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Notre regard

Grèce | Agir face à la pandémie et aux demandes d’asile suspendues

Alors que l’attention médiatique se focalise sur l’avancée du Coronavirus et des mesures de prévention, il est plus difficile de se rendre compte de ce qu’il se passe actuellement dans le reste du monde. Notamment en Grèce où une situation de tension extrême avait été amorcée en février 2020 alors que la Turquie ouvrait ses frontières vers la Grèce. Violences, humiliations, refoulements, nombreuses ont été les exactions perpétrées envers des exilés venus chercher refuge en Grèce. Le gouvernement a en réponse suspendu les demandes d’asile, faisant fi du droit international. Depuis, une ONG grecque a déposé un recours en justice contre cette décision. La Commissaire à l’immigration de l’UE s’est également exprimée pour demander à la Grèce de rétablir le droit d’asile. Aujourd’hui s’ajoute à cela la crainte de l’explosion d’une « bombe sanitaire » dans les camps de réfugiés des îles égéennes. Face à cette situation explosive, plusieurs actions et pétitions peuvent être soutenues virtuellement, à défaut de manifester massivement dans nos rues contre cette situation révoltante.

 

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Début mars 2020, en réaction à l’ouverture des frontières par le président turc Erdogan, le gouvernement grec a décidé unilatéralement de bloquer toute nouvelle demande d’asile en refoulant les personnes vers leur pays d’arrivée ou d’origine. Le 25 mars 2020, la Commissaire à l’immigration de l’Union européenne a demandé au gouvernement grec de revenir en arrière sur cette décision, en rappelant qu’elle était contraire au droit international. Même si des retards peuvent être engendrés, « c’est un droit fondamental de demander l’asile et d’avoir sa demande examinée selon les règles » a déclaré la Commissaire sur Euronews. De même, le Conseil grec des réfugiés (GCR), ONG de défense du droit d’asile, a annoncé le 24 mars 2020 avoir formulé un recours devant le Conseil d’État contre l’ordonnance de l’exécutif qui en suspend temporairement la procédure.

À cette situation de tension s’ajoute le fait que, comme partout dans le monde, la pandémie a elle aussi fait irruption sur les îles. S’il n’y a pas encore de cas avéré, les camps de réfugiés surpeuplés et aux conditions de salubrité désastreuses  pourraient constituer une « bombe sanitaire ». « Les mesures de précaution se heurtent à la réalité du terrain. » L’inquiétude est à son comble dans les camps » comme en témoigne un article publié sur le site Infomigrants. Plusieurs actions ont été entreprises pour venir en aide aux populations exilées confinées dans les hotspots.

Europe Must Act a mené pendant 10 jours une action sur les réseaux sociaux pour sensibiliser les citoyen.ne.s européen.ne.s sur la situation en Grèce. Il enverra une lettre ouverte aux autorités européennes, suisses et anglaises pour leur demander: d’aider la Grèce à reprendre les tâches d’accueil qui sont les siennes, de mettre sur pied un programme de relocalisation et de regroupement familial, et qu’elles contribuent à stopper la stratégie d’Erdogan.

Une pétition s’adresse actuellement aux autorités grecques pour leur demander d’évacuer les camps avant que l’épidémie n’y explose. Elle suggère notamment que les logements et hôtels touristiques vides soient utilisés pour reloger les personnes actuellement entassées dans les camps. « Le maintien de ce type de centres fermés et le confinement des personnes au sein de ceux-ci ne peuvent qu’augurer des conflits, des violences, des souffrances et des morts.  »

L’association Refugees4Refugees qui se trouve sur le terrain est en train d’aménager des lieux de confinement au sein des camps pour répondre aux premiers besoins sur place. Elle démarre un crowd funding pour soutenir son action: « Dans l’Olive Grove sur #Lesvos, nous transformons l’espace pour enfants Mandala en un abri médical d’urgence. Sur #Samos, notre équipe se concentre sur la préparation de l’entrepôt et la création de packs d’hygiène à distribuer aux familles dans le camp de #Vathi. »

Comme le soulevait à ce sujet dans le Courrier Anne-Catherine Ménetrey, ancienne conseillère nationale: « On prend davantage de précautions pour sauver l’humanité du corona. Et du virus, parlons-en: pour les enfermés, les refoulés, les déplacés, les sans toit et les sans droits, cette menace est particulièrement grave. » Ne les oublions pas!

Giada de Coulon
Vivre Ensemble | asile.ch

Infomigrants (25.03.2020)

Lesbos: dans le camp de Moria, « le coronavirus a entraîné le chaos, le stress est énorme »

Sur l’île grecque de Lesbos, les migrants du camp de Moria, le plus important d’Europe, expriment leur angoisse décuplée par « l’ère du corona ». Sur place, les équipes médicales tentent d’organiser le confinement de cette enceinte dans laquelle aucun cas de coronavirus n’a été recensé à ce jour.

La situation « s’aggrave quotidiennement » dans le camp de Moria, assurent ses résidents.  »On ne peut plus aller faire nos courses en ville comme on le faisait avant, nos enfants mangent de moins en moins », explique à l’AFP Ibrahim Mohament Hussein, un demandeur d’asile somalien vivant dans le camp depuis six mois. « On nous a dit de ne pas sortir de nos tentes et de ne pas nous rassembler en groupes, mais c’est impossible à Moria. »

Quelque 19 000 migrants s’entassent dans ce camp, six fois la capacité d’accueil de ces lieux. Sur place, la situation est une « bombe sanitaire », selon les termes du porte-parole du gouvernement grec, Stelios Petsas.

Alors que le virus a déjà contaminé 743 personnes en Grèce – dont trois habitants de l’île de Lesbos – et en a tué 20 dans tout le pays (à la date du mercredi 25 mars), le camp a fait l’objet de mesures drastiques pour empêcher le coronavirus de s’y propager, en décrétant notamment un confinement quatre jours avant le reste de la Grèce. Mais les mesures de précautions se heurtent à la réalité du terrain.

« Il n’y a aucune possibilité de distanciation sociale » et « l’équipement médical nécessaire n’est pas disponible », a alerté Juan Fernando Lopez Aguilar , résident de la Commission européenne parlementaire des libertés civiles, de la justice et des affaires intérieures (LIBE).

« Les médecins n’examinent que ceux qui toussent ou éternuent »

Parmi les migrants, l’angoisse monte. « On est dans l’ère du corona et le plus gros problème (ici) c’est la surpopulation des camps », observe sur Facebook Mohamed Omid, demandeur d’asile afghan.

Depuis le confinement, les organisations et la police se raréfient dans le camp. « Le problème de sécurité est pire actuellement car tout s’est arrêté et nous avons peur », assure Ibrahim Mohament Hussein.

Pour l’Afghan Sayed Nasid Haidari, « le virus a entraîné le chaos dans le camp, le stress est énorme, la peur entraînera beaucoup plus de problèmes que le virus ». « Il n’y a plus de police, les employés ne viennent plus (…) je comprends, ils suivent les restrictions (du gouvernement) mais le camp fonctionne au ralenti, les ordures débordent devant le camp » et le bus de Mytilène (principale ville de l’île) n’est pas venu comme à son habitude, raconte-t-il à l’AFP.

Lire la suite de l’article sur le site de Infomigrants