérience de jeunes apprenti-e-s migrant-e-s très sérieux/ses et engagé-e-s dans leur travail.

Nous nous retrouvons face à des interruptions d’apprentissage néfastes à nos entreprises. La réorganisation du travail devient alors difficile. Nous constatons une incohérence entre la volonté d’intégration à laquelle on nous demande de contribuer et les renvois d’apprenti-e-s ou de jeunes promis-e-s à un apprentissage.

Nous souhaitons être informé-e-s plus explicitement de la part des autorités  sur les implications et les risques que comporte l’engagement d’un-e jeune migrant-e. Nous attendons un soutien clair de l’État dans notre effort d’engager des apprenti-e-s.

Nous estimons qu’il est un devoir de former des jeunes. La formation est un bagage pour leur avenir et prévient la délinquance. Nous pensons qu’il est humainement normal de donner à des jeunes la possibilité de se former et d’exercer leurs compétences.

Nous demandons que, même débouté-e-s, des jeunes qui ont répondu aux exigences d’intégration de la Suisse puissent poursuivre leur apprentissage de même que s’il s’agissait d’une formation de type scolaire. Nous souhaitons obtenir des garanties sur le fait que le/la jeune pourra terminer sa formation.

Nous demandons que les autorités prennent en compte le fait que certain-e-s jeunes ont un contrat d’apprentissage ou une promesse d’apprentissage.

Nous insistons pour demander que les jeunes en formation ou avec promesse de formation ne soient pas renvoyé-e-s. La privation de formation, donc de perspectives d’avenir, risque de pousser certains jeunes dans l’errance, dans la rue.

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