Chroniques Europe | du 23 septembre au 27 octobre
23 septembre
La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a annoncé une proposition de nouveau Pacte européen sur la migration et l’asile visant à remplacer le règlement de Dublin III. L’objectif serait « d’améliorer et d’accélérer les procédures d’asile, selon un principe de solidarité et de responsabilité partagées ». Pour la Cimade, le nouveau pacte ne tire pas « les leçons de l’échec et du coût humain intolérable des politiques menées depuis 30 ans et s’inscrit dans la continuité des logiques déjà largement éprouvées, fondées sur une approche répressive et sécuritaire au service de l’endiguement et des expulsions et au détriment d’une politique d’accueil qui s’attache à garantir et à protéger la dignité et les droits fondamentaux. »
29 septembre
Human Right Watch (HRW) dénonce les expulsions sommaires opérées par les autorités chypriotes envers les demandeurs d’asile en provenance du Liban. En se basant sur des témoignages récoltés et sur le décompte établi par l’ONG locale KISA, plus de 200 personnes ont été repoussées ou abandonnées par des garde-côtes. HRW demande que les autorités judiciaires chypriotes ouvrent« une enquête transparente, approfondie et impartiale sur ces allégations ».
30 septembre
Les autorités de la région de Krajina (Bosnie Herzégovine) ont ordonné l’évacuation du camp de Bira géré par l’OIM. Elles justifient cette décision par le manque de soutien de la part des autres régions bosniennes et par la pression de la population locale qui réclame le départ des exilé·e·s. À la suite de l’évacuation, certaines personnes ont été abandonnées dans les bois et près de 350 autres ont été transférées vers un autre camp – celui de Lipa – qui concentre déjà plus de 1000 exilé·e·s. L’approvisionnement en eau et en électricité y est insuffisant. Les exilé·e·s sont forcé·e·s de dormir dans la rue. Les autorités bosniennes prévoient d’évacuer un second camp, sans préciser où les personnes migrantes pourront se rendre.
23 octobre
Au Royaume-Uni, les conditions d’accueil et de vie des requérant.e.s sont dénoncées par l’Inspection royale britannique, un institut indépendant. Les personnes nouvellement arrivé·e·s par la Manche manquent de biens de première nécessité, d’accès aux douches et à l’air libre, subissent des détentions très longues, au sein de conteneurs maritimes sans fenêtres et se voient confisquer leurs téléphones portables. Le nombre de personnes traversant la Manche ne cesse d’augmenter. Fin octobre, le HCR France s’est dit « profondément choqué et attristé par le tragique naufrage d’une embarcation où quatre personnes ont perdu la vie- dont deux enfants de cinq et huit ans – entre la France et l’Angleterre ». Pour l’organisation onusienne, ces drames ne doivent plus « se passer dans l’indifférence ».
24 octobre
Des investigations menées par différents médias européens et japonais ont documenté – par des vidéos, images satellite, récits de témoins – plusieurs incidents de refoulement en mer de bateaux de demandeurs d’asile traversant la mer Égée entre la Turquie et la Grèce. L’enquête désigne expressément l’agence européenne de surveillance des frontières (FRONTEX) : « les responsables de Frontex sont conscients des pratiques illégales des gardes-frontière grecs – et sont en partie impliqués dans les refoulements eux-mêmes ». À noter que la Suisse est impliquée financièrement et opérationnellement dans Frontex.
27 octobre
La Cour européenne des Droits de l’Homme (CEDH) a estimé que la Belgique avait enfreint le droit international en sous-estimant, entre autres, les risques encourus par un requérant soudanais en cas de renvoi. La Cour a souligné que la situation générale des droits de l’homme au Soudan était problématique à l’époque des faits.
Ségolène Huber
Sources : Infomigrants, Der Spiegel, NLTimes , The Guardian, Migreurop, Cimade, CEDH, HRW, UNHCR.